Ciné+ Club : Programme TV de la chaîne Ciné+ Club

En ce moment sur Ciné+ Club :

08h30 Une famille brésilienne

Rediffusion Film : drame 1h49 -10
Une famille brésilienne

A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corve­loni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en par­ticulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.

45min

À suivre, dès 10h19 : Almamula (Rediffusion)

En ce moment sur Ciné+ Club :

08h30 Une famille brésilienne

Rediffusion Film : drame 1h49 -10
Une famille brésilienne

A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corve­loni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en par­ticulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.

45min

À suivre, dès 10h19 : Almamula (Rediffusion)

En ce moment sur Ciné+ Club :

08h30 Une famille brésilienne

Rediffusion Film : drame 1h49 -10
Une famille brésilienne

A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corve­loni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en par­ticulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.

45min

À suivre, dès 10h19 : Almamula (Rediffusion)

Ce soir sur Ciné+ Club :

20h50 Miséricorde

Film : drame 1h40 -10

Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

« Miséricorde » sur Ciné+ Club

22h30 Les destinées sentimentales

Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public

1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à ­travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

« Les destinées sentimentales » sur Ciné+ Club

Ce soir sur Ciné+ Club :

20h50 Miséricorde

Film : drame 1h40 -10

Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

« Miséricorde » sur Ciné+ Club

22h30 Les destinées sentimentales

Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public

1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à ­travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

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Ce soir sur Ciné+ Club :

20h50 Miséricorde

Film : drame 1h40 -10

Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

« Miséricorde » sur Ciné+ Club

22h30 Les destinées sentimentales

Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public

1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à ­travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

« Les destinées sentimentales » sur Ciné+ Club

Programme Ciné+ Club de la journée d'aujourd'hui

Lundi 28 Avril 2025

De 08h30 à 10h19 Une famille brésilienne

Rediffusion Film : drame 1h49 -10

A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corve­loni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en par­ticulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.

Sur Cine Plus Club dès 08h30 : Une famille brésilienne

De 10h19 à 11h52 Almamula

Rediffusion Film : drame 1h33 Tout public

Santiago del Estero, une ville située au nord de l'Argentine. Dans son paisible quartier, le jeune Nino est régulièrement victime d'actes homophobes en raison de son apparence efféminée. Afin de le protéger, sa mère, une femme très croyante, décide d'emmener toute la famille à la campagne pour y passer les vacances d'été au calme. La forêt près de la maison a la réputation d'être hantée par l'Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous ceux qui commettent des péchés charnels. Alors qu'il assiste aux leçons de catéchisme en préparation de sa confirmation, Nino se sent étrangement attiré par la forêt maudite...

Sur Cine Plus Club dès 10h19 : Almamula

De 11h52 à 13h19 Marilù, rencontre avec une femme remarquable

Rediffusion Film documentaire 1h27 Tout public

Née à Buenos Aires en 1945, la comédienne de théâtre Marilú Marini a toujours fait preuve d'une démesure et d'une inventivité qui remplissent le public d'une stupeur joyeuse. Sandrine Dumas, qui a partagé la scène avec elle il y a trente ans, l'a suivie de 2016 à 2022 entre la France et l'Argentine. A plus de 70 ans, celle qui est l'égérie du théâtre d'Alfredo Arias depuis 1973 pose un regard sur le monde qui allie la joie de vivre, le goût de la transgression et la volonté de ne jamais lâcher... - Critique : Son visage mouvant se crispe puis explose d’un rire en cascade. Son corps se tord, saute, danse. Marilù Marini, actrice de théâtre et de cinéma née en Argentine dans les années 1940, est clownesque, grave, puissante. À l’image de son parcours de vie. Sous la caméra de Sandrine Dumas, elle scintille. En filmant l’actrice au travail, la réalisatrice offre un hommage à cette femme incroyable, aborde en filigrane l’amitié, la rigueur du métier, le corps qui vieillit. Et nous émeut aux larmes.

Sur Cine Plus Club dès 11h52 : Marilù, rencontre avec une femme remarquable

De 13h19 à 13h29 Foutaises

Rediffusion Film : court métrage 10mn Tout public

Les "j'aime, j'aime pas" tranchants de Dominique Pinon, sur une musique de Carlos d'Alessio.

