
Ciné+ Club : Programme TV de la chaîne Ciné+ Club
En ce moment sur Ciné+ Club :
08h30 Une famille brésilienne
Rediffusion Film : drame 1h49 -10A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corveloni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en particulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.
À suivre, dès 10h19 : Almamula (Rediffusion)
En ce moment sur Ciné+ Club :
08h30 Une famille brésilienne
Rediffusion Film : drame 1h49 -10A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corveloni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en particulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.
À suivre, dès 10h19 : Almamula (Rediffusion)
En ce moment sur Ciné+ Club :
08h30 Une famille brésilienne
Rediffusion Film : drame 1h49 -10A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corveloni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en particulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.
À suivre, dès 10h19 : Almamula (Rediffusion)
Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 Miséricorde
Film : drame 1h40 -10Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

22h30 Les destinées sentimentales
Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 Miséricorde
Film : drame 1h40 -10Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

22h30 Les destinées sentimentales
Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 Miséricorde
Film : drame 1h40 -10Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

22h30 Les destinées sentimentales
Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.
