Ciné+ Club : Programme TV de la chaîne Ciné+ Club

En ce moment sur Ciné+ Club :

11h04 Eo

Rediffusion Film : drame 1h26 -10
Eo

En Pologne, alors qu'il est en train de faire un numéro de cirque avec sa maîtresse Kasandra, EO, un âne gris, est libéré par des militants de la cause animale. Si les intentions des activistes sont louables, elles créent un traumatisme chez cet animal sensible. EO s'échappe et traverse le pays jusqu'à l'Italie pour retrouver sa protectrice. Au cours de ce long périple, il rencontre des personnes bienveillantes ou cruelles, connaît des moments de joie et de peine. Le monde moderne se dévoile devant les yeux mélancoliques et rêveurs de l'âne qui, malgré les épreuves, ne perd jamais son innocence... - Critique : Magie d’un monde qui se crée et s’agrandit sous nos yeux. Alors que le cinéma d’auteur a tendance à se replier sur l’autofiction, pour le meilleur ou pour le pire, voici qu’un réalisateur de 84 ans propose tout l’inverse. Un film où l’homme n’est plus le nombril de l’Univers, et où le créateur se décentre au point de confier le premier rôle à un âne, appelé EO (« Hi-Han »).  D’abord propriété d’un cirque ambulant, et choyé par une aimante jeune femme de la troupe, le petit équidé aux yeux tristes est relâché à la suite de l’intervention de militants de la cause animale. Il y perd paradoxalement sa seule protectrice. Passant de main en main, de campagne en ville, et d’un danger à l’autre,  que va-t-il devenir dans un environnement le plus souvent hostile à son égard ? Un double mouvement s’enclenche alors. D’un côté, un vaste champ d’expérimentations s’ouvre. Libéré de la rationalité du point de vue humain, Jerzy Skolimowski nous offre une aventure sensorielle enthousiasmante, jouant avec les couleurs et les lumières, l’endroit et l’envers, les stridences et la musique, le naturalisme et les images mentales les plus folles.  De l’autre côté, on suit passionnément le chemin de croix de l’âne, comme dans le classique de Robert Bresson,  Au hasard Balthazar (1966), film de chevet du réalisateur polonais, et auquel il emprunte sa trame. Voilà EO devenu le vilain petit canard d’un haras, puis le « véhicule » de randonneurs à la campagne. Il s’échappe, tremble dans la nuit des forêts, puis, en ville, se fait capturer par des pompiers. Il devient la mascotte d’une équipe de foot  dont les adversaires, battus, se vengeront sur l’animal innocent… Nul besoin de choisir entre l’éblouissement et l’effroi : c’est du cinéma — du vrai — et « aucun animal n’a été blessé sur le tournage », est-il précisé noir sur blanc. Mais la fiction, elle, insiste à bon escient sur le sort de toutes les espèces croisées par EO, du cheval dressé au gibier de chasse, en passant par les chiens à la fourrière et les bovins en sursis, autant de créatures capturées, exploitées, torturées, consommées ou abandonnées par les hommes, comme si cela allait de soi. Rares sont les films de grand cinéaste ouvertement empreints d’antispécisme, cette pensée qui conteste notre place au sommet du règne animal. Il est donc réjouissant qu’un sorcier des images comme Skolimowski s’empare de ces questions. Symétriquement, le tableau fascine, et amuse à l’occasion par son taux de misanthropie assumée. En dehors de la bienfaitrice initiale de l’âne, et d’un jeune curé italien, pas très catholique, nos congénères apparaissent tour à tour comme stupides, avides, violents. Ou emplis d’un sentiment d’importance quelque peu dérisoire. En guest-star tardive, Isabelle Huppert, plus icône que jamais, s’amuse ainsi à opacifier un improbable fragment de psychodrame incestueux, à le jouer tel que l’entrevoit le pauvre EO, c’est-à-dire comme une mascarade incompréhensible. Certains êtres vivants cassent des assiettes avec une grandiloquence théâtrale, d’autres sont conduits à l’abattoir… Jerzy Skolimowski, emblématique du renouveau du cinéma polonais dans les années 1960, parallèlement à la Nouvelle Vague française, a ensuite alterné éclipses et retours en beauté — Essential Killing éblouissait encore ses spectateurs en 2010. Aujourd’hui, EO, Prix du jury à Cannes, tient moins du film de vieux sage que du pur coup d’éclat.

