Ciné+ Émotion : Programme TV de la chaîne Ciné+ Émotion

En ce moment sur Ciné+ Émotion :

07h03 Carnage

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h17 Tout public
Carnage

Deux enfants d'une dizaine d'années se bagarrent pour une broutille. Pour tenter d'apaiser la situation, leurs parents respectifs décident de se rencontrer. Autour d'une tasse de café, ils évoquent la cause de la dispute et la meilleure façon de l'apaiser. Contre toute attente, le ton monte peu à peu entre les quatre adultes. A l'instar de leurs rejetons, ils finissent par se prendre sérieusement en grippe. Le carnage, qu'ils ont tenté d'éviter entre leurs enfants, menace bientôt leur réunion policée, au cours de laquelle sont violemment remis en question le couple, la famille et la société tout entière... - Critique : Des huis clos, Roman Polanski en a filmé souvent. Dans des espaces rétrécis et cauchemardesques (Répulsion, Le Locataire, Rosemary's Baby). A ciel ouvert, parfois : le voilier du Couteau dans l'eau, le château de Cul-de-sac. Ou en mêlant les deux : la villa cernée par le vide dans son superbe The Ghost Writer, il y a peu. Dans Carnage, le théâtre de l'affrontement est un appartement soft, clean, new-yorkais, vaguement effrayant dans son ordre revendiqué, dans son faux bon goût et sa culture ostentatoire, soigneusement étalée, sous forme de catalogues d'art, sur la table basse du salon. Un peu tendus (elle, surtout), Penelope et Michael y accueillent Nancy et Alan (plus décontractés, surtout lui). Lors d'une bagarre, quelques jours auparavant, dans un square, le fils des visiteurs a cassé deux incisives à celui des visités. Excuses. Regrets. Café. Clafoutis aux pommes et aux poires... Les deux couples font bonne figures ; ils essaient, en tout cas, de faire semblant : on est entre gens civilisés, n'est-ce pas, et la barbarie ne passera pas... Seulement, chez Yasmina Reza (Polanski a adapté sa pièce Le Dieu du carnage), un mot en précède un autre, qui en entraîne un troisième, et les trois se transforment en bombes à retardement. Comme la frustration rôde et l'hystérie menace, le vernis se craquelle vite et les belles manières s'évanouissent : alors, Penelope (Jodie Foster) hurle, Nancy (Kate Winslet) vomit... Ce sont les femmes qui se déchaînent, s'exaspèrent, se révoltent. Les hommes, eux, jouent plutôt aux philosophes impuissants - notamment Alan (Christoph Waltz), absolument magnifique dans son rôle de fantoche intensément lié à son portable... De ce sujet apparemment sur mesure pour lui, Polanski fait, curieusement, un film pas assez méchant. Presque un reportage, en réalité, qui, par sa fluidité, donne l'impression troublante d'avoir été tourné en temps réel. Presque un épisode de télé­réalité, aussi, qui se voudrait magnifié par la mise en scène... Elle est rudement efficace, cette mise en scène, mais elle ne sauve pas tout. Peut-être parce que ces quatre grotesques ne valent pas l'intérêt que le cinéaste leur porte. Ils ne sont pas assez ambigus. Ni mystérieux... Les héros polanskiens que l'on aime, dont on se souvient, sont des perdants, des paumés entretenant, entre eux, des rapports de force dérisoires où ils finissent par se perdre : le sublime trio de Cul-de-sac, bien sûr, ou celui, presque aussi pathétique, de The Ghost Writer. La cruauté de Carnage reste, elle, superficielle.