Sur Cine Plus Club dès 13h19 : Foutaises

De 13h29 à 15h20 Travelling avant

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h51 Tout public

Nino, un jeune provincial, est monté à Paris "parce que l'on peut y voir plus de films qu'ailleurs". Un jour, dans un obscur ciné-club de banlieue, il rencontre Donald, passionné de cinéma lui aussi. Nino et Donald deviennent aussitôt de grands amis. Ils rêvent de monter leur ciné-club, afin de faire connaître les films qu'ils aiment. Très vite, les difficultés financières s'accumulent. Les deux amis, en effet, ne vivent que pour leur passion. Le destin place sur leur chemin la jolie Barbara, qu'ils aiment comme ils peuvent, c'est-à-dire sincèrement mais anarchiquement. Ils finissent par concrétiser leur projet, mais cette fois encore, la réalité menace...

Sur Cine Plus Club dès 13h29 : Travelling avant

De 15h20 à 17h22 Sils Maria

Rediffusion Film : drame 2h2 Tout public

Maria Enders au sommet de sa carrière internationale, se voit proposer de rejouer dans la pièce qui l'a lancée quand elle avait 18 ans. Mais cette fois, au lieu de jouer la jeune et ambitieuse Sigrid, on lui propose celui d'Helena, femme blessée par la vie. Amie fidèle de l'auteur de la pièce, qui vient de mourir, Maria accepte le rôle et se rend à Sils Maria, une région des Alpes suisses, pour répéter le rôle en compagnie de son assistante, Valentine. Elle sait qu'en face d'elle, dans le rôle de Sigrid, se trouvera Jo-Ann Ellis, jeune starlette, cible favorite des magazine people, qui cherche à donner un nouveau souffle à sa carrière... - Critique : Dans un train qui file vers la Suisse, la comédienne Maria Enders apprend la mort du dramaturge Wilhelm Melchior. Et c’est comme si elle repartait en arrière, vers le passé. Au cœur des montagnes de la Haute-Engadine, elle va répéter l’une des pièces de l’auteur. Celle qui l’avait révélée, vingt ans plus tôt : elle jouait une jeune fille troublant une femme mûre, jusqu’au suicide. Elle sera désormais la femme mûre troublée. Le temps redistribue les rôles… En osmose avec Juliette Binoche, Olivier Assayas trace le portrait d’une comédienne passionnée par son travail et peut-être aveuglée par cette passion. La solitude est en embuscade. Même le monde protecteur du théâtre et du cinéma se transforme. Deux jeunes femmes, son assistante personnelle (Kristen Stewart) et l’actrice qui lui donne la réplique sur scène (Chloë Grace Moretz), incarnent cette réalité en mouvement qui crée des repères nouveaux et en fait perdre d’anciens. D’une belle ampleur, associant les paysages magnifiquement ouverts et les destins dont le dessin est tout aussi vaste mais incertain, le film nous plonge dans une atmosphère rare. La culture et la création y sont des fils conducteurs dans le labyrinthe de la vie, pour se retrouver ou pour se perdre. Une réflexion brillante, tendue par l’émotion.