47min

À suivre, dès 12h30 : Jean-François Stévenin, simple messieurs (Rediffusion)

Ce soir sur Ciné+ Club :

20h50 On ne meurt que deux fois

Rediffusion Film policier 1h43 Tout public

Le corps de Charles Berliner est retrouvé dans un terrain vague. Pianiste célèbre devenu clochard, il avait choisi d'abandonner son épouse et de renoncer à sa carrière pour l'amour d'une femme à la beauté mystérieuse, Barbara. L'inspecteur Staniland, chargé de l'enquête, se rend au domicile de la victime. Tandis qu'il écoute des cassettes enregistrées par Berliner, où il avoue sa passion pour Barbara, celle-ci apparaît soudainement. Elle avoue tout naturellement s'être débarrassée de son amant, qu'elle trouvait trop entreprenant. Peu à peu, Staniland s'identifie à la victime, porte ses vêtements et succombe à son tour aux charmes sulfureux de Barbara... - Critique : Flic solitaire, Staniland enquête sur la mort de Charlie Berliner, retrouvé dans un terrain vague. A son domicile, il trouve des cassettes enregistrées évoquant une certaine Barbara, pour laquelle Charlie éprouvait une véritable passion. Dès qu'il rencontre la jeune femme, Staniland est fasciné. Puis il s'identifie à la victime. Le film n'a plus rien à voir avec le roman de Robin Cook (1983) dont il est adapté. Noirceur et violence ont été évacuées au profit d'un face-à-face psychologique, en demi-teintes, entre un flic et une belle garce. Sans surprise : Serrault est matois et Rampling un rien perverse. C'est fait pour plaire au grand public, dans la tradition française d'un travail de qualité : intrigue linéaire, seconds rôles épatants et mise en scène élégante (mais molle). Du cinéma rassurant. Seul véritable trouble, les mots d'Audiard (les derniers écrits avant sa mort). Des phrases inquiètes et pathétiques qui font rire jaune : « Le drame avec la vie, c'est qu'on n'en sort pas vivant. » Prononcées par un génial Michel Serrault, elles font froid dans le dos.

« On ne meurt que deux fois » sur Ciné+ Club

22h33 Séraphine

Rediffusion Film : drame 2h2 Tout public

En 1912, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du Douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelque temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande lorsqu'il apprend que son auteur n'est autre que Séraphine, à laquelle il n'avait jamais prêté la moindre attention. S'instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d'art d'avant-garde et la femme de ménage visionnaire... - Critique : D'où lui viennent ces pommes, ces grappes de raisin d'un rouge unique, cette luxuriance flamboyante, tel un arbre irréel qui tendrait au ciel ? Du Ciel, précisément, et ça, Séraphine en est sûre. C'est parce qu'elle en a reçu l'ordre de son ange gardien qu'elle peint sans cesse, dès qu'elle a réussi à gagner, en accumulant ménages et lessives dans les maisons bourgeoises de Senlis, les quelques sous qui lui permettent d'acheter du vernis chez le marchand... Séraphine a existé, née en 1864, morte (et enterrée dans une fosse commune) en 1942. Et ce film - triomphe inattendu couronné par plusieurs César (1) - lui a redonné vie. A elle et à son « mentor », le collectionneur Wilhelm Uhde. Deux déclassés. Elle, à peine considérée comme un être vivant par ceux qui la côtoient. Lui, ployant sous une double culpabilité : allemand dans la France de l'après-guerre et homosexuel dans une société qui ne le tolère pas. Le film est sobre, épuré à l'extrême, tout en couleurs neutres où éclatent, par moments, les teintes vives des toiles de Séraphine. L'art comme seul salut possible face aux douleurs de la vie...