53min

À suivre, dès 08h20 : Le virtuose (Rediffusion)

Ce soir sur Ciné+ Émotion :

20h50 La Môme

Rediffusion Film : biographie 2h14 Tout public

En 1918, la petite Edith, âgée de 3 ans, est confiée à sa grand-mère, tenancière d'une maison close en Normandie. Titine, une des pensionnaires, s'attache à la petite fille. Mais un jour, le père d'Edith, Louis, vient la rechercher. Edith le suit sur les routes, dans les roulottes des cirques où il est contorsionniste. A 20 ans, devenue une jeune fille, elle vit à Montmartre et fréquente les voyous. Avec sa fidèle amie, Mômone, elle chante dans les rues. Un soir, elle est repérée par le patron d'un cabaret, Louis Leplée. Il la fait monter sur scène et fait d'elle une vedette sous le nom de la "Môme Piaf". Mais Louis Leplée est assassiné... - Critique : Dans cette biographie enflammée, partiale mais précise, impossible de dissocier l’existence de la femme blessée de son œuvre. Sa voix contient toute sa vie. L’enfant grandit dans les rues de Belleville, est abandonnée par sa mère, récupérée par son père, qui la confie à sa propre mère, tenancière de bordel en Normandie. Le cinéaste sélectionne des moments-clés comme autant d’instantanés. Ascension, grandeur et déchéance, donc. Mais sans chronologie linéaire. Très tôt, la fin est montrée. Rien n’est caché de sa dégradation physique. Mais Piaf a le don de transformer sa laideur en beauté. L’exceptionnel, chez cette artiste, c’est sa foi inébranlable, en l’amour, en la chanson et… en sainte Thérèse. Tout près de la Piaf décadente (alcoolique, morphinomane), il y a la Piaf dévote. D’un extrême à l’autre, la même personne qui abhorre la tiédeur. Le bien et le mal, l’amour et le chagrin, le succès et l’excès… l’un exacerbe toujours l’autre. Marion Cotillard (Oscar et César de la meilleure actrice) s’offre sans compter, donnant l’illusion de risquer sa peau, au sens propre et au figuré.

« La Môme » sur Ciné+ Émotion

23h04 Dalida

Rediffusion Film : biographie 2h3 Tout public

Née au Caire en 1933, Yolanda Gigliotti est issue d'une famille italienne installée en Egypte. Elue Miss Egypte en 1954, elle tourne dans quelques films sous le nom de Dalila et s'exile en France. A Paris, son ascension est fulgurante. Elle troque à nouveau son prénom et devient Dalida et se produit pour la première fois à l'Olympia en 1956. En 1961, elle épouse Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe 1. Elle finit par le quitter et poursuit sa carrière triomphale, grâce notamment à son frère Orlando. Elle devient la reine du disco et connaît un succès mondial avec "Gigi l'amoroso", en 1974. Mais derrière le strass et les paillettes se cache une femme malheureuse, à la vie sentimentale chaotique... - Critique : La vision de la bande-annonce de ce biopic de la chanteuse aux deux mille chansons faisait très peur. La réplique « c'est mon poublic qui m'a faite » semblait assez ridicule. Et le premier quart d'heure du film semble confirmer ces inquiétudes : les débuts de ­Dalida, repé­rée par Bruno Coquatrix et Lucien Morisse, directeur des programmes d'Europe 1, sont platement reconstitués, gâchés, qui plus est, par un play-back très approximatif. On mise peu sur la belle Sveva Alviti, mannequin italien visiblement choisi pour sa ressemblance relative avec l'interprète d'Il venait d'avoir 18 ans. Et puis, surprise : même si elle obéit aux lois du genre (toute une vie hachée menu en deux heures), Lisa Azuelos nous happe, peu à peu, en assumant pleinement la tragédie, le mélo au féminin éclaboussé par les lumières de la rampe. Car on avait oublié combien l'existence de Iolanda Gigliotti fut un paradis public et un enfer sentimental, avec les suicides successifs de tous les hommes de sa vie. Seul Orlando (subtil Riccardo Scamarcio), son frère, son ombre, fut là, encore et toujours. Au gré des concerts, de mieux en mieux filmés — la crinière et le lamé dorés de Dalida irradient comme au bon vieux temps de Maritie et Gilbert Carpentier —, et alors que le sort s'acharne, la réalisatrice fait saillir la solitude et la malédiction d'une star planétaire. Difficile de situer l'instant exact du basculement, mais Sveva Alviti est devenue Dalida. Et ses lèvres collent maintenant si bien au play-back que son interprétation de Je suis malade est le plus beau moment du film.

