Ciné+ Club : Programme TV de la chaîne Ciné+ Club

En ce moment sur Ciné+ Club :

01h37 Avant l'effondrement

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h37 Tout public
Avant l'effondrement

Paris, en pleine canicule. Tristan est le directeur de campagne de Naïma Bouhoune, une candidate aux élections législatives. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Il se lance dans une enquête pour découvrir l'identité de la femme à l'origine de ce courrier. Atteint d'une maladie incurable, Tristan tente de comprendre les raisons qui ont amené cette inconnue à lui envoyer ce test. Il se demande notamment si ce geste n'a pas un lien avec la campagne politique, ou si c'est une vengeance. Il part alors dans un périple pour démêler le vrai du faux dans cette histoire… - Critique : Sous la canicule parisienne, Tristan, directeur de campagne d’une candidate écologiste aux législatives, reçoit une enveloppe anonyme contenant un test de grossesse positif. Peut-être atteint d’une maladie génétique incurable, non diagnostiquée, il entame une quête obsessionnelle pour retrouver l’expéditrice… L’effondrement évoqué par le titre renvoie autant à une remise en question personnelle qu’au désastre menaçant une société en surchauffe. Dans ce premier long métrage de Benoît Volnais et Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre), l’intime et le politique se mêlent plus ou moins habilement. Le film séduit par sa façon de faire cohabiter désillusions et utopies, par la fraîcheur de certaines séquences proches du marivaudage. Mais, avec sa théâtralité appliquée, ses discours en voix off, ce parcours au bord du gouffre s’éparpille. Et l’on finit par ne plus savoir où il va.

22min

À suivre, dès 03h14 : Les Cinq Diables (Rediffusion)

En ce moment sur Ciné+ Club :

01h37 Avant l'effondrement

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h37 Tout public
Avant l'effondrement

Paris, en pleine canicule. Tristan est le directeur de campagne de Naïma Bouhoune, une candidate aux élections législatives. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Il se lance dans une enquête pour découvrir l'identité de la femme à l'origine de ce courrier. Atteint d'une maladie incurable, Tristan tente de comprendre les raisons qui ont amené cette inconnue à lui envoyer ce test. Il se demande notamment si ce geste n'a pas un lien avec la campagne politique, ou si c'est une vengeance. Il part alors dans un périple pour démêler le vrai du faux dans cette histoire… - Critique : Sous la canicule parisienne, Tristan, directeur de campagne d’une candidate écologiste aux législatives, reçoit une enveloppe anonyme contenant un test de grossesse positif. Peut-être atteint d’une maladie génétique incurable, non diagnostiquée, il entame une quête obsessionnelle pour retrouver l’expéditrice… L’effondrement évoqué par le titre renvoie autant à une remise en question personnelle qu’au désastre menaçant une société en surchauffe. Dans ce premier long métrage de Benoît Volnais et Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre), l’intime et le politique se mêlent plus ou moins habilement. Le film séduit par sa façon de faire cohabiter désillusions et utopies, par la fraîcheur de certaines séquences proches du marivaudage. Mais, avec sa théâtralité appliquée, ses discours en voix off, ce parcours au bord du gouffre s’éparpille. Et l’on finit par ne plus savoir où il va.

22min

À suivre, dès 03h14 : Les Cinq Diables (Rediffusion)

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Rediffusion Film : comédie dramatique 1h37 Tout public
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Paris, en pleine canicule. Tristan est le directeur de campagne de Naïma Bouhoune, une candidate aux élections législatives. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Il se lance dans une enquête pour découvrir l'identité de la femme à l'origine de ce courrier. Atteint d'une maladie incurable, Tristan tente de comprendre les raisons qui ont amené cette inconnue à lui envoyer ce test. Il se demande notamment si ce geste n'a pas un lien avec la campagne politique, ou si c'est une vengeance. Il part alors dans un périple pour démêler le vrai du faux dans cette histoire… - Critique : Sous la canicule parisienne, Tristan, directeur de campagne d’une candidate écologiste aux législatives, reçoit une enveloppe anonyme contenant un test de grossesse positif. Peut-être atteint d’une maladie génétique incurable, non diagnostiquée, il entame une quête obsessionnelle pour retrouver l’expéditrice… L’effondrement évoqué par le titre renvoie autant à une remise en question personnelle qu’au désastre menaçant une société en surchauffe. Dans ce premier long métrage de Benoît Volnais et Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre), l’intime et le politique se mêlent plus ou moins habilement. Le film séduit par sa façon de faire cohabiter désillusions et utopies, par la fraîcheur de certaines séquences proches du marivaudage. Mais, avec sa théâtralité appliquée, ses discours en voix off, ce parcours au bord du gouffre s’éparpille. Et l’on finit par ne plus savoir où il va.

22min

À suivre, dès 03h14 : Les Cinq Diables (Rediffusion)

Ce soir sur Ciné+ Club :

20h50 How to Have Sex

Film : drame 1h29 -10

Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

« How to Have Sex » sur Ciné+ Club

22h19 Rien sur Robert

Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout public

Didier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle ­ pas proprement révolutionnaire ­ qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

« Rien sur Robert » sur Ciné+ Club

Ce soir sur Ciné+ Club :

20h50 How to Have Sex

Film : drame 1h29 -10

Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

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22h19 Rien sur Robert

Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout public

Didier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle ­ pas proprement révolutionnaire ­ qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

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20h50 How to Have Sex

Film : drame 1h29 -10

Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

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22h19 Rien sur Robert

Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout public

Didier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle ­ pas proprement révolutionnaire ­ qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

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Programme Ciné+ Club de la journée d'aujourd'hui

Mercredi 19 Février 2025

De 06h23 à 06h48 Qu'importe si les bêtes meurent

Rediffusion Film : court métrage 25mn Tout public

Abdellah, un jeune berger vivant dans les montagnes, est contraint de braver la neige qui le bloque afin de trouver de la nourriture et de sauver son bétail. Une fois arrivé au village, il est confronté à un phénomène surnaturel... - Critique : Abdellah, berger et fils de berger, va suivre le chemin tracé par son père : élever des chèvres et des moutons dans les montagnes de l’Atlas ; aller à dos d’âne, alors qu’il rêve d’une mobylette ; prendre épouse au « marché du mariage », et tant pis pour l’amour ; aligner ainsi des journées rythmées par le soleil, le labeur et la prière. « C’est comme ça », résume le paternel, et Abdellah ne discute même pas. Sauf que le ciel s’en mêle… Oubliez les décors habituels, c’est-à-dire occidentaux, à de rares exceptions près (Stargate, la porte des étoiles ; District 9…), de la science-fiction ! Sofia Alaoui, scénariste et réalisatrice de Qu’importe si les bêtes meurent, a eu l’heureuse idée de planter son histoire au Maroc. On croit d’abord partir sur le sentier archi-balisé de la chronique socio-familiale, puis le court métrage bifurque vers une question vertigineuse : à quoi se raccrocher quand ce que l’on tenait pour certain – sa place dans l’Univers, sous la protection de Dieu – se voit soudain remis en question ?

Sur Cine Plus Club dès 06h23 : Qu'importe si les bêtes meurent

De 06h48 à 08h31 En décalage

Film fantastique 1h43 -10

Alors qu'elle a dédié sa vie au métier d'ingénieur du son, la talentueuse C. est absorbée par son travail. Malheureusement, elle découvre un jour qu'elle commence à se désynchroniser. Il existe maintenant un décalage dans son cerveau entre le moment où elle perçoit le son et celui où il s'est produit. La conséquence immédiate est qu'elle ne peut plus effectuer son travail. - Critique : Du jour au lendemain, l’héroïne, ingénieure du son pour le cinéma, entend avec un retard de quelques secondes. Pas pratique pour caler les bruitages sur les images. Médecins, examens... Le diagnostic tombe : dyssynchronie sonore. Cette idée intéressante reste, hélas, sous exploitée par un scénario refusant le romanesque et ne faisant qu’effleurer le surnaturel. Car l’ingé son, de plus en plus « décalée », a bientôt la capacité d’entendre des propos bien après qu’ils ont été tenus... Hormis une ou deux jolies illustrations du potentiel érotique et voyeuriste de cette désynchronisation dans la bande-son, le film se dilue dans une très banale quête d’identité d’une héroïne dépressive et condamnée à subir son handicap.