« Séraphine » sur Ciné+ Club

Programme Ciné+ Club de la journée d'aujourd'hui

Samedi 27 Juillet 2024

De 07h04 à 08h30 Christophe... définitivement

Rediffusion Film documentaire 1h26 Tout public

Après quasiment trois décennies d'absence, Christophe, chanteur révélé dans les années 1960 en pleine période "yéyé", revient sur scène en mars 2002, pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans. Ce documentaire dévoile les coulisses de ce concert émouvant donné à l'Olympia, mais suit également l'artiste dans l'intimité de son appartement, là où Christophe, emporté par la maladie au mois d'avril 2020 à l'âge de 74 ans, aimait se retrouver au milieu de ses innombrables trésors accumulés au fil du temps. Dans ce décor original, l'interprète d'"Aline" et des "Mots bleus" profitait d'une atmosphère propice à l'écriture de ses chansons. - Critique : Christophe s’en est allé secrètement, au début de la pandémie, à 74 ans. Tout aussi discrètement apparaissait alors sur la plateforme de la Cinémathèque Personne n’est à la place de personne, récit filmique par Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia de leur collaboration à six mains pour les concerts du musicien à l’Olympia, en 2002. Les deux artistes plasticiens persistent et livrent un nouvel hommage au dandy de la chanson avec ce documentaire sur les tribulations scéniques, et en coulisses, du Christophe d’il y a vingt ans. À travers leur regard épris, on distingue deux Christophe : l’icône auréolée par la lumière des projecteurs sur scène, et Daniel Bevilacqua (nom de naissance), l’homme qui bidouille et bavarde. Le montage alterne entre le premier, rock star exigeante, et le second, poète anxieux tout en interrogations et divagations. On l’observe au travail, backstage, ou dans son appartement-studio. Entouré de ses bibelots et grigris, il a ses obsessions, ses manies. Son tic, « Tu vois ce que je veux dire ? », ponctue des anecdotes comme une ritournelle. Il exige que son prompteur affiche des mots violets — pas bleus ni blancs : le technicien s’exécute. Christophe n’apprenait pas ses textes. Les plasticiens devenus réalisateurs orchestrent une synthèse progressive. Les bribes deviennent des morceaux concrets, moments de bravoure musicaux sur scène. On accède alors au concert complet, dans toute sa cinégénie. Christophe et le cinéma, c’est une évidence, comme quand, dans un geste éthéré, il mettait du Charles Péguy en musique pour Jeanne, de Bruno Dumont. « 2001, Zéro de conduite, Crash, Les Valseuses… » : il énumère volontiers les films de son cœur. Spectateur et animal de cinéma, « le plus embrasé que la Terre ait porté », comme il le chantait dans son ultime album sur le morceau Définitivement.