« Dalida » sur Ciné+ Émotion

Programme Ciné+ Émotion de la journée d'aujourd'hui

Samedi 27 Juillet 2024

De 07h03 à 08h20 Carnage

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h17 Tout public

Deux enfants d'une dizaine d'années se bagarrent pour une broutille. Pour tenter d'apaiser la situation, leurs parents respectifs décident de se rencontrer. Autour d'une tasse de café, ils évoquent la cause de la dispute et la meilleure façon de l'apaiser. Contre toute attente, le ton monte peu à peu entre les quatre adultes. A l'instar de leurs rejetons, ils finissent par se prendre sérieusement en grippe. Le carnage, qu'ils ont tenté d'éviter entre leurs enfants, menace bientôt leur réunion policée, au cours de laquelle sont violemment remis en question le couple, la famille et la société tout entière... - Critique : Des huis clos, Roman Polanski en a filmé souvent. Dans des espaces rétrécis et cauchemardesques (Répulsion, Le Locataire, Rosemary's Baby). A ciel ouvert, parfois : le voilier du Couteau dans l'eau, le château de Cul-de-sac. Ou en mêlant les deux : la villa cernée par le vide dans son superbe The Ghost Writer, il y a peu. Dans Carnage, le théâtre de l'affrontement est un appartement soft, clean, new-yorkais, vaguement effrayant dans son ordre revendiqué, dans son faux bon goût et sa culture ostentatoire, soigneusement étalée, sous forme de catalogues d'art, sur la table basse du salon. Un peu tendus (elle, surtout), Penelope et Michael y accueillent Nancy et Alan (plus décontractés, surtout lui). Lors d'une bagarre, quelques jours auparavant, dans un square, le fils des visiteurs a cassé deux incisives à celui des visités. Excuses. Regrets. Café. Clafoutis aux pommes et aux poires... Les deux couples font bonne figures ; ils essaient, en tout cas, de faire semblant : on est entre gens civilisés, n'est-ce pas, et la barbarie ne passera pas... Seulement, chez Yasmina Reza (Polanski a adapté sa pièce Le Dieu du carnage), un mot en précède un autre, qui en entraîne un troisième, et les trois se transforment en bombes à retardement. Comme la frustration rôde et l'hystérie menace, le vernis se craquelle vite et les belles manières s'évanouissent : alors, Penelope (Jodie Foster) hurle, Nancy (Kate Winslet) vomit... Ce sont les femmes qui se déchaînent, s'exaspèrent, se révoltent. Les hommes, eux, jouent plutôt aux philosophes impuissants - notamment Alan (Christoph Waltz), absolument magnifique dans son rôle de fantoche intensément lié à son portable... De ce sujet apparemment sur mesure pour lui, Polanski fait, curieusement, un film pas assez méchant. Presque un reportage, en réalité, qui, par sa fluidité, donne l'impression troublante d'avoir été tourné en temps réel. Presque un épisode de télé­réalité, aussi, qui se voudrait magnifié par la mise en scène... Elle est rudement efficace, cette mise en scène, mais elle ne sauve pas tout. Peut-être parce que ces quatre grotesques ne valent pas l'intérêt que le cinéaste leur porte. Ils ne sont pas assez ambigus. Ni mystérieux... Les héros polanskiens que l'on aime, dont on se souvient, sont des perdants, des paumés entretenant, entre eux, des rapports de force dérisoires où ils finissent par se perdre : le sublime trio de Cul-de-sac, bien sûr, ou celui, presque aussi pathétique, de The Ghost Writer. La cruauté de Carnage reste, elle, superficielle.