Sur Cine Plus Club dès 06h48 : En décalage

De 08h31 à 10h15 Les Filles d'Olfa

Rediffusion Film documentaire 1h44 -10

Olfa, une mère de famille, a perdu une partie d'elle-même le jour où deux de ses filles ont disparu. Malgré le chagrin, elle tente de donner tout son amour à ses deux autres filles. La réalisatrice Kaouther Ben Hania a eu l'idée d'engager des actrices afin de mettre en lumière la vie d'Olfa. La douleur de voir ses deux filles se joindre aux combats de l'Etat islamique en Libye a marqué les esprits de la société tunisienne. Afin de raconter cette histoire en profondeur, Ben Hania offre la possibilité à Olfa de diriger une actrice jouant son propre rôle pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette famille traditionnelle... - Critique : Tout commence devant un miroir. Pendant qu’elle se fait maquiller, une actrice célèbre – superbe Hend Sabri – exprime son angoisse. Jamais elle n’avait ressenti autant de stress pour un rôle, alors qu’elle s’apprête à rencontrer celle qu’elle est censée incarner : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, les jeunes Eya et Tayssir, mais aussi de deux absentes, et pour cause, Rahma et Ghofrane, parties rejoindre Daech… Tout cela, et bien d’autres secrets et douleurs, on ne l’apprendra que petit à petit dans ce documentaire aux atours de fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. En fait, la cinéaste Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Secouée, comme tant d’autres Tunisiens, en 2016, par les interviews télévisées d’Olfa, après le départ de ses deux aînées pour le djihad en Libye, la réalisatrice a deviné qu’elle ne pourrait amener Olfa, Tayssir et Eya à se confier qu’en les immergeant dans ce drôle de laboratoire de recréation qu’est la préparation d’un film. Et d’emblée, Olfa joue le jeu à un point affolant, riant comme une gamine des horreurs qu’elle vécut en tant que jeune mariée et de la violence qu’elle déploya pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparentait à un viol. Eya et Tayssir, elle, jouent leur propre rôle face à deux actrices professionnelles (Nour Karoui et Ichraq Matar) qui interprètent leurs sœurs disparues, et cette sororité réinventée provoque d’incroyables aveux sur leur enfance : la sauvagerie de leur mère, trop protectrice, prête à les rouer de coups dès que les adolescentes faisaient montre d’un début de féminité, d’un souffle de liberté. Et c’est ainsi, entre amour mal exprimé, gorgé de mots orduriers, et haine répétée du corps que la religion s’installa, que la charia gangrena les esprits, voilant intégralement les filles en quête de rébellion, de fugue extrême… En creux, les hommes sont partout – brutaux, lâches ou faussement protecteurs –, joués, magnifique idée, par le même acteur (Majd Mastoura). Parmi des séquences plus bouleversantes les unes que les autres, celle où les deux cadettes usent de cet interprète masculin pour se libérer du poids du viol de leur ex-beau-père est si forte que le comédien lui-même demande à la cinéaste de couper la caméra… L’actrice Hend Sabri, elle, ne cesse de pousser Olfa dans ses retranchements. Pour l’incarner, il faut qu’elle la comprenne : comment a-t-elle pu se comporter ainsi avec ses filles ? Grâce à ce jeu de miroir, et à la caméra qui leur donne des ailes, Eya et Tayssir, règlent, alors, leurs comptes avec leur mère dans des séquences formidables de force cathartiques. Olfa, actrice dans tous les sens du terme de ses traumas, et de ceux qu’elle engendra, rit, presque coquette, pleure, ment peut-être, mais regrette et finit par prononcer le mot qui résume le destin de ce gynécée : malédiction. En 2017, le deuxième long métrage de Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute, renfermait l’un des plans les plus audacieux que l’on ait vus sur une femme arabe, avec un voile qui se transformait en… cape de superhéroïne. Cet étonnant thriller chroniquait la naissance d’une conscience politique. Les Filles d’Olfa capte plutôt la prise de conscience d’une culpabilité, et l’intimité d’une résilience. Mais, au-delà de cette parole, qui, peut-être, enfin, réconcilie la mère et ses enfants, une image restera inoubliable : les quatre filles, parmi lesquelles on ne sait plus qui est « réelle » et qui est actrice, de dos, en noir intégral, quasiment indissociables à cause de leur niqab. Dans ce vertigineux cinéma du réel sur la transmission de l’oppression (au nom des hommes, une victime devient elle-même bourreau), compte alors, plus que tout, l’horizon que les filles regardent ensemble. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques :

Sur Cine Plus Club dès 08h31 : Les Filles d'Olfa

De 10h15 à 11h37 Ama Gloria

Rediffusion Film : drame 1h22 Tout public

Cléo, une fillette de 6 ans, passe son temps aux côtés de Gloria, sa nounou capverdienne. Celle qu'elle côtoie depuis sa naissance et qu'elle aime par-dessus tout doit malheureusement rentrer dans son pays pour rejoindre ses enfants. Effondrée, la petite fille pleure tous les jours et implore son père de la laisser revoir sa nounou chérie. Celui-ci se met d'accord avec Gloria pour que Cléo puisse se rendre, le temps d'un été, au Cap-Vert. Son ancienne nourrice l'accueille dans son humble demeure au sein de sa famille, sur son île, et prend soin de la petite fille comme si elle était la sienne. Cléo est aux anges... - Critique : Cléo, 6 ans, a des bouclettes, des lunettes, et l’énergie du bonheur. Surtout quand elle regarde sa nounou, Gloria, qu’elle adore - et c’est réciproque. Mais quand la petite orpheline de mère apprend que cette femme essentielle à son quotidien doit repartir au Cap-Vert pour l’enterrement de sa propre maman et s’occuper, enfin, de ses propres enfants, le cœur de Cléo se fend. C’est pas juste. Alors papa, pas très présent mais gentil bougre, promet qu’elle pourra la rejoindre pour les vacances d’été sur l’île de Santiago. Histoire d’une parenthèse initiatique au bord de la mer, et d’un nouvel apprentissage du deuil… Franchement, on se demande comment Marie Amachoukeli (Party Girl, avec Claire Burger et Samuel Theis, Caméra d’or à Cannes en 2014) fait pour, à ce point, capter l’essence de l’enfance, et la substantifique moelle d’un lien inconditionnel, même (surtout ?) s’il n’est pas sanguin. La moindre image de ce film ultra sensitif respire l’amour dans sa plus touchante expression. Gloria fait découvrir son île à Cléo, lui apprend à nager – ce qui sera bien utile, un peu plus tard, lors d’une séquence aussi lyrique qu’alarmante –, la trimballe partout, de la plage où l’on écaille des poissons tout juste pêchés à son modeste logement où son fils, grandi sans elle, la rejette, tandis que sa fille est en passe d’accoucher. C’est une histoire d’amour en vases communiquants : la femme que Cléo veut rien que pour elle va devenir grand-mère, et la fillette souhaitera la mort de ce bébé qui lui « vole » la berceuse qu’elle pensait réservée à ses seules oreilles. C’est aussi un hommage, délicat, jamais démonstratif, à toutes ces émigrées rémunérées pour abandonner leur famille au profit d’autres. Si Marie Amachoukeli puise cette authenticité émotionnelle dans ses souvenirs d’enfance, elle qui fut élevée par une nounou portugaise et souffrit de leur séparation, sa mise en scène devient hypnotique, aussi, par son parti pris d’une focale douce, à deux doigts des visages, qui donne à l’ensemble une beauté impressionniste, comme le point de vue d’une gosse un peu myope. Et dès que la cinéaste craint le cliché, elle choisit le dessin animé, pour pigmenter de couleurs rêveuses les souvenirs enfouis et les peurs secrètes de sa jeune héroïne. Bien sûr, la magie d’Àma Gloria vient, aussi, de ces deux actrices non professionnelles, la petite Louise Mauroy-Panzani (comment la réalisatrice a-t-elle pu lui tirer de tels sanglots ?) et Ilça Moreno Zego, d’origine cap-verdienne, si lumineuse et sereine. Sans oublier Arnaud Rebotini, le musicien électro, compositeur des musiques de films de Robin Campillo, parfait en père attendri, auquel Marie Amachoukeli offre, au son de la chanson de Nilda Fernandez Mes yeux dans ton regard, un slow à pleurer.

Sur Cine Plus Club dès 10h15 : Ama Gloria

De 11h37 à 12h46 Camping du lac

Rediffusion Film : comédie 1h9 Tout public

Alors qu'elle roule vers l'ouest pour fuir sa vie de citadine, Eléonore tombe en panne en plein milieu de la Bretagne. Contrainte d'y passer un certain temps en attendant que sa voiture soit réparée, elle décide de s'installer dans l'un des bungalows d'un sympathique camping situé à proximité d'un lac dans lequel vivrait un monstre, selon une légende locale. Elle se met alors à observer ses habitants, tous singuliers, et bientôt les touristes, qui commencent à arriver en masse. Surtout, elle attend d'apercevoir la bête. A quoi peut-elle ressembler ? Et d'ailleurs, au fond, est-ce vraiment cela que la jeune femme attend ?... - Critique : Sa voiture est tombée en panne. Elle s’installe au camping, au bord d’un lac, en attendant un nouveau joint de culasse. Doucement, Éléonore fait la connaissance de ses voisins. L’argument est mince, mais il tient la distance, car l’actrice-réalisatrice, qui raconte son aventure en voix off, façon journal intime, observe ses personnages avec l’œil espiègle d’une documentariste, tordant le réel pour y puiser des histoires surnaturelles. Le premier des protagonistes, véritable réservoir à fiction, au sens littéral, c’est le lac de Guerlédan, la plus grande étendue d’eau douce de Bretagne. Un lac dans la région ? Telle est la première incongruité de ce film de vacances prolongées bon gré mal gré, et tourné au beau milieu de la Bretagne bretonnante : l’authentique, la rurale, loin des plages et des touristes. De fait, les campeurs habitent ici à l’année, dans des mobil-homes douillets mais mal chauffés, conjuguant vie de bohème et précarité. Louise y élève son fils et des poules, troque des œufs contre une coupe de cheveux. Un couple de retraités, un ermite pêcheur, un anarchiste, interprétés ou inspirés par d’authentiques habitants du cru, complètent le tableau. Ce microcosme sonne à la fois juste et farfelu, aux confins du véridique et du mythologique. Comme cette baleine échouée qui viendrait soudain authentifier l’existence d’un monstre du loch Ness breton. Autre fil rouge, entre fantasme et réalité : le vieux chanteur de country américain à la recherche de sa fille disparue. Alors qu’on s’apprêtait à le ranger dans la catégorie des locaux un peu toqués rencontrés par la réalisatrice au camping, force est de réviser notre jugement quand retentit la déchirante ballade finale, interprétée par la chanteuse Rosemary Standley et son propre père, Wayne Standley, musicien folk originaire de l’Ohio. Victoire de la mise en scène, encore une fois…

Sur Cine Plus Club dès 11h37 : Camping du lac

De 12h46 à 12h54 En coulisses Ciné+ : L'effacement 1

Rediffusion Magazine du cinéma 8mn Tout public

Retrouvez-vous derrière les coulisses de la production de vos films préférés. "En coulisses Ciné+ " est un magazine de cinéma produit par le groupe Canal+.

Sur Cine Plus Club dès 12h46 : En coulisses Ciné+

De 12h54 à 13h30 La pierre percée

Rediffusion Film : court métrage 36mn Tout public

Après une année passée à Paris, Slim, ayant raté ses concours, doit rentrer dans son petit village en Isère. Il y retrouve Joseph, son meilleur ami, qui a mal vécu son départ. Les retrouvailles sont difficiles. Sous la chaleur de l'été, entre les non-dits et les rêves déçus, la tension monte...