Sur Cine Plus Club dès 07h04 : Christophe... définitivement

De 08h30 à 11h04 Ran

Rediffusion Film : drame 2h34 -10

A la fin du XVIe siècle, dans le Japon féodal. Le clan Ichimonji, l'un des plus puissants du pays, est dirigé d'une main de fer par le vieil Hidetora. Sentant la lassitude le gagner, Hidetora décide de laisser le pouvoir à ses trois fils, Taro, Jiro et Saburo. Le partage se fait à l'issue d'une partie de chasse, selon un rituel respecté à la lettre, l'aîné, Taro, ayant désormais le rôle prépondérant. A chacun d'entre eux revient un château. Mais Saburo, le cadet, refuse, craignant que des querelles n'éclatent au sein du clan. Il est aussitôt banni et déshérité par son père. Pourtant, ses craintes se révèlent fondées. Ses deux frères, Taro et Jiro, ont tôt fait d'éloigner Hidetora et se livrent une lutte sans merci pour le pouvoir. - Critique : GENRE : Apocalypse nô. Akira Kurosawa était fasciné par l'histoire de Motonari Mori, chef de guerre du xvie siècle, légendaire au Japon pour avoir su transmettre sa fougue, son courage, mais aussi sa sagesse à ses descendants. La genèse de Ran répond à cette interrogation : quel aurait été l'avenir de la famille Mori si les fils s'étaient opposés à leur père et s'étaient déchirés ? Le projet, l'un des plus ambitieux du réalisateur des Sept Samouraïs, va ainsi glisser de la fresque médiévale à la tragédie shakespearienne via une adaptation exemplaire du Roi Lear. Kurosawa transforme les filles de la pièce en fils, développe des thèmes seulement esquissés par le dramaturge anglais (notamment la responsabilité du vieux monarque dans la folie autodestructrice de ses enfants), fusionne certains personnages secondaires et en imagine d'autres, saisissants — comment ne pas être impressionné par l'impitoyable Kaede, qui évoque autant lady Macbeth que la femme-serpent du théâtre kabuki ? Les pentes du mont Fuji deviennent la scène d'un théâtre de bruit et de fureur, où les passions humaines conduisent inexorablement à la désolation. Les cadavres criblés de flèches s'entassent, un amputé tient son bras coupé avec sa main valide, les servantes se poignardent par fidélité envers leur seigneur et maître déchu (Tatsuya Nakadai, dont le jeu réussit la synthèse du réalisme occidental et de la stylisation du théâtre nô). Kurosawa organise ce chaos (ran, en japonais) en peintre du clair-obscur et du rouge sang qui connaît son Caravage et son Paolo Uccello sur le bout du pinceau. Et le spectacle de l'horreur devient oeuvre d'art.

Sur Cine Plus Club dès 08h30 : Ran

De 11h04 à 12h30 Eo

Rediffusion Film : drame 1h26 -10

En Pologne, alors qu'il est en train de faire un numéro de cirque avec sa maîtresse Kasandra, EO, un âne gris, est libéré par des militants de la cause animale. Si les intentions des activistes sont louables, elles créent un traumatisme chez cet animal sensible. EO s'échappe et traverse le pays jusqu'à l'Italie pour retrouver sa protectrice. Au cours de ce long périple, il rencontre des personnes bienveillantes ou cruelles, connaît des moments de joie et de peine. Le monde moderne se dévoile devant les yeux mélancoliques et rêveurs de l'âne qui, malgré les épreuves, ne perd jamais son innocence... - Critique : Magie d’un monde qui se crée et s’agrandit sous nos yeux. Alors que le cinéma d’auteur a tendance à se replier sur l’autofiction, pour le meilleur ou pour le pire, voici qu’un réalisateur de 84 ans propose tout l’inverse. Un film où l’homme n’est plus le nombril de l’Univers, et où le créateur se décentre au point de confier le premier rôle à un âne, appelé EO (« Hi-Han »).  D’abord propriété d’un cirque ambulant, et choyé par une aimante jeune femme de la troupe, le petit équidé aux yeux tristes est relâché à la suite de l’intervention de militants de la cause animale. Il y perd paradoxalement sa seule protectrice. Passant de main en main, de campagne en ville, et d’un danger à l’autre,  que va-t-il devenir dans un environnement le plus souvent hostile à son égard ? Un double mouvement s’enclenche alors. D’un côté, un vaste champ d’expérimentations s’ouvre. Libéré de la rationalité du point de vue humain, Jerzy Skolimowski nous offre une aventure sensorielle enthousiasmante, jouant avec les couleurs et les lumières, l’endroit et l’envers, les stridences et la musique, le naturalisme et les images mentales les plus folles.  De l’autre côté, on suit passionnément le chemin de croix de l’âne, comme dans le classique de Robert Bresson,  Au hasard Balthazar (1966), film de chevet du réalisateur polonais, et auquel il emprunte sa trame. Voilà EO devenu le vilain petit canard d’un haras, puis le « véhicule » de randonneurs à la campagne. Il s’échappe, tremble dans la nuit des forêts, puis, en ville, se fait capturer par des pompiers. Il devient la mascotte d’une équipe de foot  dont les adversaires, battus, se vengeront sur l’animal innocent… Nul besoin de choisir entre l’éblouissement et l’effroi : c’est du cinéma — du vrai — et « aucun animal n’a été blessé sur le tournage », est-il précisé noir sur blanc. Mais la fiction, elle, insiste à bon escient sur le sort de toutes les espèces croisées par EO, du cheval dressé au gibier de chasse, en passant par les chiens à la fourrière et les bovins en sursis, autant de créatures capturées, exploitées, torturées, consommées ou abandonnées par les hommes, comme si cela allait de soi. Rares sont les films de grand cinéaste ouvertement empreints d’antispécisme, cette pensée qui conteste notre place au sommet du règne animal. Il est donc réjouissant qu’un sorcier des images comme Skolimowski s’empare de ces questions. Symétriquement, le tableau fascine, et amuse à l’occasion par son taux de misanthropie assumée. En dehors de la bienfaitrice initiale de l’âne, et d’un jeune curé italien, pas très catholique, nos congénères apparaissent tour à tour comme stupides, avides, violents. Ou emplis d’un sentiment d’importance quelque peu dérisoire. En guest-star tardive, Isabelle Huppert, plus icône que jamais, s’amuse ainsi à opacifier un improbable fragment de psychodrame incestueux, à le jouer tel que l’entrevoit le pauvre EO, c’est-à-dire comme une mascarade incompréhensible. Certains êtres vivants cassent des assiettes avec une grandiloquence théâtrale, d’autres sont conduits à l’abattoir… Jerzy Skolimowski, emblématique du renouveau du cinéma polonais dans les années 1960, parallèlement à la Nouvelle Vague française, a ensuite alterné éclipses et retours en beauté — Essential Killing éblouissait encore ses spectateurs en 2010. Aujourd’hui, EO, Prix du jury à Cannes, tient moins du film de vieux sage que du pur coup d’éclat.