Sur Cine Plus Club dès 15h20 : Sils Maria

De 17h22 à 19h38 Sur la route

Rediffusion Film : drame 2h16 Tout public

Sal Paradise est un jeune homme solitaire et émotif. Sous le choc du récent décès de son père, il réalise peu à peu qu'il n'a aucun véritable but dans l'existence. Par ailleurs, il peine à se mettre à l'écriture du roman dont il rêve depuis longtemps. Il tourne en rond à New York jusqu'au jour où il fait la connaissance de Dean. Cet ex-détenu se montre d'une grande liberté d'esprit et jette un regard sur la société occidentale qui correspond aux doutes de Sal. Entre eux, l'entente est immédiate. Ensemble, ils décident de tout abandonner et, en compagnie de la belle Marylou, de prendre la route... - Critique : Autant commencer par ce qui chiffonne : les inconditionnels du manifeste (enfin adapté !) de la Beat generation risquent fort d'être déçus. Où est passé ce fameux style « be-bop » de Kerouac, ce chant exalté et syncopé ? Walter Salles (Central do Brasil, Carnets de voyage) a choisi une autre option, plus facile d'accès. Son film n'est pas une trahison, plutôt une version light, avec de très bonnes surprises. Sal Paradise (Sam Riley), jeune New-Yorkais, noircit des carnets en attendant mieux, à savoir écrire le roman de sa vie. Il vit chez sa mère et gamberge depuis la mort de son père. Sa rencontre avec Dean Moriarty (Garrett Hedlund), un marginal charismatique, ancien taulard, va transformer son existence. Marié à une mineure torride, Marylou (Kristen Stewart), Dean est un autodidacte qui a un quelque chose en plus : cette énergie phénoménale et contagieuse qui passe aussi bien par son physique que par son argot scandé. À son contact, Sal se sent pousser des ailes. S'envoler, c'est justement ce qu'ils font, en prenant la route, à toute allure. Que cherchent-ils au bout de leur traversée épique des États-Unis ? Rien de spécial et tout. Ils fuient le confort, le travail et la norme. Et expérimentent à tout va, via le sexe et la drogue. Leur trip est une quête du Graal des temps modernes. Qu'importe la destination, c'est le déplacement qui compte. Le mouvement, la vitesse, « le dérèglement de tous les sens » pour reprendre la formule de Rimbaud, dont le portrait trône au-dessus de la machine à écrire de Sal. Tout cela, ajouté aux grandes figures (Burroughs, Ginsberg...), est dans le roman et se retrouve bien à l'écran, mais de manière moins immédiate et instantanée. Sans doute, et c'est là un parti pris de Salles, parce que le récit, guidé par une voix off rétrospective, cristallise l'éloignement. Celui où les chemins se séparent inévitablement, où les êtres se quittent non sans mélancolie. Belle amitié amoureuse Le réalisateur privilégie de fait moins la sensation que le sentiment, en l'occurrence celui qui lie Dean à Sal. Le premier agit, couche, conduit, est dans la dépense absolue, au risque d'y perdre des plumes ; le second regarde, écoute, emmagasine. D'un côté, la muse, l'acteur, de plain-pied dans la vie ; de l'autre, le témoin, le scribe. Belle amitié amoureuse, où se lisent autant la vénération réciproque que la jalousie (lorsque Dean se prostitue). Un duo complémentaire et surtout moteur dans cette folle virée où tout le monde couche avec toute le monde, en pulvérisant les interdits dans la joie. En cela, et le film en témoigne bien, la Beat generation fut un mouvement extraordinairement transgressif, annonçant tout autant le tumulte du rock que la libération sexuelle. Pour tenir la route, le réalisateur se devait de faire surgir des acteurs, à l'instar des personnages qui surgissent du roman. Les deux perles, ici, Kristen Stewart et Garrett Hedlung, sont loin d'être des inconnus. La première associée à Twilight, compose une Marylou très sexy, effrontée et libre, quoique meurtrie par l'égoïsme de son homme. La scène où elle masturbe simultanément Dean (au volant !) et Sal, en jetant vers nous, l'espace d'un instant, un regard lascif et fier, est une provocation amusée, loin de toute soumission. Et puis il y a Garrett Hedlund, vaguement remarqué dans Tron, et qui crève l'écran. Avec lui, Salles a trouvé son Dean Moriarty. Entre pulsion sexuelle et pulsation musicale, il parvient à créer la fascination attendue, jusque vers la transe mystique. Il touche, alors, au coeur du livre : la vie grandie, la vie comme pure vibration.

Sur Cine Plus Club dès 17h22 : Sur la route

De 19h38 à 20h06 L'image originelle : Olivier Assayas

Rediffusion Documentaire cinéma 28mn Tout public

Saison : 1 - Épisode : 3 - Face caméra, Olivier Assayas analyse la genèse de son premier film, "Désordre", en détaillant les éléments qui l'ont façonné : l'influence de son père, cinéaste lui-même, l'envie d'en découdre avec un cinéma daté, sa collaboration avec André Téchiné, ainsi que sa fascination pour les visages féminins.