Sur Cine Plus Club dès 12h54 : La pierre percée

De 13h30 à 15h39 L'Enlèvement

Rediffusion Film : drame 2h9 -10

En 1858, à Bologne, les Mortara sont bouleversés quand la garde pontificale s'introduit chez eux pour enlever leur fils Edgardo, 7 ans. Bien que né dans une famille juive, l'enfant a été baptisé en cachette par sa nourrice lorsqu'à peine âgé de six mois il était tombé gravement malade. Selon le code de droit canonique, Edgardo doit désormais recevoir une éducation catholique. Soutenus par l'opinion publique, de plus en plus hostile à l'emprise du Vatican, les parents Mortara se démènent pour retrouver leur fils. Consciente de perdre du terrain en Italie, l'Eglise s'y oppose, et le combat prend une tournure politique. - Critique : De l’assassinat d’Aldo Moro, trauma transalpin « jamais cicatrisé », Marco Bellocchio a tiré un film passionnant (Buongiorno, notte, 2003) et une série magistrale (Esterno notte, 2022). Autre époque, autre rapt, autre séisme national, L’Enlèvement, présenté au dernier Festival de Cannes, narre l’arrachement d’un enfant juif à sa famille par les brigades du pape-roi, en 1858. Baptisé en secret, lorsqu’il était bébé, par une servante inquiète du salut de son âme, Edgardo Mortara, 6 ans, devient à l’insu des siens « chrétien pour l’éternité ». Et, malgré un scandale mondial, l’otage choyé d’un Pie IX au pouvoir temporel déclinant — l’unification de l’Italie, en 1870, fera définitivement déchoir ce pape, sans qu’Edgardo soit libéré pour autant. Bon pied, bel œil, le maestro, 83 ans, signe un sacré film, récit d’un lavage de cerveau qui tourne au syndrome de Stockholm. L’enfant patiemment converti en curé abandonnera la foi de sa mère (dont l’endoctrinement aimant n’est, lui, guère questionné, si ce n’est par un grand frère athée in fine) pour celle du Saint-Père. Après Le Traître (2019), en voici donc encore un, tout excusé puisque mineur et sans défense. C’est bien sûr à l’Église que Bellocchio, à jamais pourfendeur d’institutions, réserve ses piques, un procès, et même un drôle de cauchemar lorsque le pape (Paolo Pierobon, génialement détestable, tout en hubris onctueuse ou tonitruante) fantasme son lit cerné de rabbins venus le circoncire à son corps défendant. Fini de rire, en revanche, lorsqu’il reçoit pour de vrai des émissaires juifs du ghetto de Rome, venus plaider la cause des Mortara et contraints de se prosterner à ses pieds : « Je pourrais vous faire mal, très mal. Je pourrais vous forcer à retourner dans votre trou. » Voilà l’amour du prochain dissout à l’acide dans un antisémitisme virulent. Scènes en miroir Entremêlant à nouveau l’intime et le politique, le cinéaste bâtit de captivantes scènes en miroir : la mère cachant son fils sous ses jupes pour le soustraire à ses kidnappeurs ; le pape le dissimulant sous son habit rouge pour le favoriser dans une partie de cache-cache. Comment Edgardo n’y perdrait-il pas ses repères ? Quand il ne fait pas d’humour grinçant, le film procède par mouvements musicaux, opératiques, avec violons sur des images de chevaux galopant dans la nuit, accents déchirants sur la mamma sommée de déguerpir ou sur le père au désespoir se frappant la tête dans un tribunal désert. Puissamment orchestrées, ces ascensions émotionnelles, imparables crève-cœur, relèvent de la manière forte de l’artiste, à l’œuvre dans Vincere (2009) par exemple — la tragédie d’une femme folle d’amour pour le Duce, qui finit internée avec les fous tout court. Après la séduction virile du fascisme, l’emprise de l’Église, dépeinte ici dans sa beauté morbide (partout, des Christ endoloris et sanguinolents, au point qu’Edgardo rêve une nuit qu’il en décloue un, vivant, du crucifix) et ses rituels de soumission : parce qu’il a fait tomber Sa Sainteté dans un excès d’enthousiasme dévot, le jeune homme doit, en signe de contrition, tracer des croix sur le sol avec sa langue. Une autre chute s’annonce, celle des États pontificaux, triomphe tempéré par le regard affligé de Bellocchio sur son héros qui, jusqu’au bout, espérera convertir les siens.

Sur Cine Plus Club dès 13h30 : L'Enlèvement

De 15h39 à 17h57 Il Boemo

Rediffusion Film : biographie 2h18 -10

Milieu des années 1760. Josef Myslivecek, jeune musicien originaire de Bohème, rejoint Venise, déterminé à y atteindre son objectif : composer un opéra. Pourtant, le talentueux artiste peine à accomplir ce rêve jusqu'à sa liaison fort opportune avec une femme de la cour, une relation qui lui ouvre les portes de la gloire. Rapidement, et porté par l'immense succès de sa première oeuvre, Josef parvient à imposer son style et à séduire le pourtant très exigeant public italien, sous le charme de celui qui est désormais affectueusement surnommé "Il Boemo". Josef rencontre bientôt un jeune musicien autrichien qu'il prend sous son aile... - Critique : À moins d’être un spécialiste de la musique baroque, le nom de Josef Myslivecek vous est très certainement inconnu. Ce fils de minotier né en 1737 à Prague (d’où son surnom d’« Il Boemo », « celui qui vient de la Bohême ») et mort en 1781 à Rome, fut, en son temps, l’un des compositeurs vedettes des grandes scènes lyriques de Naples ou de Bologne avant de tomber dans l’oubli, éclipsé notamment par un certain Mozart, qui l’admirait — et lui emprunta l’ouverture de La Nitteti pour son premier opéra italien, Mitridate… Le réalisateur tchèque Petr Václav lui avait consacré un beau documentaire, Confession d’un disparu, Fipa d’or dans la catégorie Musique et spectacle en 2016. En voici la version fiction, dotée d’un budget conséquent. Avec sa réalisation élégante mais sage, son rythme plus lento que vivace et son acteur principal un peu lisse, Il Boemo pâtit de la comparaison avec Amadeus, la référence en matière de biopic musical, dans lequel Milos Forman racontait la vie de Mozart avec un regard moqueur et un brin de folie bienvenus. Le film n’en est pas moins captivant dans son portrait d’un créateur en quête éperdue de reconnaissance artistique et sociale, et dans son évocation très documentée des représentations et des coulisses des grandes maisons d’opéra italiennes du XVIIIe siècle, avec leur public d’aristocrates pas toujours délicats, leurs divas flamboyantes et leurs rivalités entre solistes. Petr Václav laisse ainsi une place royale à la musique, sous la direction inspirée du chef Václav Luks qui s’est entouré de son orchestre Collegium 1704 et de pointures du chant comme la soprano Raffaella Milanesi ou le contre-ténor Philippe Jaroussky. Un régal pour les oreilles, mais aussi pour les yeux, grâce à une direction artistique particulièrement soignée.

Sur Cine Plus Club dès 15h39 : Il Boemo

De 17h57 à 19h45 Le moine et le fusil

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h48 Tout public

En 2006, au Bhoutan, un petit pays enclavé qui s'ouvre enfin à la modernisation et découvre Internet, la télévision et, par la même occasion, la démocratie. Pour apprendre à son peuple à voter, le gouvernement organise des "élections blanches". Mais dans la contrée du "Bonheur National Brut", où la religion et le roi importent plus que la politique, les habitants semblent peu motivés à l'idée de participer à un scrutin dont ils ne comprennent pas les enjeux. Cependant, dans une province montagneuse reculée, un moine bouddhiste décide d'organiser une mystérieuse cérémonie le jour du vote et charge l'un de ses disciples de trouver un fusil... - Critique : Parler de politique et d’élections autrement, c’est ce que propose opportunément ce film qui nous entraîne au Bhoutan. Le réalisateur a fait de son pays un décor de fables réalistes qui interrogent les valeurs nationales, le rapport à la tradition et au progrès. Dans L’École du bout du monde (2019), un instituteur de la capitale était nommé dans un village des montagnes, un Bhoutan loin de la modernité mais plein d’enseignements. À nouveau, la vie rurale voit arriver les signes du changement : dans la petite ville d’Ura, au milieu des années 2000, de fausses élections sont organisées pour préparer celles qui eurent vraiment lieu en 2008, instaurant pour la première fois un régime de monarchie constitutionnelle. De telles circonstances permettent d’interroger, avec une innocence retrouvée, le principe même de l’action politique. Pour apprendre à choisir entre plusieurs partis, un système pédagogique est mis en place : votez bleu pour défendre la liberté et l’égalité, rouge pour le développement industriel, jaune pour l’environnement. Il faut aussi s’initier à la participation aux meetings de campagne, découvrir comment on se doit d’insulter les adversaires ! Mais les futurs électeurs doutent, constatent que l’engagement peut provoquer jusqu’à des querelles familiales. Le grand lama semble lui aussi s’inquiéter, qui demande des armes pour redresser la situation. Au même moment, un Américain débarque pour faire l’acquisition d’un fusil de la guerre de Sécession découvert chez un fermier d’Ara. Ses sacs de dollars se heurtent à un détachement philosophique des choses matérielles… Sur un rythme bien trop zen pour la comédie, la fantaisie trouve sa voie. Le personnage de l’Américain sera même un vrai dindon de la farce, ironiquement désigné comme le représentant du monde libre. Mais c’est la tendresse avec laquelle Pawo Choyning Dorji met en scène ses compatriotes qui l’emporte. Dans le pays où le bonheur national brut (BNB) est une aspiration sérieuse, il propose une vision prudente et se montre, malgré tout, heureux de l’entrée du peuple dans une réflexion sur son avenir. Un petit traité de sagesse citoyenne souriante pour saluer l’exercice de la démocratie.

Sur Cine Plus Club dès 17h57 : Le moine et le fusil

De 19h45 à 19h55 Pluie de grâce ou grâce à la pluie

Rediffusion Film : court métrage 10mn Tout public

Un jour de pluie au détour d'un confessionnal, une femme va sans le savoir clôturer un chapitre important de sa vie.

Sur Cine Plus Club dès 19h45 : Pluie de grâce ou grâce à la pluie

De 19h55 à 20h50 Pyonglywood, le cinéma et la Corée du Nord

Rediffusion Documentaire cinéma 55mn Tout public

Depuis la guerre de Corée, les studios de la Chollima à Pyongyang ont produit plus de 300 films. Gros plan sur l'industrie cinématographique du pays le plus fermé de la planète.