Sur Cine Plus Club dès 11h04 : Eo

De 12h30 à 13h30 Jean-François Stévenin, simple messieurs

Rediffusion Documentaire cinéma 1h Tout public

Acteur, Jean-François Stévenin a tourné sous la direction de Truffaut, Rivette, Godard et Mazuy. Réalisateur, il a filmé trois long-métrages devenus cultes. Laurent Achard interroge l'artiste sur son travail, mais aussi sur un projet inabouti, qui lui tenait à coeur, avec la veuve de Louis-Ferdinand Céline.

Sur Cine Plus Club dès 12h30 : Jean-François Stévenin, simple messieurs

De 13h30 à 15h03 Victoria

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h33 Tout public

Victoria, avocate pénaliste, s'occupe seule de ses deux enfants depuis qu'elle s'est séparée de son mari. Celui-ci, qui se veut écrivain, consigne leur vie de couple passée, à la grande consternation de la jeune femme. Tout bascule quand, au cours d'un mariage, Victoria croise Vincent, un ami, et Sam, un ancien dealer qu'elle a autrefois aidé. En effet, le lendemain, Vincent, accusé par sa femme de l'avoir agressée pendant la soirée, demande à ce que Victoria soit son avocate. Au même moment, Sam se propose d'aider la jeune femme, qui a du mal à concilier sa vie familiale et professionnelle... - Critique : Cette Victoria, dépressive, la quarantaine, est-elle l’héroïne d’une comédie ? Oui, car elle est burlesque, jusque dans ses dénis, cette avocate pénaliste, mère séparée de surcroît. Son baby-sitter la lâche, ses plans sexe tournent au fiasco, et son ex-mari divulgue une part de son intimité sur un blog. Et voilà que son meilleur ami, soupçonné d’avoir poignardé sa femme, lui demande de le défendre… Le trop-plein, la confusion des genres et des sentiments, le travail, la famille et l’amour entremêlés : tout cela était déjà dans La Bataille de Solférino , premier film de Justine Triet. Victoria, chronique qui varie les tempos, est plus écrit, plus accrocheur, dans la lignée de modèles hollywoodiens (Billy Wilder, Blake ­Edwards). Il offre des reflets justes du monde contemporain, entre rire, angoisse, addictions, quête narcissique et obligation de tout gérer et juger, en vitesse accélérée. On n’avait encore jamais vu ­Virginie Efira ainsi : baro­que ou réservée, éclatante ou éteinte, conquérante ou amorphe.

