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11h04 Eo
Rediffusion Film : drame 1h26 -10En Pologne, alors qu'il est en train de faire un numéro de cirque avec sa maîtresse Kasandra, EO, un âne gris, est libéré par des militants de la cause animale. Si les intentions des activistes sont louables, elles créent un traumatisme chez cet animal sensible. EO s'échappe et traverse le pays jusqu'à l'Italie pour retrouver sa protectrice. Au cours de ce long périple, il rencontre des personnes bienveillantes ou cruelles, connaît des moments de joie et de peine. Le monde moderne se dévoile devant les yeux mélancoliques et rêveurs de l'âne qui, malgré les épreuves, ne perd jamais son innocence... - Critique : Magie d’un monde qui se crée et s’agrandit sous nos yeux. Alors que le cinéma d’auteur a tendance à se replier sur l’autofiction, pour le meilleur ou pour le pire, voici qu’un réalisateur de 84 ans propose tout l’inverse. Un film où l’homme n’est plus le nombril de l’Univers, et où le créateur se décentre au point de confier le premier rôle à un âne, appelé EO (« Hi-Han »). D’abord propriété d’un cirque ambulant, et choyé par une aimante jeune femme de la troupe, le petit équidé aux yeux tristes est relâché à la suite de l’intervention de militants de la cause animale. Il y perd paradoxalement sa seule protectrice. Passant de main en main, de campagne en ville, et d’un danger à l’autre, que va-t-il devenir dans un environnement le plus souvent hostile à son égard ? Un double mouvement s’enclenche alors. D’un côté, un vaste champ d’expérimentations s’ouvre. Libéré de la rationalité du point de vue humain, Jerzy Skolimowski nous offre une aventure sensorielle enthousiasmante, jouant avec les couleurs et les lumières, l’endroit et l’envers, les stridences et la musique, le naturalisme et les images mentales les plus folles. De l’autre côté, on suit passionnément le chemin de croix de l’âne, comme dans le classique de Robert Bresson, Au hasard Balthazar (1966), film de chevet du réalisateur polonais, et auquel il emprunte sa trame. Voilà EO devenu le vilain petit canard d’un haras, puis le « véhicule » de randonneurs à la campagne. Il s’échappe, tremble dans la nuit des forêts, puis, en ville, se fait capturer par des pompiers. Il devient la mascotte d’une équipe de foot dont les adversaires, battus, se vengeront sur l’animal innocent… Nul besoin de choisir entre l’éblouissement et l’effroi : c’est du cinéma — du vrai — et « aucun animal n’a été blessé sur le tournage », est-il précisé noir sur blanc. Mais la fiction, elle, insiste à bon escient sur le sort de toutes les espèces croisées par EO, du cheval dressé au gibier de chasse, en passant par les chiens à la fourrière et les bovins en sursis, autant de créatures capturées, exploitées, torturées, consommées ou abandonnées par les hommes, comme si cela allait de soi. Rares sont les films de grand cinéaste ouvertement empreints d’antispécisme, cette pensée qui conteste notre place au sommet du règne animal. Il est donc réjouissant qu’un sorcier des images comme Skolimowski s’empare de ces questions. Symétriquement, le tableau fascine, et amuse à l’occasion par son taux de misanthropie assumée. En dehors de la bienfaitrice initiale de l’âne, et d’un jeune curé italien, pas très catholique, nos congénères apparaissent tour à tour comme stupides, avides, violents. Ou emplis d’un sentiment d’importance quelque peu dérisoire. En guest-star tardive, Isabelle Huppert, plus icône que jamais, s’amuse ainsi à opacifier un improbable fragment de psychodrame incestueux, à le jouer tel que l’entrevoit le pauvre EO, c’est-à-dire comme une mascarade incompréhensible. Certains êtres vivants cassent des assiettes avec une grandiloquence théâtrale, d’autres sont conduits à l’abattoir… Jerzy Skolimowski, emblématique du renouveau du cinéma polonais dans les années 1960, parallèlement à la Nouvelle Vague française, a ensuite alterné éclipses et retours en beauté — Essential Killing éblouissait encore ses spectateurs en 2010. Aujourd’hui, EO, Prix du jury à Cannes, tient moins du film de vieux sage que du pur coup d’éclat.
