Depuis onze ans, Audrey mène une existence paisible aux côtés de son mari Brian. Et leurs deux enfants, Dory et Harper, grandissent en s'épanouissant. Un jour, tout s'écroule : Brian meurt accidentellement. Sous le choc, Audrey prévient Jerry, le meilleur ami du défunt. Or, Jerry est un paumé. Héroïnomane, il s'est enlisé dans la drogue. Même si le mode de vie de Jerry exaspère profondément Audrey, cette dernière lui propose de s'installer dans une chambre attenante au garage. Jerry accepte. Peu à peu, il devient le confident d'Audrey et se prend d'affection pour Dory et Harper. Même Howard, le voisin d'Audrey, se lie d'amitié avec le nouveau venu. Jerry décide alors de passer un concours afin de prendre un nouveau départ dans la vie... - Critique : Passionnée par les fêlures familiales (Brothers en 2004, After the wedding en 2007), la réalisatrice danoise Susanne Bier signe son premier film hollywoodien. Ce passage d'un cinéma indépendant à une production avec stars et gros budget s'opère étonnamment bien, et sans happy end convenu : la cinéaste conserve toute son acuité dans la mise en scène des failles et contradictions qui gouvernent nos vies et nos sentiments au jour le jour. Lorsque son mari meurt brutalement, Audrey (Halle Berry, efficace en femme déterminée à avancer malgré tout) prend contact avec Jerry, ami junkie du défunt. D'abord distante, la relation qui se noue entre eux va peu à peu changer, chacun accompagnant l'autre dans son parcours de deuil et de guérison.
Dans un entrelacs de flash-back heureux et d'épreuves quotidiennes, Halle Berry et Benicio Del Toro font exister cette amitié improbable avec une grande simplicité et beaucoup d'émotion. Bienveillante et précise, Susanne Bier réussit à maintenir ses personnages (y compris ceux des deux enfants, très bien interprétés) sur un fil étroit, entre chagrin, colère, culpabilité et gaieté. La complexité des liens entre des êtres que tout oppose, le dénuement social (Jerry) ou psychique (Audrey) dans lequel chacun peut plonger à la faveur d'événements exceptionnels, le besoin d'aider quelqu'un pour se sauver soi-même : ces sujets intimes et universels se mêlent dans un récit dont l'authenticité ne faiblit pas deux heures durant. Ce n'est pas si fréquent.