Sur Cine Plus Club dès 13h30 : Victoria

De 15h03 à 16h42 Le Parfum vert

Rediffusion Film : comédie policière 1h39 -10

Au cours d'une représentation à la Comédie-Française, Martin assiste à l'empoisonnement d'un collègue comédien sur scène. Le public et la troupe sont choqués par cet assassinat commis sous leurs yeux. Avant de décéder, la victime est parvenue à donner un indice de taille : le nom de l'organisation secrète qui aurait commandité son meurtre. Ses membres ont désormais pour objectif de supprimer Martin après que ce dernier a fortuitement découvert leur existence. Celui-ci se lance alors dans une vaste enquête, accompagné par Claire, une dessinatrice, pour élucider cet empoisonnement et arrêter les tueurs. Tous deux entament un périple qui va les mener à travers toute l'Europe... - Critique : Succès public et critique, Alice et le Maire (avec Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini) a placé la barre haut, a fortiori après le beau et ténébreux Grand Jeu (avec Melvil Poupaud et Clémence Poésy). Alors quand le réalisateur Nicolas Pariser annonce qu’il entend croiser l’esprit de Hergé avec celui de Hitchcock dans une comédie d’espionnage, l’attente est grande. Et le film démarre en trombe, sous les ors la Comédie-Française : un acteur est assassiné pendant une représentation, par empoisonnement. Soupçonné par la police, poursuivi par l’organisation criminelle secrète qui a commandité le meurtre, un comédien de la troupe (Vincent Lacoste) prend la fuite et rencontre, en pleine panique, une dessinatrice de bande dessinée (Sandrine Kiberlain). Tous deux décident d’élucider le mystère. Leur enquête les fait traverser l’Europe, de Bruxelles à Budapest… Si les acteurs étincellent, parfaitement accordés entre eux et à la tonalité du projet, le film tend hélas à se scinder. D’un côté, il y a la judéité commune aux deux personnages, source d’une belle profondeur. Elle s’assortit chez lui d’une angoisse permanente — parfois comique — et, chez elle, d’une envie momentanée d’échapper à l’angoisse de sa mère, d’où sa disponibilité… De l’autre côté, il y a la conspiration criminelle et ses motivations, trop fumeuses, sans doute, pour occuper la place que Nicolas Pariser leur accorde. Dénué de l’unité remarquable qui caractérisait Le Grand Jeu, où les théories et le romanesque faisaient corps, le résultat demeure épars, inégal. C’est presque une troisième option qui, finalement s’impose, dans un théâtre hongrois filmé à la Brian de Palma (lui-même obsédé par Hitchcock), sans dissiper tout à fait le flottement de ce Parfum.

Sur Cine Plus Club dès 15h03 : Le Parfum vert

De 16h42 à 18h01 Le secret des banquises

Rediffusion Film : comédie 1h19 Tout public

Avec ses équipes, le professeur Quignard travaille depuis longtemps sur une protéine émise par des pingouins stressés, aux vertus immunisantes. Alors que les scientifiques français travaillent sur des souris, une équipe concurrente, américaine, affirme avoir passé le stade des cobayes humains. Cette nouvelle pourrait mettre en péril la poursuite des recherches de Quignard, qui rêve déjà du prix Nobel. C'est alors que Christophine, timide laborantine, secrètement amoureuse de Quignard, décide de s'injecter le produit expérimental. Elle parvient ainsi à se rapprocher du professeur, amené à travailler quotidiennement avec elle... - Critique : Le scénario, audacieux, commence comme du Howard Hawks (Chérie, je me sens rajeunir). Et finit à la lisière du fantastique, par le triomphe de l’amour fou. Au sens propre… Dans son laboratoire, le professeur Quignard étudie les effets d’une protéine émise par des pingouins stressés. S’il rêve déjà du Nobel, une de ses laborantines, Christophine (que tout le monde appelle Corinne, Pauline, Joséphine…), ne rêve que de lui, si sexy derrière ses lunettes. Pour attirer son attention, Christophine (Charlotte Le Bon, farfelue d’abord, puis lunaire) s’inocule une dose de l’élixir magique. La réussite est mitigée : certes, le professeur la contemple avec ­attention, mais comme cobaye, et non en tant qu’objet de désir… C’est lorsqu’elle mise sur l’excentricité que la réalisatrice séduit le plus, ainsi avec cet employé timide, mais sexuellement doué, que Damien Chapelle rend extra. Elle excelle aussi dans le marivaudage, distillant autour de ses héros métamorphosés par l’amour une douceur presque angoissante. On doit une revanche à la jeune cinéaste : passé inaperçu en salles, son film mérite d’être (re)découvert. Et aimé.