Sur Cine Plus Club dès 19h38 : L'image originelle

De 20h06 à 20h19 Bowlhead

Rediffusion Film : court métrage 13mn -12

Un passionnée de Bowling a recours à des moyens extrêmes pour améliorer son jeu.

Sur Cine Plus Club dès 20h06 : Bowlhead

De 20h19 à 20h50 vertueuses

Rediffusion Film : court métrage 31mn Tout public

Etel, 9 ans, juive orthodoxe, a ses règles pour la première fois. Myriam, sa mère, la regarde enfin comme une femme. Etel est ravie, jusqu'à ce qu'elle découvre que dans sa religion les femmes sont impures quand elles ont leurs règles.

Sur Cine Plus Club dès 20h19 : vertueuses

De 20h50 à 22h30 Miséricorde

Film : drame 1h40 -10

Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Sur Cine Plus Club dès 20h50 : Miséricorde

De 22h30 à 01h27 Les destinées sentimentales

Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public

1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à ­travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

Sur Cine Plus Club dès 22h30 : Les destinées sentimentales

De 08h30 à 10h19 Une famille brésilienne

Rediffusion Film : drame 1h49 -10

A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corve­loni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en par­ticulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.

Sur Ciné+ Club dès 08h30 : Une famille brésilienne

De 10h19 à 11h52 Almamula

Rediffusion Film : drame 1h33 Tout public

Santiago del Estero, une ville située au nord de l'Argentine. Dans son paisible quartier, le jeune Nino est régulièrement victime d'actes homophobes en raison de son apparence efféminée. Afin de le protéger, sa mère, une femme très croyante, décide d'emmener toute la famille à la campagne pour y passer les vacances d'été au calme. La forêt près de la maison a la réputation d'être hantée par l'Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous ceux qui commettent des péchés charnels. Alors qu'il assiste aux leçons de catéchisme en préparation de sa confirmation, Nino se sent étrangement attiré par la forêt maudite...

Sur Ciné+ Club dès 10h19 : Almamula

De 11h52 à 13h19 Marilù, rencontre avec une femme remarquable

Rediffusion Film documentaire 1h27 Tout public

Née à Buenos Aires en 1945, la comédienne de théâtre Marilú Marini a toujours fait preuve d'une démesure et d'une inventivité qui remplissent le public d'une stupeur joyeuse. Sandrine Dumas, qui a partagé la scène avec elle il y a trente ans, l'a suivie de 2016 à 2022 entre la France et l'Argentine. A plus de 70 ans, celle qui est l'égérie du théâtre d'Alfredo Arias depuis 1973 pose un regard sur le monde qui allie la joie de vivre, le goût de la transgression et la volonté de ne jamais lâcher... - Critique : Son visage mouvant se crispe puis explose d’un rire en cascade. Son corps se tord, saute, danse. Marilù Marini, actrice de théâtre et de cinéma née en Argentine dans les années 1940, est clownesque, grave, puissante. À l’image de son parcours de vie. Sous la caméra de Sandrine Dumas, elle scintille. En filmant l’actrice au travail, la réalisatrice offre un hommage à cette femme incroyable, aborde en filigrane l’amitié, la rigueur du métier, le corps qui vieillit. Et nous émeut aux larmes.

Sur Ciné+ Club dès 11h52 : Marilù, rencontre avec une femme remarquable

De 13h19 à 13h29 Foutaises

Rediffusion Film : court métrage 10mn Tout public

Les "j'aime, j'aime pas" tranchants de Dominique Pinon, sur une musique de Carlos d'Alessio.

Sur Ciné+ Club dès 13h19 : Foutaises

De 13h29 à 15h20 Travelling avant

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h51 Tout public

Nino, un jeune provincial, est monté à Paris "parce que l'on peut y voir plus de films qu'ailleurs". Un jour, dans un obscur ciné-club de banlieue, il rencontre Donald, passionné de cinéma lui aussi. Nino et Donald deviennent aussitôt de grands amis. Ils rêvent de monter leur ciné-club, afin de faire connaître les films qu'ils aiment. Très vite, les difficultés financières s'accumulent. Les deux amis, en effet, ne vivent que pour leur passion. Le destin place sur leur chemin la jolie Barbara, qu'ils aiment comme ils peuvent, c'est-à-dire sincèrement mais anarchiquement. Ils finissent par concrétiser leur projet, mais cette fois encore, la réalité menace...