Sur Cine Plus Club dès 19h55 : Pyonglywood, le cinéma et la Corée du Nord

De 20h50 à 22h19 How to Have Sex

Film : drame 1h29 -10

Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

Sur Cine Plus Club dès 20h50 : How to Have Sex

De 22h19 à 00h03 Rien sur Robert

Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout public

Didier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle ­ pas proprement révolutionnaire ­ qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

Sur Cine Plus Club dès 22h19 : Rien sur Robert

De 06h23 à 06h48 Qu'importe si les bêtes meurent

Rediffusion Film : court métrage 25mn Tout public

Abdellah, un jeune berger vivant dans les montagnes, est contraint de braver la neige qui le bloque afin de trouver de la nourriture et de sauver son bétail. Une fois arrivé au village, il est confronté à un phénomène surnaturel... - Critique : Abdellah, berger et fils de berger, va suivre le chemin tracé par son père : élever des chèvres et des moutons dans les montagnes de l’Atlas ; aller à dos d’âne, alors qu’il rêve d’une mobylette ; prendre épouse au « marché du mariage », et tant pis pour l’amour ; aligner ainsi des journées rythmées par le soleil, le labeur et la prière. « C’est comme ça », résume le paternel, et Abdellah ne discute même pas. Sauf que le ciel s’en mêle… Oubliez les décors habituels, c’est-à-dire occidentaux, à de rares exceptions près (Stargate, la porte des étoiles ; District 9…), de la science-fiction ! Sofia Alaoui, scénariste et réalisatrice de Qu’importe si les bêtes meurent, a eu l’heureuse idée de planter son histoire au Maroc. On croit d’abord partir sur le sentier archi-balisé de la chronique socio-familiale, puis le court métrage bifurque vers une question vertigineuse : à quoi se raccrocher quand ce que l’on tenait pour certain – sa place dans l’Univers, sous la protection de Dieu – se voit soudain remis en question ?

Sur Ciné+ Club dès 06h23 : Qu'importe si les bêtes meurent

De 06h48 à 08h31 En décalage

Film fantastique 1h43 -10

Alors qu'elle a dédié sa vie au métier d'ingénieur du son, la talentueuse C. est absorbée par son travail. Malheureusement, elle découvre un jour qu'elle commence à se désynchroniser. Il existe maintenant un décalage dans son cerveau entre le moment où elle perçoit le son et celui où il s'est produit. La conséquence immédiate est qu'elle ne peut plus effectuer son travail. - Critique : Du jour au lendemain, l’héroïne, ingénieure du son pour le cinéma, entend avec un retard de quelques secondes. Pas pratique pour caler les bruitages sur les images. Médecins, examens... Le diagnostic tombe : dyssynchronie sonore. Cette idée intéressante reste, hélas, sous exploitée par un scénario refusant le romanesque et ne faisant qu’effleurer le surnaturel. Car l’ingé son, de plus en plus « décalée », a bientôt la capacité d’entendre des propos bien après qu’ils ont été tenus... Hormis une ou deux jolies illustrations du potentiel érotique et voyeuriste de cette désynchronisation dans la bande-son, le film se dilue dans une très banale quête d’identité d’une héroïne dépressive et condamnée à subir son handicap.

Sur Ciné+ Club dès 06h48 : En décalage

De 08h31 à 10h15 Les Filles d'Olfa

Rediffusion Film documentaire 1h44 -10

Olfa, une mère de famille, a perdu une partie d'elle-même le jour où deux de ses filles ont disparu. Malgré le chagrin, elle tente de donner tout son amour à ses deux autres filles. La réalisatrice Kaouther Ben Hania a eu l'idée d'engager des actrices afin de mettre en lumière la vie d'Olfa. La douleur de voir ses deux filles se joindre aux combats de l'Etat islamique en Libye a marqué les esprits de la société tunisienne. Afin de raconter cette histoire en profondeur, Ben Hania offre la possibilité à Olfa de diriger une actrice jouant son propre rôle pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette famille traditionnelle... - Critique : Tout commence devant un miroir. Pendant qu’elle se fait maquiller, une actrice célèbre – superbe Hend Sabri – exprime son angoisse. Jamais elle n’avait ressenti autant de stress pour un rôle, alors qu’elle s’apprête à rencontrer celle qu’elle est censée incarner : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, les jeunes Eya et Tayssir, mais aussi de deux absentes, et pour cause, Rahma et Ghofrane, parties rejoindre Daech… Tout cela, et bien d’autres secrets et douleurs, on ne l’apprendra que petit à petit dans ce documentaire aux atours de fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. En fait, la cinéaste Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Secouée, comme tant d’autres Tunisiens, en 2016, par les interviews télévisées d’Olfa, après le départ de ses deux aînées pour le djihad en Libye, la réalisatrice a deviné qu’elle ne pourrait amener Olfa, Tayssir et Eya à se confier qu’en les immergeant dans ce drôle de laboratoire de recréation qu’est la préparation d’un film. Et d’emblée, Olfa joue le jeu à un point affolant, riant comme une gamine des horreurs qu’elle vécut en tant que jeune mariée et de la violence qu’elle déploya pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparentait à un viol. Eya et Tayssir, elle, jouent leur propre rôle face à deux actrices professionnelles (Nour Karoui et Ichraq Matar) qui interprètent leurs sœurs disparues, et cette sororité réinventée provoque d’incroyables aveux sur leur enfance : la sauvagerie de leur mère, trop protectrice, prête à les rouer de coups dès que les adolescentes faisaient montre d’un début de féminité, d’un souffle de liberté. Et c’est ainsi, entre amour mal exprimé, gorgé de mots orduriers, et haine répétée du corps que la religion s’installa, que la charia gangrena les esprits, voilant intégralement les filles en quête de rébellion, de fugue extrême… En creux, les hommes sont partout – brutaux, lâches ou faussement protecteurs –, joués, magnifique idée, par le même acteur (Majd Mastoura). Parmi des séquences plus bouleversantes les unes que les autres, celle où les deux cadettes usent de cet interprète masculin pour se libérer du poids du viol de leur ex-beau-père est si forte que le comédien lui-même demande à la cinéaste de couper la caméra… L’actrice Hend Sabri, elle, ne cesse de pousser Olfa dans ses retranchements. Pour l’incarner, il faut qu’elle la comprenne : comment a-t-elle pu se comporter ainsi avec ses filles ? Grâce à ce jeu de miroir, et à la caméra qui leur donne des ailes, Eya et Tayssir, règlent, alors, leurs comptes avec leur mère dans des séquences formidables de force cathartiques. Olfa, actrice dans tous les sens du terme de ses traumas, et de ceux qu’elle engendra, rit, presque coquette, pleure, ment peut-être, mais regrette et finit par prononcer le mot qui résume le destin de ce gynécée : malédiction. En 2017, le deuxième long métrage de Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute, renfermait l’un des plans les plus audacieux que l’on ait vus sur une femme arabe, avec un voile qui se transformait en… cape de superhéroïne. Cet étonnant thriller chroniquait la naissance d’une conscience politique. Les Filles d’Olfa capte plutôt la prise de conscience d’une culpabilité, et l’intimité d’une résilience. Mais, au-delà de cette parole, qui, peut-être, enfin, réconcilie la mère et ses enfants, une image restera inoubliable : les quatre filles, parmi lesquelles on ne sait plus qui est « réelle » et qui est actrice, de dos, en noir intégral, quasiment indissociables à cause de leur niqab. Dans ce vertigineux cinéma du réel sur la transmission de l’oppression (au nom des hommes, une victime devient elle-même bourreau), compte alors, plus que tout, l’horizon que les filles regardent ensemble. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques :

Sur Ciné+ Club dès 08h31 : Les Filles d'Olfa

De 10h15 à 11h37 Ama Gloria

Rediffusion Film : drame 1h22 Tout public

Cléo, une fillette de 6 ans, passe son temps aux côtés de Gloria, sa nounou capverdienne. Celle qu'elle côtoie depuis sa naissance et qu'elle aime par-dessus tout doit malheureusement rentrer dans son pays pour rejoindre ses enfants. Effondrée, la petite fille pleure tous les jours et implore son père de la laisser revoir sa nounou chérie. Celui-ci se met d'accord avec Gloria pour que Cléo puisse se rendre, le temps d'un été, au Cap-Vert. Son ancienne nourrice l'accueille dans son humble demeure au sein de sa famille, sur son île, et prend soin de la petite fille comme si elle était la sienne. Cléo est aux anges... - Critique : Cléo, 6 ans, a des bouclettes, des lunettes, et l’énergie du bonheur. Surtout quand elle regarde sa nounou, Gloria, qu’elle adore - et c’est réciproque. Mais quand la petite orpheline de mère apprend que cette femme essentielle à son quotidien doit repartir au Cap-Vert pour l’enterrement de sa propre maman et s’occuper, enfin, de ses propres enfants, le cœur de Cléo se fend. C’est pas juste. Alors papa, pas très présent mais gentil bougre, promet qu’elle pourra la rejoindre pour les vacances d’été sur l’île de Santiago. Histoire d’une parenthèse initiatique au bord de la mer, et d’un nouvel apprentissage du deuil… Franchement, on se demande comment Marie Amachoukeli (Party Girl, avec Claire Burger et Samuel Theis, Caméra d’or à Cannes en 2014) fait pour, à ce point, capter l’essence de l’enfance, et la substantifique moelle d’un lien inconditionnel, même (surtout ?) s’il n’est pas sanguin. La moindre image de ce film ultra sensitif respire l’amour dans sa plus touchante expression. Gloria fait découvrir son île à Cléo, lui apprend à nager – ce qui sera bien utile, un peu plus tard, lors d’une séquence aussi lyrique qu’alarmante –, la trimballe partout, de la plage où l’on écaille des poissons tout juste pêchés à son modeste logement où son fils, grandi sans elle, la rejette, tandis que sa fille est en passe d’accoucher. C’est une histoire d’amour en vases communiquants : la femme que Cléo veut rien que pour elle va devenir grand-mère, et la fillette souhaitera la mort de ce bébé qui lui « vole » la berceuse qu’elle pensait réservée à ses seules oreilles. C’est aussi un hommage, délicat, jamais démonstratif, à toutes ces émigrées rémunérées pour abandonner leur famille au profit d’autres. Si Marie Amachoukeli puise cette authenticité émotionnelle dans ses souvenirs d’enfance, elle qui fut élevée par une nounou portugaise et souffrit de leur séparation, sa mise en scène devient hypnotique, aussi, par son parti pris d’une focale douce, à deux doigts des visages, qui donne à l’ensemble une beauté impressionniste, comme le point de vue d’une gosse un peu myope. Et dès que la cinéaste craint le cliché, elle choisit le dessin animé, pour pigmenter de couleurs rêveuses les souvenirs enfouis et les peurs secrètes de sa jeune héroïne. Bien sûr, la magie d’Àma Gloria vient, aussi, de ces deux actrices non professionnelles, la petite Louise Mauroy-Panzani (comment la réalisatrice a-t-elle pu lui tirer de tels sanglots ?) et Ilça Moreno Zego, d’origine cap-verdienne, si lumineuse et sereine. Sans oublier Arnaud Rebotini, le musicien électro, compositeur des musiques de films de Robin Campillo, parfait en père attendri, auquel Marie Amachoukeli offre, au son de la chanson de Nilda Fernandez Mes yeux dans ton regard, un slow à pleurer.