Sur Cine Plus Club dès 16h42 : Le secret des banquises

De 18h01 à 19h34 Calme blanc

Rediffusion Film : thriller 1h33 -10

Rae et John Ingram entreprennent une croisière à bord de leur voilier afin d'oublier la mort accidentelle de leur enfant. Un jour de calme plat, ils aperçoivent un bateau en difficulté et un homme en canot qui se dirige vers eux. Au bord de l'épuisement, Hughie Warriner leur explique qu'il est resté plusieurs jours seul sur son bateau en perdition. Les autres passagers ont tous succombé à une intoxication alimentaire. John reste sceptique. Il décide, une fois le naufragé couché, d'aller vérifier ses allégations. Il découvre sur le voilier les corps horriblement mutilés de six personnes... - Critique : | Genre : bleu, blanc, rousse. « Nous avons des semaines et des semaines sur une mer d'huile et puis nous redeviendrons plus forts », promet John à Rae. Ils sont partis loin de tout, en bateau, pour faire le deuil de leur bébé, décédé dans un accident de voiture. Mais, un jour, sur le bleu de l'horizon, apparaît un point noir : Hughie, seul survivant d'un bateau en train de couler. Il rame, de dos, jusqu'à eux, et déjà le malaise s'installe... C'est bien le mal qu'ils recueillent sur leur voilier, cette bulle utérine où ils s'étaient juré de renaître... Les personnages sont plantés d'office, par la scène inaugurale et atroce de la mort de l'enfant : cet homme et cette femme, déjà tués par le chagrin, sont donc indestructibles. Philip Noyce sait ménager le suspense, chacun de ses plans saisit la peur à son meilleur. Les couleurs éclatantes du décor deviennent sources d'angoisse : la blancheur aveuglante du bateau attend d'être ensanglantée, le bleu uni de l'eau d'être troublé par la chute d'un corps. Billy Zane, le mâle malfaisant, tel un Brando jeune, tout de sensualité trouble, s'oppose à Sam Neill, image parfaite du mari taillé dans le roc. Entre ces deux archétypes virils, Nicole Kidman rayonne dans son premier grand rôle. Flamboyante et naturelle, sa chevelure rousse s'assortit aux quelques gouttes de sang qui ponctuent ce triangle infernal et naval.

Sur Cine Plus Club dès 18h01 : Calme blanc

De 19h34 à 19h57 Hyènes

Rediffusion Film : court métrage dramatique 23mn -10

A sa sortie de prison, une détenue part retrouver l'amour de sa vie. Ensemble, elles voulaient renverser le système. On les appelait "Les Hyènes".

Sur Cine Plus Club dès 19h34 : Hyènes

De 19h57 à 20h50 Charlotte Rampling, le cinéma comme un essentiel

Rediffusion Documentaire cinéma 53mn Tout public

Ce documentaire retrace le parcours de l'une des comédiennes les plus mystérieuses du cinéma, qui a mené de front une carrière en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, capable d'émouvoir comme de glacer. De la jeune femme branchée du Swinging London à l'actrice accomplie d'aujourd'hui, Charlotte Rampling a rayonné chez les plus grands réalisateurs : Visconti, Liliana Cavani, Woody Allen, Sidney Lumet, François Ozon. Sa riche filmographie, la diversité de ses rôles, les risques qu'elle a pris en tant qu'actrice, les échos troublants que ses choix pouvaient entretenir avec sa propre vie, révèle une actrice au jeu intérieur profond, dont l'humanité ressort par petites touches. Archives rares, photos de plateau, images de tournage, et films personnels illustrent les propos de ceux qui ont travaillé avec elle.