À suivre, dès 12h30 : Jean-François Stévenin, simple messieurs (Rediffusion)
Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 On ne meurt que deux fois
Rediffusion Film policier 1h43 Tout publicLe corps de Charles Berliner est retrouvé dans un terrain vague. Pianiste célèbre devenu clochard, il avait choisi d'abandonner son épouse et de renoncer à sa carrière pour l'amour d'une femme à la beauté mystérieuse, Barbara. L'inspecteur Staniland, chargé de l'enquête, se rend au domicile de la victime. Tandis qu'il écoute des cassettes enregistrées par Berliner, où il avoue sa passion pour Barbara, celle-ci apparaît soudainement. Elle avoue tout naturellement s'être débarrassée de son amant, qu'elle trouvait trop entreprenant. Peu à peu, Staniland s'identifie à la victime, porte ses vêtements et succombe à son tour aux charmes sulfureux de Barbara... - Critique : Flic solitaire, Staniland enquête sur la mort de Charlie Berliner, retrouvé dans un terrain vague. A son domicile, il trouve des cassettes enregistrées évoquant une certaine Barbara, pour laquelle Charlie éprouvait une véritable passion. Dès qu'il rencontre la jeune femme, Staniland est fasciné. Puis il s'identifie à la victime. Le film n'a plus rien à voir avec le roman de Robin Cook (1983) dont il est adapté. Noirceur et violence ont été évacuées au profit d'un face-à-face psychologique, en demi-teintes, entre un flic et une belle garce. Sans surprise : Serrault est matois et Rampling un rien perverse. C'est fait pour plaire au grand public, dans la tradition française d'un travail de qualité : intrigue linéaire, seconds rôles épatants et mise en scène élégante (mais molle). Du cinéma rassurant. Seul véritable trouble, les mots d'Audiard (les derniers écrits avant sa mort). Des phrases inquiètes et pathétiques qui font rire jaune : « Le drame avec la vie, c'est qu'on n'en sort pas vivant. » Prononcées par un génial Michel Serrault, elles font froid dans le dos.
![« On ne meurt que deux fois » ce soir sur Ciné+ Club « On ne meurt que deux fois » sur Ciné+ Club](https://img.tvprogramme.fr/fit,q90/1c7595902d414c9ea46e0587f1d8c7f0.jpeg)
22h33 Séraphine
Rediffusion Film : drame 2h2 Tout publicEn 1912, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du Douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelque temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande lorsqu'il apprend que son auteur n'est autre que Séraphine, à laquelle il n'avait jamais prêté la moindre attention. S'instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d'art d'avant-garde et la femme de ménage visionnaire... - Critique : D'où lui viennent ces pommes, ces grappes de raisin d'un rouge unique, cette luxuriance flamboyante, tel un arbre irréel qui tendrait au ciel ? Du Ciel, précisément, et ça, Séraphine en est sûre. C'est parce qu'elle en a reçu l'ordre de son ange gardien qu'elle peint sans cesse, dès qu'elle a réussi à gagner, en accumulant ménages et lessives dans les maisons bourgeoises de Senlis, les quelques sous qui lui permettent d'acheter du vernis chez le marchand... Séraphine a existé, née en 1864, morte (et enterrée dans une fosse commune) en 1942. Et ce film - triomphe inattendu couronné par plusieurs César (1) - lui a redonné vie. A elle et à son « mentor », le collectionneur Wilhelm Uhde. Deux déclassés. Elle, à peine considérée comme un être vivant par ceux qui la côtoient. Lui, ployant sous une double culpabilité : allemand dans la France de l'après-guerre et homosexuel dans une société qui ne le tolère pas. Le film est sobre, épuré à l'extrême, tout en couleurs neutres où éclatent, par moments, les teintes vives des toiles de Séraphine. L'art comme seul salut possible face aux douleurs de la vie...
![« Séraphine » ce soir sur Ciné+ Club « Séraphine » sur Ciné+ Club](https://img.tvprogramme.fr/fit,q90/14d62ccd549d4192ad759a4477f1f09d.jpg)