Sur Ciné+ Club dès 10h15 : Ama Gloria

De 11h37 à 12h46 Camping du lac

Rediffusion Film : comédie 1h9 Tout public

Alors qu'elle roule vers l'ouest pour fuir sa vie de citadine, Eléonore tombe en panne en plein milieu de la Bretagne. Contrainte d'y passer un certain temps en attendant que sa voiture soit réparée, elle décide de s'installer dans l'un des bungalows d'un sympathique camping situé à proximité d'un lac dans lequel vivrait un monstre, selon une légende locale. Elle se met alors à observer ses habitants, tous singuliers, et bientôt les touristes, qui commencent à arriver en masse. Surtout, elle attend d'apercevoir la bête. A quoi peut-elle ressembler ? Et d'ailleurs, au fond, est-ce vraiment cela que la jeune femme attend ?... - Critique : Sa voiture est tombée en panne. Elle s’installe au camping, au bord d’un lac, en attendant un nouveau joint de culasse. Doucement, Éléonore fait la connaissance de ses voisins. L’argument est mince, mais il tient la distance, car l’actrice-réalisatrice, qui raconte son aventure en voix off, façon journal intime, observe ses personnages avec l’œil espiègle d’une documentariste, tordant le réel pour y puiser des histoires surnaturelles. Le premier des protagonistes, véritable réservoir à fiction, au sens littéral, c’est le lac de Guerlédan, la plus grande étendue d’eau douce de Bretagne. Un lac dans la région ? Telle est la première incongruité de ce film de vacances prolongées bon gré mal gré, et tourné au beau milieu de la Bretagne bretonnante : l’authentique, la rurale, loin des plages et des touristes. De fait, les campeurs habitent ici à l’année, dans des mobil-homes douillets mais mal chauffés, conjuguant vie de bohème et précarité. Louise y élève son fils et des poules, troque des œufs contre une coupe de cheveux. Un couple de retraités, un ermite pêcheur, un anarchiste, interprétés ou inspirés par d’authentiques habitants du cru, complètent le tableau. Ce microcosme sonne à la fois juste et farfelu, aux confins du véridique et du mythologique. Comme cette baleine échouée qui viendrait soudain authentifier l’existence d’un monstre du loch Ness breton. Autre fil rouge, entre fantasme et réalité : le vieux chanteur de country américain à la recherche de sa fille disparue. Alors qu’on s’apprêtait à le ranger dans la catégorie des locaux un peu toqués rencontrés par la réalisatrice au camping, force est de réviser notre jugement quand retentit la déchirante ballade finale, interprétée par la chanteuse Rosemary Standley et son propre père, Wayne Standley, musicien folk originaire de l’Ohio. Victoire de la mise en scène, encore une fois…

Sur Ciné+ Club dès 11h37 : Camping du lac

De 12h46 à 12h54 En coulisses Ciné+ : L'effacement 1

Rediffusion Magazine du cinéma 8mn Tout public

Retrouvez-vous derrière les coulisses de la production de vos films préférés. "En coulisses Ciné+ " est un magazine de cinéma produit par le groupe Canal+.

Sur Ciné+ Club dès 12h46 : En coulisses Ciné+

De 12h54 à 13h30 La pierre percée

Rediffusion Film : court métrage 36mn Tout public

Après une année passée à Paris, Slim, ayant raté ses concours, doit rentrer dans son petit village en Isère. Il y retrouve Joseph, son meilleur ami, qui a mal vécu son départ. Les retrouvailles sont difficiles. Sous la chaleur de l'été, entre les non-dits et les rêves déçus, la tension monte...

Sur Ciné+ Club dès 12h54 : La pierre percée

De 13h30 à 15h39 L'Enlèvement

Rediffusion Film : drame 2h9 -10

En 1858, à Bologne, les Mortara sont bouleversés quand la garde pontificale s'introduit chez eux pour enlever leur fils Edgardo, 7 ans. Bien que né dans une famille juive, l'enfant a été baptisé en cachette par sa nourrice lorsqu'à peine âgé de six mois il était tombé gravement malade. Selon le code de droit canonique, Edgardo doit désormais recevoir une éducation catholique. Soutenus par l'opinion publique, de plus en plus hostile à l'emprise du Vatican, les parents Mortara se démènent pour retrouver leur fils. Consciente de perdre du terrain en Italie, l'Eglise s'y oppose, et le combat prend une tournure politique. - Critique : De l’assassinat d’Aldo Moro, trauma transalpin « jamais cicatrisé », Marco Bellocchio a tiré un film passionnant (Buongiorno, notte, 2003) et une série magistrale (Esterno notte, 2022). Autre époque, autre rapt, autre séisme national, L’Enlèvement, présenté au dernier Festival de Cannes, narre l’arrachement d’un enfant juif à sa famille par les brigades du pape-roi, en 1858. Baptisé en secret, lorsqu’il était bébé, par une servante inquiète du salut de son âme, Edgardo Mortara, 6 ans, devient à l’insu des siens « chrétien pour l’éternité ». Et, malgré un scandale mondial, l’otage choyé d’un Pie IX au pouvoir temporel déclinant — l’unification de l’Italie, en 1870, fera définitivement déchoir ce pape, sans qu’Edgardo soit libéré pour autant. Bon pied, bel œil, le maestro, 83 ans, signe un sacré film, récit d’un lavage de cerveau qui tourne au syndrome de Stockholm. L’enfant patiemment converti en curé abandonnera la foi de sa mère (dont l’endoctrinement aimant n’est, lui, guère questionné, si ce n’est par un grand frère athée in fine) pour celle du Saint-Père. Après Le Traître (2019), en voici donc encore un, tout excusé puisque mineur et sans défense. C’est bien sûr à l’Église que Bellocchio, à jamais pourfendeur d’institutions, réserve ses piques, un procès, et même un drôle de cauchemar lorsque le pape (Paolo Pierobon, génialement détestable, tout en hubris onctueuse ou tonitruante) fantasme son lit cerné de rabbins venus le circoncire à son corps défendant. Fini de rire, en revanche, lorsqu’il reçoit pour de vrai des émissaires juifs du ghetto de Rome, venus plaider la cause des Mortara et contraints de se prosterner à ses pieds : « Je pourrais vous faire mal, très mal. Je pourrais vous forcer à retourner dans votre trou. » Voilà l’amour du prochain dissout à l’acide dans un antisémitisme virulent. Scènes en miroir Entremêlant à nouveau l’intime et le politique, le cinéaste bâtit de captivantes scènes en miroir : la mère cachant son fils sous ses jupes pour le soustraire à ses kidnappeurs ; le pape le dissimulant sous son habit rouge pour le favoriser dans une partie de cache-cache. Comment Edgardo n’y perdrait-il pas ses repères ? Quand il ne fait pas d’humour grinçant, le film procède par mouvements musicaux, opératiques, avec violons sur des images de chevaux galopant dans la nuit, accents déchirants sur la mamma sommée de déguerpir ou sur le père au désespoir se frappant la tête dans un tribunal désert. Puissamment orchestrées, ces ascensions émotionnelles, imparables crève-cœur, relèvent de la manière forte de l’artiste, à l’œuvre dans Vincere (2009) par exemple — la tragédie d’une femme folle d’amour pour le Duce, qui finit internée avec les fous tout court. Après la séduction virile du fascisme, l’emprise de l’Église, dépeinte ici dans sa beauté morbide (partout, des Christ endoloris et sanguinolents, au point qu’Edgardo rêve une nuit qu’il en décloue un, vivant, du crucifix) et ses rituels de soumission : parce qu’il a fait tomber Sa Sainteté dans un excès d’enthousiasme dévot, le jeune homme doit, en signe de contrition, tracer des croix sur le sol avec sa langue. Une autre chute s’annonce, celle des États pontificaux, triomphe tempéré par le regard affligé de Bellocchio sur son héros qui, jusqu’au bout, espérera convertir les siens.

Sur Ciné+ Club dès 13h30 : L'Enlèvement

De 15h39 à 17h57 Il Boemo

Rediffusion Film : biographie 2h18 -10

Milieu des années 1760. Josef Myslivecek, jeune musicien originaire de Bohème, rejoint Venise, déterminé à y atteindre son objectif : composer un opéra. Pourtant, le talentueux artiste peine à accomplir ce rêve jusqu'à sa liaison fort opportune avec une femme de la cour, une relation qui lui ouvre les portes de la gloire. Rapidement, et porté par l'immense succès de sa première oeuvre, Josef parvient à imposer son style et à séduire le pourtant très exigeant public italien, sous le charme de celui qui est désormais affectueusement surnommé "Il Boemo". Josef rencontre bientôt un jeune musicien autrichien qu'il prend sous son aile... - Critique : À moins d’être un spécialiste de la musique baroque, le nom de Josef Myslivecek vous est très certainement inconnu. Ce fils de minotier né en 1737 à Prague (d’où son surnom d’« Il Boemo », « celui qui vient de la Bohême ») et mort en 1781 à Rome, fut, en son temps, l’un des compositeurs vedettes des grandes scènes lyriques de Naples ou de Bologne avant de tomber dans l’oubli, éclipsé notamment par un certain Mozart, qui l’admirait — et lui emprunta l’ouverture de La Nitteti pour son premier opéra italien, Mitridate… Le réalisateur tchèque Petr Václav lui avait consacré un beau documentaire, Confession d’un disparu, Fipa d’or dans la catégorie Musique et spectacle en 2016. En voici la version fiction, dotée d’un budget conséquent. Avec sa réalisation élégante mais sage, son rythme plus lento que vivace et son acteur principal un peu lisse, Il Boemo pâtit de la comparaison avec Amadeus, la référence en matière de biopic musical, dans lequel Milos Forman racontait la vie de Mozart avec un regard moqueur et un brin de folie bienvenus. Le film n’en est pas moins captivant dans son portrait d’un créateur en quête éperdue de reconnaissance artistique et sociale, et dans son évocation très documentée des représentations et des coulisses des grandes maisons d’opéra italiennes du XVIIIe siècle, avec leur public d’aristocrates pas toujours délicats, leurs divas flamboyantes et leurs rivalités entre solistes. Petr Václav laisse ainsi une place royale à la musique, sous la direction inspirée du chef Václav Luks qui s’est entouré de son orchestre Collegium 1704 et de pointures du chant comme la soprano Raffaella Milanesi ou le contre-ténor Philippe Jaroussky. Un régal pour les oreilles, mais aussi pour les yeux, grâce à une direction artistique particulièrement soignée.