Sur Cine Plus Emotion dès 07h03 : Carnage

De 08h20 à 10h00 Le virtuose

Rediffusion Film : drame 1h40 Tout public

Nerveux et indiscipliné, Stet est un garçon de 11 ans issu d'un milieu familial difficile en raison de sa mère alcoolique qu'il est obligé de gérer seul. Renfrogné, solitaire et sans aucune ambition, il se tient à l'écart des autres enfants de son âge. Pourtant, Stet est doué pour le chant et possède une voix exceptionnelle qui attire l'attention de sa directrice d'école. Celle-ci l'invite à intégrer la prestigieuse American Boychoir School où le garçon fait la rencontre d'un chef de choeur qui pourra l'aider à manifester son talent. Mais cette école demande beaucoup de rigueur et de discipline...

Sur Cine Plus Emotion dès 08h20 : Le virtuose

De 10h00 à 12h08 Rain Man

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h8 Tout public

Charlie Babbitt, jeune affairiste pressé, n'est guère peiné par la mort de son père, avec lequel il était brouillé. En revanche, le testament du défunt le met dans tous ses états. La quasi-totalité des biens familiaux est léguée à l'institut psychiatrique où est soigné Raymond, son frère aîné, dont il ignorait jusqu'à l'existence. Charlie se rend sur les lieux, décidé à retourner la situation en sa faveur en mettant Raymond dans sa poche. Ce frère autiste, en proie à des idées fixes, doté d'une mémoire prodigieuse et dénué de toute méchanceté, le laisse d'abord perplexe. La circonspection de Charlie se mue bientôt en curiosité attendrie, puis en profonde sympathie... - Critique : Raymond, alias « Rain man », héros lunaire, fit fondre le monde entier : triomphe commercial et moisson d’Oscars, dont celui du meilleur acteur pour Dustin Hoffman. Son rôle d’autiste, tout en tics touchants et en opacité candide, semble d’ailleurs avoir été conçu précisément dans ce but : Rain Man est un écrin de luxe pour sa performance. L’histoire des retrouvailles de Charlie Babbitt (Tom Cruise et ses lunettes noires, dans l’un de ses emplois habituels de l’époque, yuppie viril, ambitieux et survolté) avec son frangin hors norme, au gré d’un road-movie cinégénique dans la cambrousse américaine, n’a pas très bien vieilli. Malgré tout le charme et le talent de Dustin Hoffman — qui frise le cabotinage, sans jamais y céder —, le sujet de l’autisme n’est qu’un prétexte pour fabriquer de l’émotion et du spectacle. On n’ose imaginer la polémique (vaine ou non) que cette approche opportuniste susciterait désormais aux États-Unis, en plein débat sur la légitimité des comédiens à représenter des minorités auxquelles ils n’appartiennent pas. D’autant que le personnage, sans cesse brusqué, trimballé, malmené par son jeune loup de frère, lui apporte bon gré mal gré une rédemption affective et morale assez peu crédible. Un peu comme une mascotte attendrissante, que Barry Levinson se contente de mettre en valeur. Avec le recul, on se dit que le thème, autant que l’interprète, méritait sans doute mieux…

Sur Cine Plus Emotion dès 10h00 : Rain Man

De 12h08 à 12h13 En salle : Le Larbin

Rediffusion Magazine du cinéma 5mn Tout public

Kad Merad et Clovis Cornillac sont à l'affiche de la comédie le "Larbin" dans laquelle un jeune fêtard paresseux croit avoir été propulsé trois siècle plus tôt.

