Autopsie d’un couple qui n’a pas survécut au temps. Analyse froide du point de vue de ce qui leur reste en commun : le partage des biens.

Marie et Boris se sont aimés. 15 ans. Pendant 15 ans elle a fait bouillir la marmite et estime avoir tout payé, la maison notamment. Lui l’a restauré et a cumulé les jobs. Elle s’est lassée et lui a demandé de partir. Il ne le peut pas, pas assez d’argent.

C’est d’abord au travers d’un huis clos étouffant que nous prenons connaissance de leur histoire. Quasiment jamais la caméra ne change de pièce. Elle reste dans les parties communes de cette grande maison bourgeoise, symbole du bonheur passé, symbole d’un confort payé par Marie. Boris ne travaille pas, lui, à l’extérieur, il reste là à s’occuper des enfants… Deux adorables jumelles, gaies et lumineuses qui nous rappelle ce que certainement ce couple a été, à un moment. Un couple heureux.

Joachim Lafosse prend le parti de « poser là » sa caméra et nous offre de longs plans fixes qui laissent toute la place à la sensibilité des acteurs. Sans psychologie à deux balles, il se contente de filmer, sans juger, sans prendre partie, ses deux personnages qui ont choisi de se combattre. Pieds à pieds, sans se rendre, ne pas lâcher de terrain, ne pas retenir ses coups… Être malheureux et le faire payer à l’autre.

Parfois le réalisateur nous offre une petite pause, une trêve de joie autour des enfants, mais c’est pour mieux nous faire comprendre derrière que c’est vraiment mort, que seule reste la bataille.

Finalement, le couple trouvera une issue, une solution pour sortir de l’engrenage de cette guerre destructrice. Le spectateur, lui, restera longtemps marqué par la justesse du propos et par le magnifique jeu des acteurs.

De Joachim Lafosse (2016)
Avec Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Jade Soentjens et Margaux Soentjens, Marthe Keller, Pascal Rogard