Sur Ciné+ Club dès 15h39 : Il Boemo

De 17h57 à 19h45 Le moine et le fusil

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h48 Tout public

En 2006, au Bhoutan, un petit pays enclavé qui s'ouvre enfin à la modernisation et découvre Internet, la télévision et, par la même occasion, la démocratie. Pour apprendre à son peuple à voter, le gouvernement organise des "élections blanches". Mais dans la contrée du "Bonheur National Brut", où la religion et le roi importent plus que la politique, les habitants semblent peu motivés à l'idée de participer à un scrutin dont ils ne comprennent pas les enjeux. Cependant, dans une province montagneuse reculée, un moine bouddhiste décide d'organiser une mystérieuse cérémonie le jour du vote et charge l'un de ses disciples de trouver un fusil... - Critique : Parler de politique et d’élections autrement, c’est ce que propose opportunément ce film qui nous entraîne au Bhoutan. Le réalisateur a fait de son pays un décor de fables réalistes qui interrogent les valeurs nationales, le rapport à la tradition et au progrès. Dans L’École du bout du monde (2019), un instituteur de la capitale était nommé dans un village des montagnes, un Bhoutan loin de la modernité mais plein d’enseignements. À nouveau, la vie rurale voit arriver les signes du changement : dans la petite ville d’Ura, au milieu des années 2000, de fausses élections sont organisées pour préparer celles qui eurent vraiment lieu en 2008, instaurant pour la première fois un régime de monarchie constitutionnelle. De telles circonstances permettent d’interroger, avec une innocence retrouvée, le principe même de l’action politique. Pour apprendre à choisir entre plusieurs partis, un système pédagogique est mis en place : votez bleu pour défendre la liberté et l’égalité, rouge pour le développement industriel, jaune pour l’environnement. Il faut aussi s’initier à la participation aux meetings de campagne, découvrir comment on se doit d’insulter les adversaires ! Mais les futurs électeurs doutent, constatent que l’engagement peut provoquer jusqu’à des querelles familiales. Le grand lama semble lui aussi s’inquiéter, qui demande des armes pour redresser la situation. Au même moment, un Américain débarque pour faire l’acquisition d’un fusil de la guerre de Sécession découvert chez un fermier d’Ara. Ses sacs de dollars se heurtent à un détachement philosophique des choses matérielles… Sur un rythme bien trop zen pour la comédie, la fantaisie trouve sa voie. Le personnage de l’Américain sera même un vrai dindon de la farce, ironiquement désigné comme le représentant du monde libre. Mais c’est la tendresse avec laquelle Pawo Choyning Dorji met en scène ses compatriotes qui l’emporte. Dans le pays où le bonheur national brut (BNB) est une aspiration sérieuse, il propose une vision prudente et se montre, malgré tout, heureux de l’entrée du peuple dans une réflexion sur son avenir. Un petit traité de sagesse citoyenne souriante pour saluer l’exercice de la démocratie.

Sur Ciné+ Club dès 17h57 : Le moine et le fusil

De 19h45 à 19h55 Pluie de grâce ou grâce à la pluie

Rediffusion Film : court métrage 10mn Tout public

Un jour de pluie au détour d'un confessionnal, une femme va sans le savoir clôturer un chapitre important de sa vie.

Sur Ciné+ Club dès 19h45 : Pluie de grâce ou grâce à la pluie

De 19h55 à 20h50 Pyonglywood, le cinéma et la Corée du Nord

Rediffusion Documentaire cinéma 55mn Tout public

Depuis la guerre de Corée, les studios de la Chollima à Pyongyang ont produit plus de 300 films. Gros plan sur l'industrie cinématographique du pays le plus fermé de la planète.

Sur Ciné+ Club dès 19h55 : Pyonglywood, le cinéma et la Corée du Nord

De 20h50 à 22h19 How to Have Sex

Film : drame 1h29 -10

Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

Sur Ciné+ Club dès 20h50 : How to Have Sex

De 22h19 à 00h03 Rien sur Robert

Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout public

Didier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle ­ pas proprement révolutionnaire ­ qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

Sur Ciné+ Club dès 22h19 : Rien sur Robert

De 06h23 à 06h48 Qu'importe si les bêtes meurent

Rediffusion Film : court métrage 25mn Tout public

Abdellah, un jeune berger vivant dans les montagnes, est contraint de braver la neige qui le bloque afin de trouver de la nourriture et de sauver son bétail. Une fois arrivé au village, il est confronté à un phénomène surnaturel... - Critique : Abdellah, berger et fils de berger, va suivre le chemin tracé par son père : élever des chèvres et des moutons dans les montagnes de l’Atlas ; aller à dos d’âne, alors qu’il rêve d’une mobylette ; prendre épouse au « marché du mariage », et tant pis pour l’amour ; aligner ainsi des journées rythmées par le soleil, le labeur et la prière. « C’est comme ça », résume le paternel, et Abdellah ne discute même pas. Sauf que le ciel s’en mêle… Oubliez les décors habituels, c’est-à-dire occidentaux, à de rares exceptions près (Stargate, la porte des étoiles ; District 9…), de la science-fiction ! Sofia Alaoui, scénariste et réalisatrice de Qu’importe si les bêtes meurent, a eu l’heureuse idée de planter son histoire au Maroc. On croit d’abord partir sur le sentier archi-balisé de la chronique socio-familiale, puis le court métrage bifurque vers une question vertigineuse : à quoi se raccrocher quand ce que l’on tenait pour certain – sa place dans l’Univers, sous la protection de Dieu – se voit soudain remis en question ?

Sur Ciné+ Club dès 06h23 : Qu'importe si les bêtes meurent

De 06h48 à 08h31 En décalage

Film fantastique 1h43 -10

Alors qu'elle a dédié sa vie au métier d'ingénieur du son, la talentueuse C. est absorbée par son travail. Malheureusement, elle découvre un jour qu'elle commence à se désynchroniser. Il existe maintenant un décalage dans son cerveau entre le moment où elle perçoit le son et celui où il s'est produit. La conséquence immédiate est qu'elle ne peut plus effectuer son travail. - Critique : Du jour au lendemain, l’héroïne, ingénieure du son pour le cinéma, entend avec un retard de quelques secondes. Pas pratique pour caler les bruitages sur les images. Médecins, examens... Le diagnostic tombe : dyssynchronie sonore. Cette idée intéressante reste, hélas, sous exploitée par un scénario refusant le romanesque et ne faisant qu’effleurer le surnaturel. Car l’ingé son, de plus en plus « décalée », a bientôt la capacité d’entendre des propos bien après qu’ils ont été tenus... Hormis une ou deux jolies illustrations du potentiel érotique et voyeuriste de cette désynchronisation dans la bande-son, le film se dilue dans une très banale quête d’identité d’une héroïne dépressive et condamnée à subir son handicap.