Sur Ciné+ Club dès 13h29 : Travelling avant

De 15h20 à 17h22 Sils Maria

Rediffusion Film : drame 2h2 Tout public

Maria Enders au sommet de sa carrière internationale, se voit proposer de rejouer dans la pièce qui l'a lancée quand elle avait 18 ans. Mais cette fois, au lieu de jouer la jeune et ambitieuse Sigrid, on lui propose celui d'Helena, femme blessée par la vie. Amie fidèle de l'auteur de la pièce, qui vient de mourir, Maria accepte le rôle et se rend à Sils Maria, une région des Alpes suisses, pour répéter le rôle en compagnie de son assistante, Valentine. Elle sait qu'en face d'elle, dans le rôle de Sigrid, se trouvera Jo-Ann Ellis, jeune starlette, cible favorite des magazine people, qui cherche à donner un nouveau souffle à sa carrière... - Critique : Dans un train qui file vers la Suisse, la comédienne Maria Enders apprend la mort du dramaturge Wilhelm Melchior. Et c’est comme si elle repartait en arrière, vers le passé. Au cœur des montagnes de la Haute-Engadine, elle va répéter l’une des pièces de l’auteur. Celle qui l’avait révélée, vingt ans plus tôt : elle jouait une jeune fille troublant une femme mûre, jusqu’au suicide. Elle sera désormais la femme mûre troublée. Le temps redistribue les rôles… En osmose avec Juliette Binoche, Olivier Assayas trace le portrait d’une comédienne passionnée par son travail et peut-être aveuglée par cette passion. La solitude est en embuscade. Même le monde protecteur du théâtre et du cinéma se transforme. Deux jeunes femmes, son assistante personnelle (Kristen Stewart) et l’actrice qui lui donne la réplique sur scène (Chloë Grace Moretz), incarnent cette réalité en mouvement qui crée des repères nouveaux et en fait perdre d’anciens. D’une belle ampleur, associant les paysages magnifiquement ouverts et les destins dont le dessin est tout aussi vaste mais incertain, le film nous plonge dans une atmosphère rare. La culture et la création y sont des fils conducteurs dans le labyrinthe de la vie, pour se retrouver ou pour se perdre. Une réflexion brillante, tendue par l’émotion.