Sur Cine Plus Emotion dès 12h08 : En salle

De 12h13 à 13h50 Nous York

Rediffusion Film : comédie 1h37 Tout public

Michaël, Nabil et Sylvain, trois trentenaires copains depuis toujours, quittent Nanterre pour débarquer par surprise à New York et fêter l'anniversaire de Samia, leur amie d'enfance. Samia, elle, a quitté sa cité natale deux ans plus tôt avec sa meilleure amie Gabrielle, pour tenter sa chance aux Etats-Unis et vivre le rêve américain. Elle est maintenant l'assistante d'une célèbre actrice, avec qui elle partage un superbe appartement, tandis que Gabrielle a trouvé un job dans une maison de retraite. Les copains de toujours se retrouvent pour un séjour mouvementé au coeur de New York, et tout ne se passe pas franchement comme prévu... - Critique : | Genre : York sans nous. A part le titre, plutôt ­rigolo, le générique graphique et un gag — celui de la star hystéro et tyrannique qui avale sa clé d'appartement —, macache, fini le rire. Tout ce qui brille, made in Puteaux, charmait par sa tcha­tche, son observation des différences sociales et de ce qu'elles suscitent comme honte ou fierté. Délocalisée à New York, la petite entreprise de Géraldine Nakache et d'Hervé Mimran perd tout son crédit. Une bande d'amis part là-bas pour rendre visite à deux copines installées depuis deux ans. Passé leur frénésie de voir en vrai tout ce qu'il y a dans les séries, l'heure des bilans (sur l'amitié, l'amour, l'exil...) arrive. La comédie tourne alors à la chronique molle, gavée de sentimentalisme, sur les atermoiements de gens à l'âge mal défini. Des trentenaires, dites-vous ? A leur façon de chahuter et de se chamailler, on pourrait croire à des collégiens de quatrième. « Surfons sur le succès de Tout ce qui brille, écrivons vite, vite, avant que la vague ne retombe » : c'est la drôle de petite voix sourde qu'on entend tout du long. — Jacques Morice

Sur Cine Plus Emotion dès 12h13 : Nous York

De 13h50 à 15h36 Les cyclades

Rediffusion Film : comédie 1h46 Tout public

Inséparables durant toute leur adolescence, Magalie et Blandine ont finalement emprunté des chemins différents avant de totalement se perdre de vue. Un jour, les deux jeunes femmes vont pourtant se croiser par le plus grand des hasards et, ravies de se remémorer les bons souvenirs, vont décider de s'offrir un voyage en Grèce, espérant ainsi raviver la complicité qui les unissait durant leur jeunesse. Pourtant, le séjour, à peine débuté, semble prendre une mauvaise tournure. En effet, les deux amies d'autrefois ne tardent pas à comprendre que les nombreux atomes crochus qu'elles partageaient se sont dissipés avec le temps... - Critique : Si les voyages forment la jeunesse, que font-ils aux adultes à l’heure des premiers bilans ? Quand Blandine et Magalie se retrouvent à l’aéroport, elles ne savent guère à quoi s’attendre. Et la part d’inconnu tient moins à leur destination qu’à leur relation. Adolescentes, il y a longtemps, elle s’adoraient et rêvaient de se rendre ensemble à Amorgos, l’île grecque mise en lumière par le film Le Grand Bleu, de Luc Besson, dont elles étaient folles… Puis elles se sont perdues de vue, banalement, et les décennies ont défilé. Leurs retrouvailles tardives ne tiennent qu’à une ruse du fils de Blandine : inquiet de voir sa mère en dépression, il a retrouvé sa meilleure amie d’antan, et organisé comme une thérapie leur escapade vers les Cyclades. La comédie de caractère, genre antédiluvien, reprend des couleurs avec ce duo mal accordé, drôlement dissonant. Plus encore que les aléas cocasses du voyage, la personnalité des deux femmes structure le récit. Magalie est exubérante, spectaculaire, intarissable, inépuisable. Blandine est prudente, rigide, sombre, lasse. L’écriture précise et fine de Marc Fitoussi révèle selon un rythme imprévisible les complexités cachées derrière de telles apparences. Blandine, qui travaille dans le secteur médical, a été brisée par le départ de son époux et le remariage de ce dernier avec une jeune femme. Magalie est déterminée à profiter pleinement de la vie à chaque instant, avec ou sans emploi (elle se veut critique musicale, experte en disco), avec ou sans partenaire régulier. L’auteur-réalisateur avait déjà raconté des histoires dominées par une héroïne captivante, jouée par Isabelle Huppert (Copacabana, La Ritournelle) ou Sandrine Kiberlain (Pauline détective). Il a ensuite illustré la même adresse en réalisant des épisodes de la populaire série Dix pour cent. Aujourd’hui, le tandem l’inspire, qui prête aux reparties cinglantes. Et il est savoureux de retrouver, face à face, les deux actrices enthousiasmantes d’Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, distribuées tout autrement. Laure Calamy (Magalie) et Olivia Côte (Blandine) étaient antagonistes dans ce film-là, la première douloureusement accro à un homme indisponible, la seconde mariée au même. Cette fois-ci, les souvenirs de jeunesse tissent entre elles un lien résistant, et la blessure amoureuse est passée de l’une à l’autre. Avec l’apparition d’une trosième femme, plus âgée (Kristin Scott Thomas, déchaînée en hippie chic établie sur l’île de Mykonos), la fantaisie grinçante prend des nuances plus sombres. L’horizon de la maladie et de l’affaiblissement du corps apporte un contrepoint à l’abstinence prolongée de Blandine et à la frénésie sexuelle de Magalie. Cette figure d’aînée parvient ainsi à s’intégrer à un film qui manque, par ailleurs, d’une forme aussi gracieuse que La Ritournelle ou Pauline détective : comme souvent avec les lieux très touristiques, la photogénie des îles grecques n’est pas en soi une garantie de style. Mais Marc Fitoussi réussit à tenir le cap de la profondeur psychologique. La vitalité de Magalie laisse peu à peu entrevoir une spirale de l’échec, une impossibilité à construire, tandis que Blandine, même éteinte, redécouvre en elle des ressources d’affection… De  quoi préparer un épilogue digne des plus charmantes comédies humanistes, où l’allégresse côtoie une émotion inattendue.