Sur Cine Plus Club dès 19h57 : Charlotte Rampling, le cinéma comme un essentiel

De 20h50 à 22h33 On ne meurt que deux fois

Rediffusion Film policier 1h43 Tout public

Le corps de Charles Berliner est retrouvé dans un terrain vague. Pianiste célèbre devenu clochard, il avait choisi d'abandonner son épouse et de renoncer à sa carrière pour l'amour d'une femme à la beauté mystérieuse, Barbara. L'inspecteur Staniland, chargé de l'enquête, se rend au domicile de la victime. Tandis qu'il écoute des cassettes enregistrées par Berliner, où il avoue sa passion pour Barbara, celle-ci apparaît soudainement. Elle avoue tout naturellement s'être débarrassée de son amant, qu'elle trouvait trop entreprenant. Peu à peu, Staniland s'identifie à la victime, porte ses vêtements et succombe à son tour aux charmes sulfureux de Barbara... - Critique : Flic solitaire, Staniland enquête sur la mort de Charlie Berliner, retrouvé dans un terrain vague. A son domicile, il trouve des cassettes enregistrées évoquant une certaine Barbara, pour laquelle Charlie éprouvait une véritable passion. Dès qu'il rencontre la jeune femme, Staniland est fasciné. Puis il s'identifie à la victime. Le film n'a plus rien à voir avec le roman de Robin Cook (1983) dont il est adapté. Noirceur et violence ont été évacuées au profit d'un face-à-face psychologique, en demi-teintes, entre un flic et une belle garce. Sans surprise : Serrault est matois et Rampling un rien perverse. C'est fait pour plaire au grand public, dans la tradition française d'un travail de qualité : intrigue linéaire, seconds rôles épatants et mise en scène élégante (mais molle). Du cinéma rassurant. Seul véritable trouble, les mots d'Audiard (les derniers écrits avant sa mort). Des phrases inquiètes et pathétiques qui font rire jaune : « Le drame avec la vie, c'est qu'on n'en sort pas vivant. » Prononcées par un génial Michel Serrault, elles font froid dans le dos.

Sur Cine Plus Club dès 20h50 : On ne meurt que deux fois

De 22h33 à 00h35 Séraphine

Rediffusion Film : drame 2h2 Tout public

En 1912, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du Douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelque temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande lorsqu'il apprend que son auteur n'est autre que Séraphine, à laquelle il n'avait jamais prêté la moindre attention. S'instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d'art d'avant-garde et la femme de ménage visionnaire... - Critique : D'où lui viennent ces pommes, ces grappes de raisin d'un rouge unique, cette luxuriance flamboyante, tel un arbre irréel qui tendrait au ciel ? Du Ciel, précisément, et ça, Séraphine en est sûre. C'est parce qu'elle en a reçu l'ordre de son ange gardien qu'elle peint sans cesse, dès qu'elle a réussi à gagner, en accumulant ménages et lessives dans les maisons bourgeoises de Senlis, les quelques sous qui lui permettent d'acheter du vernis chez le marchand... Séraphine a existé, née en 1864, morte (et enterrée dans une fosse commune) en 1942. Et ce film - triomphe inattendu couronné par plusieurs César (1) - lui a redonné vie. A elle et à son « mentor », le collectionneur Wilhelm Uhde. Deux déclassés. Elle, à peine considérée comme un être vivant par ceux qui la côtoient. Lui, ployant sous une double culpabilité : allemand dans la France de l'après-guerre et homosexuel dans une société qui ne le tolère pas. Le film est sobre, épuré à l'extrême, tout en couleurs neutres où éclatent, par moments, les teintes vives des toiles de Séraphine. L'art comme seul salut possible face aux douleurs de la vie...

Sur Cine Plus Club dès 22h33 : Séraphine