La vision de la vie de Jacques est simplissime. Il y a les perdants et les gagnants. Il pense bien évidemment faire partie des gagnants (les « winners » comme il dit) avec Bill Gates ou Bernard Tapie. Les autres êtres humains faisant tous, à de rares exceptions près, partie des perdants. Il pense dur comme fer que « si à 50 ans tu n’as pas un peignoir et des mules, tu n’as pas réussi ta vie ». C’est d’ailleurs dans cette tenue qu’il débarque chez Monique, après des années d’absence, en peignoir et en mules… Voici I feel good.
Monique, c’est la sœur de Jacques. Elle dirige et vit dans une communauté Emmaüs. Un de ces endroits où la solidarité sert de ciment pour reconstruire les gens. Alors quand son frère débarque c’est bien plus que deux membres d’une même famille qui se retrouvent mais carrément deux philosophie de vie diamétralement opposées !
En tout cas, Jacques ne manque pas d’idées pour devenir rapidement (et sans fatigue) très riche. Là, il envisage de créer une entreprise de chirurgie low cost, pour rendre les pauvres, beaux… Bien sûr, Jacques est totalement frappadingue. Obsédé par l’argent, soliloquant de grandes formules sur le libéralisme… Tout ça sous le regard de sa frangine, qui ne parle que partage, et bien vite débordée par l’entrain capitaliste de son frère.
C’est bien évidemment l’amour d’une certaine anarchie qui prime dans ce film de Benoît Délépine et Gustave Kervern. Leurs héros quittent les voies de la raison en même temps que celles de la société de consommation tout en nous procurant des bouffées de tendresse devant tant d’absurdité poétique. La communauté Emmaüs dans laquelle le film a été tournée fournit, dans un inventaire à la Prévert. Un décor réaliste en même temps qu’onirique. Jusqu’au bout, c’est la rencontre des opposées qui crée l’originalité du film I feel good !
De Gustave Kervern et Benoît Delépine (2018)
Avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Jean-Benoît Ugeux, Joseph Dahan, Lou Castel, Jean-François Landon, Jana Bittnerova