Sur Cine Plus Emotion dès 13h50 : Les cyclades

De 15h36 à 17h17 Mon crime

Rediffusion Film : comédie 1h41 -10

Madeleine Verdier tente de réussir dans le monde du cinéma français des années 1930. Malheureusement pour la jeune femme, son talent d'actrice n'est pas reconnu par les professionnels du milieu, ce qui la laisse dans une situation financière compliquée. Le jour où un célèbre producteur est retrouvé assassiné, les soupçons se portent sur l'actrice. Elle décide d'avouer ce crime, mais grâce au travail de sa meilleure amie, Pauline, avocate de profession, elle obtient son acquittement. S'ouvre alors un tout nouvel horizon pour Madeleine, qui voit là une chance de réaliser ses rêves.

Sur Cine Plus Emotion dès 15h36 : Mon crime

De 17h17 à 19h24 Emily

Rediffusion Film : biographie 2h7 Tout public

Au milieu du XIXe siècle, en Angleterre. Dès son adolescence, Emily Brontë fait preuve d'un talent certain pour l'écriture, elle qui rédige à cette époque des poèmes de belle facture. Son imagination sans égale l'amène sur la voie d'un succès tout tracé, et la jeune femme ne tarde pas à justifier les espoirs placés en elle, livrant un véritable chef-d'oeuvre, "Les Hauts de Hurlevent", qui impressionne le milieu de l'art autant qu'il le choque. A l'aube de ses 30 ans, et de santé fragile, Emily répond aux interrogations d'Anne, sa soeur cadette qui souhaite connaître les sources de son inspiration. Emily avoue que sa rencontre avec un vicaire fut un tournant de sa vie... - Critique : Débarrassée de son célèbre patronyme, Emily Brontë (1818-1848) est à la fois mise à nu et réinventée dans ce film qui mêle la réalité biographique à des motifs tirés des Hauts de Hurlevent, l’œuvre phare et quasi unique de la romancière du Yorkshire. Frances O’Connor, qui passe pour la première fois derrière la caméra, était auparavant actrice et filme l’interprète d’Emily, l’étonnante Emma Mackey, comme si elle se projetait elle-même dans cette jeune fille en feu, romantique, fantasque. Cet élan mimétique bouscule le cinéma en costumes et y apporte une sensibilité farouchement sincère, très actuelle. Dans la famille Brontë, Emily apparaît comme la plus audacieuse, la plus visionnaire en même temps que la plus lucide. Si proche de Branwell, son frère, qui veut se donner corps et âme à son rêve de devenir romancier, elle s’en distingue par son exigence terrible. La réalisatrice lui prête une passion physique avec le vicaire William Weightman, qui exista vraiment mais ne fut pas assurément son amant. Elle montre Charlotte osant se lancer dans l’écriture de Jane Eyre grâce aux Hauts de Hurlevent. Le message est clair : Emily fut la sève des sœurs Brontë et, au-delà, une inspiratrice pour tant de romancières. Figure de proue de la création féminine, elle est aussi l’incarnation d’une éternelle jeunesse. Qui veut tout vivre, hurler sa liberté, défier l’ordre et les habitudes, aimer et créer. Une exaltation irrésistiblement donnée à partager.