Sur Ciné+ Club dès 15h20 : Sils Maria

De 17h22 à 19h38 Sur la route

Rediffusion Film : drame 2h16 Tout public

Sal Paradise est un jeune homme solitaire et émotif. Sous le choc du récent décès de son père, il réalise peu à peu qu'il n'a aucun véritable but dans l'existence. Par ailleurs, il peine à se mettre à l'écriture du roman dont il rêve depuis longtemps. Il tourne en rond à New York jusqu'au jour où il fait la connaissance de Dean. Cet ex-détenu se montre d'une grande liberté d'esprit et jette un regard sur la société occidentale qui correspond aux doutes de Sal. Entre eux, l'entente est immédiate. Ensemble, ils décident de tout abandonner et, en compagnie de la belle Marylou, de prendre la route... - Critique : Autant commencer par ce qui chiffonne : les inconditionnels du manifeste (enfin adapté !) de la Beat generation risquent fort d'être déçus. Où est passé ce fameux style « be-bop » de Kerouac, ce chant exalté et syncopé ? Walter Salles (Central do Brasil, Carnets de voyage) a choisi une autre option, plus facile d'accès. Son film n'est pas une trahison, plutôt une version light, avec de très bonnes surprises. Sal Paradise (Sam Riley), jeune New-Yorkais, noircit des carnets en attendant mieux, à savoir écrire le roman de sa vie. Il vit chez sa mère et gamberge depuis la mort de son père. Sa rencontre avec Dean Moriarty (Garrett Hedlund), un marginal charismatique, ancien taulard, va transformer son existence. Marié à une mineure torride, Marylou (Kristen Stewart), Dean est un autodidacte qui a un quelque chose en plus : cette énergie phénoménale et contagieuse qui passe aussi bien par son physique que par son argot scandé. À son contact, Sal se sent pousser des ailes. S'envoler, c'est justement ce qu'ils font, en prenant la route, à toute allure. Que cherchent-ils au bout de leur traversée épique des États-Unis ? Rien de spécial et tout. Ils fuient le confort, le travail et la norme. Et expérimentent à tout va, via le sexe et la drogue. Leur trip est une quête du Graal des temps modernes. Qu'importe la destination, c'est le déplacement qui compte. Le mouvement, la vitesse, « le dérèglement de tous les sens » pour reprendre la formule de Rimbaud, dont le portrait trône au-dessus de la machine à écrire de Sal. Tout cela, ajouté aux grandes figures (Burroughs, Ginsberg...), est dans le roman et se retrouve bien à l'écran, mais de manière moins immédiate et instantanée. Sans doute, et c'est là un parti pris de Salles, parce que le récit, guidé par une voix off rétrospective, cristallise l'éloignement. Celui où les chemins se séparent inévitablement, où les êtres se quittent non sans mélancolie. Belle amitié amoureuse Le réalisateur privilégie de fait moins la sensation que le sentiment, en l'occurrence celui qui lie Dean à Sal. Le premier agit, couche, conduit, est dans la dépense absolue, au risque d'y perdre des plumes ; le second regarde, écoute, emmagasine. D'un côté, la muse, l'acteur, de plain-pied dans la vie ; de l'autre, le témoin, le scribe. Belle amitié amoureuse, où se lisent autant la vénération réciproque que la jalousie (lorsque Dean se prostitue). Un duo complémentaire et surtout moteur dans cette folle virée où tout le monde couche avec toute le monde, en pulvérisant les interdits dans la joie. En cela, et le film en témoigne bien, la Beat generation fut un mouvement extraordinairement transgressif, annonçant tout autant le tumulte du rock que la libération sexuelle. Pour tenir la route, le réalisateur se devait de faire surgir des acteurs, à l'instar des personnages qui surgissent du roman. Les deux perles, ici, Kristen Stewart et Garrett Hedlung, sont loin d'être des inconnus. La première associée à Twilight, compose une Marylou très sexy, effrontée et libre, quoique meurtrie par l'égoïsme de son homme. La scène où elle masturbe simultanément Dean (au volant !) et Sal, en jetant vers nous, l'espace d'un instant, un regard lascif et fier, est une provocation amusée, loin de toute soumission. Et puis il y a Garrett Hedlund, vaguement remarqué dans Tron, et qui crève l'écran. Avec lui, Salles a trouvé son Dean Moriarty. Entre pulsion sexuelle et pulsation musicale, il parvient à créer la fascination attendue, jusque vers la transe mystique. Il touche, alors, au coeur du livre : la vie grandie, la vie comme pure vibration.

Sur Ciné+ Club dès 17h22 : Sur la route

De 19h38 à 20h06 L'image originelle : Olivier Assayas

Rediffusion Documentaire cinéma 28mn Tout public

Saison : 1 - Épisode : 3 - Face caméra, Olivier Assayas analyse la genèse de son premier film, "Désordre", en détaillant les éléments qui l'ont façonné : l'influence de son père, cinéaste lui-même, l'envie d'en découdre avec un cinéma daté, sa collaboration avec André Téchiné, ainsi que sa fascination pour les visages féminins.

Sur Ciné+ Club dès 19h38 : L'image originelle

De 20h06 à 20h19 Bowlhead

Rediffusion Film : court métrage 13mn -12

Un passionnée de Bowling a recours à des moyens extrêmes pour améliorer son jeu.

Sur Ciné+ Club dès 20h06 : Bowlhead

De 20h19 à 20h50 vertueuses

Rediffusion Film : court métrage 31mn Tout public

Etel, 9 ans, juive orthodoxe, a ses règles pour la première fois. Myriam, sa mère, la regarde enfin comme une femme. Etel est ravie, jusqu'à ce qu'elle découvre que dans sa religion les femmes sont impures quand elles ont leurs règles.