Sur Ciné+ Club dès 06h48 : En décalage

De 08h31 à 10h15 Les Filles d'Olfa

Rediffusion Film documentaire 1h44 -10

Olfa, une mère de famille, a perdu une partie d'elle-même le jour où deux de ses filles ont disparu. Malgré le chagrin, elle tente de donner tout son amour à ses deux autres filles. La réalisatrice Kaouther Ben Hania a eu l'idée d'engager des actrices afin de mettre en lumière la vie d'Olfa. La douleur de voir ses deux filles se joindre aux combats de l'Etat islamique en Libye a marqué les esprits de la société tunisienne. Afin de raconter cette histoire en profondeur, Ben Hania offre la possibilité à Olfa de diriger une actrice jouant son propre rôle pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette famille traditionnelle... - Critique : Tout commence devant un miroir. Pendant qu’elle se fait maquiller, une actrice célèbre – superbe Hend Sabri – exprime son angoisse. Jamais elle n’avait ressenti autant de stress pour un rôle, alors qu’elle s’apprête à rencontrer celle qu’elle est censée incarner : Olfa Hamrouni, mère de quatre filles, les jeunes Eya et Tayssir, mais aussi de deux absentes, et pour cause, Rahma et Ghofrane, parties rejoindre Daech… Tout cela, et bien d’autres secrets et douleurs, on ne l’apprendra que petit à petit dans ce documentaire aux atours de fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. En fait, la cinéaste Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Secouée, comme tant d’autres Tunisiens, en 2016, par les interviews télévisées d’Olfa, après le départ de ses deux aînées pour le djihad en Libye, la réalisatrice a deviné qu’elle ne pourrait amener Olfa, Tayssir et Eya à se confier qu’en les immergeant dans ce drôle de laboratoire de recréation qu’est la préparation d’un film. Et d’emblée, Olfa joue le jeu à un point affolant, riant comme une gamine des horreurs qu’elle vécut en tant que jeune mariée et de la violence qu’elle déploya pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparentait à un viol. Eya et Tayssir, elle, jouent leur propre rôle face à deux actrices professionnelles (Nour Karoui et Ichraq Matar) qui interprètent leurs sœurs disparues, et cette sororité réinventée provoque d’incroyables aveux sur leur enfance : la sauvagerie de leur mère, trop protectrice, prête à les rouer de coups dès que les adolescentes faisaient montre d’un début de féminité, d’un souffle de liberté. Et c’est ainsi, entre amour mal exprimé, gorgé de mots orduriers, et haine répétée du corps que la religion s’installa, que la charia gangrena les esprits, voilant intégralement les filles en quête de rébellion, de fugue extrême… En creux, les hommes sont partout – brutaux, lâches ou faussement protecteurs –, joués, magnifique idée, par le même acteur (Majd Mastoura). Parmi des séquences plus bouleversantes les unes que les autres, celle où les deux cadettes usent de cet interprète masculin pour se libérer du poids du viol de leur ex-beau-père est si forte que le comédien lui-même demande à la cinéaste de couper la caméra… L’actrice Hend Sabri, elle, ne cesse de pousser Olfa dans ses retranchements. Pour l’incarner, il faut qu’elle la comprenne : comment a-t-elle pu se comporter ainsi avec ses filles ? Grâce à ce jeu de miroir, et à la caméra qui leur donne des ailes, Eya et Tayssir, règlent, alors, leurs comptes avec leur mère dans des séquences formidables de force cathartiques. Olfa, actrice dans tous les sens du terme de ses traumas, et de ceux qu’elle engendra, rit, presque coquette, pleure, ment peut-être, mais regrette et finit par prononcer le mot qui résume le destin de ce gynécée : malédiction. En 2017, le deuxième long métrage de Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute, renfermait l’un des plans les plus audacieux que l’on ait vus sur une femme arabe, avec un voile qui se transformait en… cape de superhéroïne. Cet étonnant thriller chroniquait la naissance d’une conscience politique. Les Filles d’Olfa capte plutôt la prise de conscience d’une culpabilité, et l’intimité d’une résilience. Mais, au-delà de cette parole, qui, peut-être, enfin, réconcilie la mère et ses enfants, une image restera inoubliable : les quatre filles, parmi lesquelles on ne sait plus qui est « réelle » et qui est actrice, de dos, en noir intégral, quasiment indissociables à cause de leur niqab. Dans ce vertigineux cinéma du réel sur la transmission de l’oppression (au nom des hommes, une victime devient elle-même bourreau), compte alors, plus que tout, l’horizon que les filles regardent ensemble. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques :

Sur Ciné+ Club dès 08h31 : Les Filles d'Olfa

De 10h15 à 11h37 Ama Gloria

Rediffusion Film : drame 1h22 Tout public

Cléo, une fillette de 6 ans, passe son temps aux côtés de Gloria, sa nounou capverdienne. Celle qu'elle côtoie depuis sa naissance et qu'elle aime par-dessus tout doit malheureusement rentrer dans son pays pour rejoindre ses enfants. Effondrée, la petite fille pleure tous les jours et implore son père de la laisser revoir sa nounou chérie. Celui-ci se met d'accord avec Gloria pour que Cléo puisse se rendre, le temps d'un été, au Cap-Vert. Son ancienne nourrice l'accueille dans son humble demeure au sein de sa famille, sur son île, et prend soin de la petite fille comme si elle était la sienne. Cléo est aux anges... - Critique : Cléo, 6 ans, a des bouclettes, des lunettes, et l’énergie du bonheur. Surtout quand elle regarde sa nounou, Gloria, qu’elle adore - et c’est réciproque. Mais quand la petite orpheline de mère apprend que cette femme essentielle à son quotidien doit repartir au Cap-Vert pour l’enterrement de sa propre maman et s’occuper, enfin, de ses propres enfants, le cœur de Cléo se fend. C’est pas juste. Alors papa, pas très présent mais gentil bougre, promet qu’elle pourra la rejoindre pour les vacances d’été sur l’île de Santiago. Histoire d’une parenthèse initiatique au bord de la mer, et d’un nouvel apprentissage du deuil… Franchement, on se demande comment Marie Amachoukeli (Party Girl, avec Claire Burger et Samuel Theis, Caméra d’or à Cannes en 2014) fait pour, à ce point, capter l’essence de l’enfance, et la substantifique moelle d’un lien inconditionnel, même (surtout ?) s’il n’est pas sanguin. La moindre image de ce film ultra sensitif respire l’amour dans sa plus touchante expression. Gloria fait découvrir son île à Cléo, lui apprend à nager – ce qui sera bien utile, un peu plus tard, lors d’une séquence aussi lyrique qu’alarmante –, la trimballe partout, de la plage où l’on écaille des poissons tout juste pêchés à son modeste logement où son fils, grandi sans elle, la rejette, tandis que sa fille est en passe d’accoucher. C’est une histoire d’amour en vases communiquants : la femme que Cléo veut rien que pour elle va devenir grand-mère, et la fillette souhaitera la mort de ce bébé qui lui « vole » la berceuse qu’elle pensait réservée à ses seules oreilles. C’est aussi un hommage, délicat, jamais démonstratif, à toutes ces émigrées rémunérées pour abandonner leur famille au profit d’autres. Si Marie Amachoukeli puise cette authenticité émotionnelle dans ses souvenirs d’enfance, elle qui fut élevée par une nounou portugaise et souffrit de leur séparation, sa mise en scène devient hypnotique, aussi, par son parti pris d’une focale douce, à deux doigts des visages, qui donne à l’ensemble une beauté impressionniste, comme le point de vue d’une gosse un peu myope. Et dès que la cinéaste craint le cliché, elle choisit le dessin animé, pour pigmenter de couleurs rêveuses les souvenirs enfouis et les peurs secrètes de sa jeune héroïne. Bien sûr, la magie d’Àma Gloria vient, aussi, de ces deux actrices non professionnelles, la petite Louise Mauroy-Panzani (comment la réalisatrice a-t-elle pu lui tirer de tels sanglots ?) et Ilça Moreno Zego, d’origine cap-verdienne, si lumineuse et sereine. Sans oublier Arnaud Rebotini, le musicien électro, compositeur des musiques de films de Robin Campillo, parfait en père attendri, auquel Marie Amachoukeli offre, au son de la chanson de Nilda Fernandez Mes yeux dans ton regard, un slow à pleurer.

Sur Ciné+ Club dès 10h15 : Ama Gloria

De 11h37 à 12h46 Camping du lac

Rediffusion Film : comédie 1h9 Tout public

Alors qu'elle roule vers l'ouest pour fuir sa vie de citadine, Eléonore tombe en panne en plein milieu de la Bretagne. Contrainte d'y passer un certain temps en attendant que sa voiture soit réparée, elle décide de s'installer dans l'un des bungalows d'un sympathique camping situé à proximité d'un lac dans lequel vivrait un monstre, selon une légende locale. Elle se met alors à observer ses habitants, tous singuliers, et bientôt les touristes, qui commencent à arriver en masse. Surtout, elle attend d'apercevoir la bête. A quoi peut-elle ressembler ? Et d'ailleurs, au fond, est-ce vraiment cela que la jeune femme attend ?... - Critique : Sa voiture est tombée en panne. Elle s’installe au camping, au bord d’un lac, en attendant un nouveau joint de culasse. Doucement, Éléonore fait la connaissance de ses voisins. L’argument est mince, mais il tient la distance, car l’actrice-réalisatrice, qui raconte son aventure en voix off, façon journal intime, observe ses personnages avec l’œil espiègle d’une documentariste, tordant le réel pour y puiser des histoires surnaturelles. Le premier des protagonistes, véritable réservoir à fiction, au sens littéral, c’est le lac de Guerlédan, la plus grande étendue d’eau douce de Bretagne. Un lac dans la région ? Telle est la première incongruité de ce film de vacances prolongées bon gré mal gré, et tourné au beau milieu de la Bretagne bretonnante : l’authentique, la rurale, loin des plages et des touristes. De fait, les campeurs habitent ici à l’année, dans des mobil-homes douillets mais mal chauffés, conjuguant vie de bohème et précarité. Louise y élève son fils et des poules, troque des œufs contre une coupe de cheveux. Un couple de retraités, un ermite pêcheur, un anarchiste, interprétés ou inspirés par d’authentiques habitants du cru, complètent le tableau. Ce microcosme sonne à la fois juste et farfelu, aux confins du véridique et du mythologique. Comme cette baleine échouée qui viendrait soudain authentifier l’existence d’un monstre du loch Ness breton. Autre fil rouge, entre fantasme et réalité : le vieux chanteur de country américain à la recherche de sa fille disparue. Alors qu’on s’apprêtait à le ranger dans la catégorie des locaux un peu toqués rencontrés par la réalisatrice au camping, force est de réviser notre jugement quand retentit la déchirante ballade finale, interprétée par la chanteuse Rosemary Standley et son propre père, Wayne Standley, musicien folk originaire de l’Ohio. Victoire de la mise en scène, encore une fois…

Sur Ciné+ Club dès 11h37 : Camping du lac

De 12h46 à 12h54 En coulisses Ciné+ : L'effacement 1

Rediffusion Magazine du cinéma 8mn Tout public

Retrouvez-vous derrière les coulisses de la production de vos films préférés. "En coulisses Ciné+ " est un magazine de cinéma produit par le groupe Canal+.

Sur Ciné+ Club dès 12h46 : En coulisses Ciné+

De 12h54 à 13h30 La pierre percée

Rediffusion Film : court métrage 36mn Tout public

Après une année passée à Paris, Slim, ayant raté ses concours, doit rentrer dans son petit village en Isère. Il y retrouve Joseph, son meilleur ami, qui a mal vécu son départ. Les retrouvailles sont difficiles. Sous la chaleur de l'été, entre les non-dits et les rêves déçus, la tension monte...