Sur Cine Plus Emotion dès 17h17 : Emily

De 19h24 à 20h50 Christophe... définitivement

Rediffusion Film documentaire 1h26 Tout public

Après quasiment trois décennies d'absence, Christophe, chanteur révélé dans les années 1960 en pleine période "yéyé", revient sur scène en mars 2002, pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans. Ce documentaire dévoile les coulisses de ce concert émouvant donné à l'Olympia, mais suit également l'artiste dans l'intimité de son appartement, là où Christophe, emporté par la maladie au mois d'avril 2020 à l'âge de 74 ans, aimait se retrouver au milieu de ses innombrables trésors accumulés au fil du temps. Dans ce décor original, l'interprète d'"Aline" et des "Mots bleus" profitait d'une atmosphère propice à l'écriture de ses chansons. - Critique : Christophe s’en est allé secrètement, au début de la pandémie, à 74 ans. Tout aussi discrètement apparaissait alors sur la plateforme de la Cinémathèque Personne n’est à la place de personne, récit filmique par Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia de leur collaboration à six mains pour les concerts du musicien à l’Olympia, en 2002. Les deux artistes plasticiens persistent et livrent un nouvel hommage au dandy de la chanson avec ce documentaire sur les tribulations scéniques, et en coulisses, du Christophe d’il y a vingt ans. À travers leur regard épris, on distingue deux Christophe : l’icône auréolée par la lumière des projecteurs sur scène, et Daniel Bevilacqua (nom de naissance), l’homme qui bidouille et bavarde. Le montage alterne entre le premier, rock star exigeante, et le second, poète anxieux tout en interrogations et divagations. On l’observe au travail, backstage, ou dans son appartement-studio. Entouré de ses bibelots et grigris, il a ses obsessions, ses manies. Son tic, « Tu vois ce que je veux dire ? », ponctue des anecdotes comme une ritournelle. Il exige que son prompteur affiche des mots violets — pas bleus ni blancs : le technicien s’exécute. Christophe n’apprenait pas ses textes. Les plasticiens devenus réalisateurs orchestrent une synthèse progressive. Les bribes deviennent des morceaux concrets, moments de bravoure musicaux sur scène. On accède alors au concert complet, dans toute sa cinégénie. Christophe et le cinéma, c’est une évidence, comme quand, dans un geste éthéré, il mettait du Charles Péguy en musique pour Jeanne, de Bruno Dumont. « 2001, Zéro de conduite, Crash, Les Valseuses… » : il énumère volontiers les films de son cœur. Spectateur et animal de cinéma, « le plus embrasé que la Terre ait porté », comme il le chantait dans son ultime album sur le morceau Définitivement.