Sur Ciné+ Club dès 20h19 : vertueuses

De 20h50 à 22h30 Miséricorde

Film : drame 1h40 -10

Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Sur Ciné+ Club dès 20h50 : Miséricorde

De 22h30 à 01h27 Les destinées sentimentales

Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public

1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à ­travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

Sur Ciné+ Club dès 22h30 : Les destinées sentimentales

De 08h30 à 10h19 Une famille brésilienne

Rediffusion Film : drame 1h49 -10

A Sao Paulo, métropole effervescente de vingt millions d'habitants, la majorité de la population lutte contre la pauvreté. Cleuza, une femme de ménage, tente d'aider ses quatre fils à vivre leur vie sans renoncer à leurs rêves. Elle n'a gardé aucune attache avec les pères de ses fils et, malgré les vicissitudes de l'existence, a su rester sensuelle. Un jour, elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte. Ses quatre fils lui viennent alors en aide afin de préparer la venue du nouveau-né. Mais la violence du quotidien et leurs envies profondes les tiraillent. Reginaldo veut connaître son père. Dario rêve de devenir footballeur. Dinho trouve refuge dans la religion. Et l'aîné, Dênis veut vivre sa paternité sereinement... - Critique : Le titre original, Linha de passe, désigne un échange de passes au sein d'une même équipe de football, sans que le ballon touche le sol ou soit intercepté par l'équipe adverse. En version française, il ne reste rien de la métaphore voulue par Walter Salles. Car son film parle de foot et de solidarité dans une société pauvre et hostile, sous la forme d'un récit qui passe avec fluidité de l'un à l'autre des membres d'une famille. Cleuza, la mère, fait des ménages pour nourrir les quatre fils qu'elle a eus de pères différents et qu'elle élève seule. A nouveau enceinte, toujours sans homme, elle est le pivot de la maisonnée. Ce portrait de femme, qui valut à Sandra Corve­loni le Prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes, évite habilement le cliché de la mère Courage pour dessiner un personnage plus ambivalent : Cleuza est aussi dure que dévouée à ses enfants, aussi intransigeante avec eux que prête aux sacrifices. Walter Salles (avec sa compagne) verse ici beaucoup moins dans le mélo tire-larmes qu'avec Central do Brasil, il y a onze ans, privilégiant un réalisme sobre. On aime en par­ticulier la précision documentaire du film à propos de l'Eglise évangéliste, très populaire au Brésil et rejointe par l'un des fils de Cleuza. On aime moins, en revanche, les nombreuses scènes de foot autour du fils aîné, qui filent un peu lourdement la métaphore de l'individu sauvé par le collectif. Quant aux deux autres frères, l'un survit comme coursier dans l'effrayante São Paulo et l'autre, seul Noir de la fratrie, cherche obstinément son père dans tous les bus de la ville. Asphyxié par cette famille et plus encore par une société qui n'offre que corruption, violence et pauvreté, chacun cherche de l'air, de l'espoir pour construire sa vie d'adulte. Loin d'un Slumdog Millionaire qui assène lourdement son message d'optimisme en forme de tour de magie, Walter Salles a, lui, l'honnêteté de s'en tenir à une infime lueur d'espérance.

Sur Ciné+ Club dès 08h30 : Une famille brésilienne

De 10h19 à 11h52 Almamula

Rediffusion Film : drame 1h33 Tout public

Santiago del Estero, une ville située au nord de l'Argentine. Dans son paisible quartier, le jeune Nino est régulièrement victime d'actes homophobes en raison de son apparence efféminée. Afin de le protéger, sa mère, une femme très croyante, décide d'emmener toute la famille à la campagne pour y passer les vacances d'été au calme. La forêt près de la maison a la réputation d'être hantée par l'Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous ceux qui commettent des péchés charnels. Alors qu'il assiste aux leçons de catéchisme en préparation de sa confirmation, Nino se sent étrangement attiré par la forêt maudite...