Sur Ciné+ Club dès 12h54 : La pierre percée

De 13h30 à 15h39 L'Enlèvement

Rediffusion Film : drame 2h9 -10

En 1858, à Bologne, les Mortara sont bouleversés quand la garde pontificale s'introduit chez eux pour enlever leur fils Edgardo, 7 ans. Bien que né dans une famille juive, l'enfant a été baptisé en cachette par sa nourrice lorsqu'à peine âgé de six mois il était tombé gravement malade. Selon le code de droit canonique, Edgardo doit désormais recevoir une éducation catholique. Soutenus par l'opinion publique, de plus en plus hostile à l'emprise du Vatican, les parents Mortara se démènent pour retrouver leur fils. Consciente de perdre du terrain en Italie, l'Eglise s'y oppose, et le combat prend une tournure politique. - Critique : De l’assassinat d’Aldo Moro, trauma transalpin « jamais cicatrisé », Marco Bellocchio a tiré un film passionnant (Buongiorno, notte, 2003) et une série magistrale (Esterno notte, 2022). Autre époque, autre rapt, autre séisme national, L’Enlèvement, présenté au dernier Festival de Cannes, narre l’arrachement d’un enfant juif à sa famille par les brigades du pape-roi, en 1858. Baptisé en secret, lorsqu’il était bébé, par une servante inquiète du salut de son âme, Edgardo Mortara, 6 ans, devient à l’insu des siens « chrétien pour l’éternité ». Et, malgré un scandale mondial, l’otage choyé d’un Pie IX au pouvoir temporel déclinant — l’unification de l’Italie, en 1870, fera définitivement déchoir ce pape, sans qu’Edgardo soit libéré pour autant. Bon pied, bel œil, le maestro, 83 ans, signe un sacré film, récit d’un lavage de cerveau qui tourne au syndrome de Stockholm. L’enfant patiemment converti en curé abandonnera la foi de sa mère (dont l’endoctrinement aimant n’est, lui, guère questionné, si ce n’est par un grand frère athée in fine) pour celle du Saint-Père. Après Le Traître (2019), en voici donc encore un, tout excusé puisque mineur et sans défense. C’est bien sûr à l’Église que Bellocchio, à jamais pourfendeur d’institutions, réserve ses piques, un procès, et même un drôle de cauchemar lorsque le pape (Paolo Pierobon, génialement détestable, tout en hubris onctueuse ou tonitruante) fantasme son lit cerné de rabbins venus le circoncire à son corps défendant. Fini de rire, en revanche, lorsqu’il reçoit pour de vrai des émissaires juifs du ghetto de Rome, venus plaider la cause des Mortara et contraints de se prosterner à ses pieds : « Je pourrais vous faire mal, très mal. Je pourrais vous forcer à retourner dans votre trou. » Voilà l’amour du prochain dissout à l’acide dans un antisémitisme virulent. Scènes en miroir Entremêlant à nouveau l’intime et le politique, le cinéaste bâtit de captivantes scènes en miroir : la mère cachant son fils sous ses jupes pour le soustraire à ses kidnappeurs ; le pape le dissimulant sous son habit rouge pour le favoriser dans une partie de cache-cache. Comment Edgardo n’y perdrait-il pas ses repères ? Quand il ne fait pas d’humour grinçant, le film procède par mouvements musicaux, opératiques, avec violons sur des images de chevaux galopant dans la nuit, accents déchirants sur la mamma sommée de déguerpir ou sur le père au désespoir se frappant la tête dans un tribunal désert. Puissamment orchestrées, ces ascensions émotionnelles, imparables crève-cœur, relèvent de la manière forte de l’artiste, à l’œuvre dans Vincere (2009) par exemple — la tragédie d’une femme folle d’amour pour le Duce, qui finit internée avec les fous tout court. Après la séduction virile du fascisme, l’emprise de l’Église, dépeinte ici dans sa beauté morbide (partout, des Christ endoloris et sanguinolents, au point qu’Edgardo rêve une nuit qu’il en décloue un, vivant, du crucifix) et ses rituels de soumission : parce qu’il a fait tomber Sa Sainteté dans un excès d’enthousiasme dévot, le jeune homme doit, en signe de contrition, tracer des croix sur le sol avec sa langue. Une autre chute s’annonce, celle des États pontificaux, triomphe tempéré par le regard affligé de Bellocchio sur son héros qui, jusqu’au bout, espérera convertir les siens.

Sur Ciné+ Club dès 13h30 : L'Enlèvement

De 15h39 à 17h57 Il Boemo

Rediffusion Film : biographie 2h18 -10

Milieu des années 1760. Josef Myslivecek, jeune musicien originaire de Bohème, rejoint Venise, déterminé à y atteindre son objectif : composer un opéra. Pourtant, le talentueux artiste peine à accomplir ce rêve jusqu'à sa liaison fort opportune avec une femme de la cour, une relation qui lui ouvre les portes de la gloire. Rapidement, et porté par l'immense succès de sa première oeuvre, Josef parvient à imposer son style et à séduire le pourtant très exigeant public italien, sous le charme de celui qui est désormais affectueusement surnommé "Il Boemo". Josef rencontre bientôt un jeune musicien autrichien qu'il prend sous son aile... - Critique : À moins d’être un spécialiste de la musique baroque, le nom de Josef Myslivecek vous est très certainement inconnu. Ce fils de minotier né en 1737 à Prague (d’où son surnom d’« Il Boemo », « celui qui vient de la Bohême ») et mort en 1781 à Rome, fut, en son temps, l’un des compositeurs vedettes des grandes scènes lyriques de Naples ou de Bologne avant de tomber dans l’oubli, éclipsé notamment par un certain Mozart, qui l’admirait — et lui emprunta l’ouverture de La Nitteti pour son premier opéra italien, Mitridate… Le réalisateur tchèque Petr Václav lui avait consacré un beau documentaire, Confession d’un disparu, Fipa d’or dans la catégorie Musique et spectacle en 2016. En voici la version fiction, dotée d’un budget conséquent. Avec sa réalisation élégante mais sage, son rythme plus lento que vivace et son acteur principal un peu lisse, Il Boemo pâtit de la comparaison avec Amadeus, la référence en matière de biopic musical, dans lequel Milos Forman racontait la vie de Mozart avec un regard moqueur et un brin de folie bienvenus. Le film n’en est pas moins captivant dans son portrait d’un créateur en quête éperdue de reconnaissance artistique et sociale, et dans son évocation très documentée des représentations et des coulisses des grandes maisons d’opéra italiennes du XVIIIe siècle, avec leur public d’aristocrates pas toujours délicats, leurs divas flamboyantes et leurs rivalités entre solistes. Petr Václav laisse ainsi une place royale à la musique, sous la direction inspirée du chef Václav Luks qui s’est entouré de son orchestre Collegium 1704 et de pointures du chant comme la soprano Raffaella Milanesi ou le contre-ténor Philippe Jaroussky. Un régal pour les oreilles, mais aussi pour les yeux, grâce à une direction artistique particulièrement soignée.

Sur Ciné+ Club dès 15h39 : Il Boemo

De 17h57 à 19h45 Le moine et le fusil

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h48 Tout public

En 2006, au Bhoutan, un petit pays enclavé qui s'ouvre enfin à la modernisation et découvre Internet, la télévision et, par la même occasion, la démocratie. Pour apprendre à son peuple à voter, le gouvernement organise des "élections blanches". Mais dans la contrée du "Bonheur National Brut", où la religion et le roi importent plus que la politique, les habitants semblent peu motivés à l'idée de participer à un scrutin dont ils ne comprennent pas les enjeux. Cependant, dans une province montagneuse reculée, un moine bouddhiste décide d'organiser une mystérieuse cérémonie le jour du vote et charge l'un de ses disciples de trouver un fusil... - Critique : Parler de politique et d’élections autrement, c’est ce que propose opportunément ce film qui nous entraîne au Bhoutan. Le réalisateur a fait de son pays un décor de fables réalistes qui interrogent les valeurs nationales, le rapport à la tradition et au progrès. Dans L’École du bout du monde (2019), un instituteur de la capitale était nommé dans un village des montagnes, un Bhoutan loin de la modernité mais plein d’enseignements. À nouveau, la vie rurale voit arriver les signes du changement : dans la petite ville d’Ura, au milieu des années 2000, de fausses élections sont organisées pour préparer celles qui eurent vraiment lieu en 2008, instaurant pour la première fois un régime de monarchie constitutionnelle. De telles circonstances permettent d’interroger, avec une innocence retrouvée, le principe même de l’action politique. Pour apprendre à choisir entre plusieurs partis, un système pédagogique est mis en place : votez bleu pour défendre la liberté et l’égalité, rouge pour le développement industriel, jaune pour l’environnement. Il faut aussi s’initier à la participation aux meetings de campagne, découvrir comment on se doit d’insulter les adversaires ! Mais les futurs électeurs doutent, constatent que l’engagement peut provoquer jusqu’à des querelles familiales. Le grand lama semble lui aussi s’inquiéter, qui demande des armes pour redresser la situation. Au même moment, un Américain débarque pour faire l’acquisition d’un fusil de la guerre de Sécession découvert chez un fermier d’Ara. Ses sacs de dollars se heurtent à un détachement philosophique des choses matérielles… Sur un rythme bien trop zen pour la comédie, la fantaisie trouve sa voie. Le personnage de l’Américain sera même un vrai dindon de la farce, ironiquement désigné comme le représentant du monde libre. Mais c’est la tendresse avec laquelle Pawo Choyning Dorji met en scène ses compatriotes qui l’emporte. Dans le pays où le bonheur national brut (BNB) est une aspiration sérieuse, il propose une vision prudente et se montre, malgré tout, heureux de l’entrée du peuple dans une réflexion sur son avenir. Un petit traité de sagesse citoyenne souriante pour saluer l’exercice de la démocratie.

Sur Ciné+ Club dès 17h57 : Le moine et le fusil

De 19h45 à 19h55 Pluie de grâce ou grâce à la pluie

Rediffusion Film : court métrage 10mn Tout public

Un jour de pluie au détour d'un confessionnal, une femme va sans le savoir clôturer un chapitre important de sa vie.

Sur Ciné+ Club dès 19h45 : Pluie de grâce ou grâce à la pluie

De 19h55 à 20h50 Pyonglywood, le cinéma et la Corée du Nord

Rediffusion Documentaire cinéma 55mn Tout public

Depuis la guerre de Corée, les studios de la Chollima à Pyongyang ont produit plus de 300 films. Gros plan sur l'industrie cinématographique du pays le plus fermé de la planète.

Sur Ciné+ Club dès 19h55 : Pyonglywood, le cinéma et la Corée du Nord

De 20h50 à 22h19 How to Have Sex

Film : drame 1h29 -10

Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

Sur Ciné+ Club dès 20h50 : How to Have Sex

De 22h19 à 00h03 Rien sur Robert

Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout public

Didier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle ­ pas proprement révolutionnaire ­ qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

Sur Ciné+ Club dès 22h19 : Rien sur Robert