Sur Cine Plus Emotion dès 19h24 : Christophe... définitivement

De 20h50 à 23h04 La Môme

Rediffusion Film : biographie 2h14 Tout public

En 1918, la petite Edith, âgée de 3 ans, est confiée à sa grand-mère, tenancière d'une maison close en Normandie. Titine, une des pensionnaires, s'attache à la petite fille. Mais un jour, le père d'Edith, Louis, vient la rechercher. Edith le suit sur les routes, dans les roulottes des cirques où il est contorsionniste. A 20 ans, devenue une jeune fille, elle vit à Montmartre et fréquente les voyous. Avec sa fidèle amie, Mômone, elle chante dans les rues. Un soir, elle est repérée par le patron d'un cabaret, Louis Leplée. Il la fait monter sur scène et fait d'elle une vedette sous le nom de la "Môme Piaf". Mais Louis Leplée est assassiné... - Critique : Dans cette biographie enflammée, partiale mais précise, impossible de dissocier l’existence de la femme blessée de son œuvre. Sa voix contient toute sa vie. L’enfant grandit dans les rues de Belleville, est abandonnée par sa mère, récupérée par son père, qui la confie à sa propre mère, tenancière de bordel en Normandie. Le cinéaste sélectionne des moments-clés comme autant d’instantanés. Ascension, grandeur et déchéance, donc. Mais sans chronologie linéaire. Très tôt, la fin est montrée. Rien n’est caché de sa dégradation physique. Mais Piaf a le don de transformer sa laideur en beauté. L’exceptionnel, chez cette artiste, c’est sa foi inébranlable, en l’amour, en la chanson et… en sainte Thérèse. Tout près de la Piaf décadente (alcoolique, morphinomane), il y a la Piaf dévote. D’un extrême à l’autre, la même personne qui abhorre la tiédeur. Le bien et le mal, l’amour et le chagrin, le succès et l’excès… l’un exacerbe toujours l’autre. Marion Cotillard (Oscar et César de la meilleure actrice) s’offre sans compter, donnant l’illusion de risquer sa peau, au sens propre et au figuré.

Sur Cine Plus Emotion dès 20h50 : La Môme

De 23h04 à 01h07 Dalida

Rediffusion Film : biographie 2h3 Tout public

Née au Caire en 1933, Yolanda Gigliotti est issue d'une famille italienne installée en Egypte. Elue Miss Egypte en 1954, elle tourne dans quelques films sous le nom de Dalila et s'exile en France. A Paris, son ascension est fulgurante. Elle troque à nouveau son prénom et devient Dalida et se produit pour la première fois à l'Olympia en 1956. En 1961, elle épouse Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe 1. Elle finit par le quitter et poursuit sa carrière triomphale, grâce notamment à son frère Orlando. Elle devient la reine du disco et connaît un succès mondial avec "Gigi l'amoroso", en 1974. Mais derrière le strass et les paillettes se cache une femme malheureuse, à la vie sentimentale chaotique... - Critique : La vision de la bande-annonce de ce biopic de la chanteuse aux deux mille chansons faisait très peur. La réplique « c'est mon poublic qui m'a faite » semblait assez ridicule. Et le premier quart d'heure du film semble confirmer ces inquiétudes : les débuts de ­Dalida, repé­rée par Bruno Coquatrix et Lucien Morisse, directeur des programmes d'Europe 1, sont platement reconstitués, gâchés, qui plus est, par un play-back très approximatif. On mise peu sur la belle Sveva Alviti, mannequin italien visiblement choisi pour sa ressemblance relative avec l'interprète d'Il venait d'avoir 18 ans. Et puis, surprise : même si elle obéit aux lois du genre (toute une vie hachée menu en deux heures), Lisa Azuelos nous happe, peu à peu, en assumant pleinement la tragédie, le mélo au féminin éclaboussé par les lumières de la rampe. Car on avait oublié combien l'existence de Iolanda Gigliotti fut un paradis public et un enfer sentimental, avec les suicides successifs de tous les hommes de sa vie. Seul Orlando (subtil Riccardo Scamarcio), son frère, son ombre, fut là, encore et toujours. Au gré des concerts, de mieux en mieux filmés — la crinière et le lamé dorés de Dalida irradient comme au bon vieux temps de Maritie et Gilbert Carpentier —, et alors que le sort s'acharne, la réalisatrice fait saillir la solitude et la malédiction d'une star planétaire. Difficile de situer l'instant exact du basculement, mais Sveva Alviti est devenue Dalida. Et ses lèvres collent maintenant si bien au play-back que son interprétation de Je suis malade est le plus beau moment du film.

Sur Cine Plus Emotion dès 23h04 : Dalida