Sur Ciné+ Club dès 10h19 : Almamula

De 11h52 à 13h19 Marilù, rencontre avec une femme remarquable

Rediffusion Film documentaire 1h27 Tout public

Née à Buenos Aires en 1945, la comédienne de théâtre Marilú Marini a toujours fait preuve d'une démesure et d'une inventivité qui remplissent le public d'une stupeur joyeuse. Sandrine Dumas, qui a partagé la scène avec elle il y a trente ans, l'a suivie de 2016 à 2022 entre la France et l'Argentine. A plus de 70 ans, celle qui est l'égérie du théâtre d'Alfredo Arias depuis 1973 pose un regard sur le monde qui allie la joie de vivre, le goût de la transgression et la volonté de ne jamais lâcher... - Critique : Son visage mouvant se crispe puis explose d’un rire en cascade. Son corps se tord, saute, danse. Marilù Marini, actrice de théâtre et de cinéma née en Argentine dans les années 1940, est clownesque, grave, puissante. À l’image de son parcours de vie. Sous la caméra de Sandrine Dumas, elle scintille. En filmant l’actrice au travail, la réalisatrice offre un hommage à cette femme incroyable, aborde en filigrane l’amitié, la rigueur du métier, le corps qui vieillit. Et nous émeut aux larmes.

Sur Ciné+ Club dès 11h52 : Marilù, rencontre avec une femme remarquable

De 13h19 à 13h29 Foutaises

Rediffusion Film : court métrage 10mn Tout public

Les "j'aime, j'aime pas" tranchants de Dominique Pinon, sur une musique de Carlos d'Alessio.

Sur Ciné+ Club dès 13h19 : Foutaises

De 13h29 à 15h20 Travelling avant

Rediffusion Film : comédie dramatique 1h51 Tout public

Nino, un jeune provincial, est monté à Paris "parce que l'on peut y voir plus de films qu'ailleurs". Un jour, dans un obscur ciné-club de banlieue, il rencontre Donald, passionné de cinéma lui aussi. Nino et Donald deviennent aussitôt de grands amis. Ils rêvent de monter leur ciné-club, afin de faire connaître les films qu'ils aiment. Très vite, les difficultés financières s'accumulent. Les deux amis, en effet, ne vivent que pour leur passion. Le destin place sur leur chemin la jolie Barbara, qu'ils aiment comme ils peuvent, c'est-à-dire sincèrement mais anarchiquement. Ils finissent par concrétiser leur projet, mais cette fois encore, la réalité menace...

Sur Ciné+ Club dès 13h29 : Travelling avant

De 15h20 à 17h22 Sils Maria

Rediffusion Film : drame 2h2 Tout public

Maria Enders au sommet de sa carrière internationale, se voit proposer de rejouer dans la pièce qui l'a lancée quand elle avait 18 ans. Mais cette fois, au lieu de jouer la jeune et ambitieuse Sigrid, on lui propose celui d'Helena, femme blessée par la vie. Amie fidèle de l'auteur de la pièce, qui vient de mourir, Maria accepte le rôle et se rend à Sils Maria, une région des Alpes suisses, pour répéter le rôle en compagnie de son assistante, Valentine. Elle sait qu'en face d'elle, dans le rôle de Sigrid, se trouvera Jo-Ann Ellis, jeune starlette, cible favorite des magazine people, qui cherche à donner un nouveau souffle à sa carrière... - Critique : Dans un train qui file vers la Suisse, la comédienne Maria Enders apprend la mort du dramaturge Wilhelm Melchior. Et c’est comme si elle repartait en arrière, vers le passé. Au cœur des montagnes de la Haute-Engadine, elle va répéter l’une des pièces de l’auteur. Celle qui l’avait révélée, vingt ans plus tôt : elle jouait une jeune fille troublant une femme mûre, jusqu’au suicide. Elle sera désormais la femme mûre troublée. Le temps redistribue les rôles… En osmose avec Juliette Binoche, Olivier Assayas trace le portrait d’une comédienne passionnée par son travail et peut-être aveuglée par cette passion. La solitude est en embuscade. Même le monde protecteur du théâtre et du cinéma se transforme. Deux jeunes femmes, son assistante personnelle (Kristen Stewart) et l’actrice qui lui donne la réplique sur scène (Chloë Grace Moretz), incarnent cette réalité en mouvement qui crée des repères nouveaux et en fait perdre d’anciens. D’une belle ampleur, associant les paysages magnifiquement ouverts et les destins dont le dessin est tout aussi vaste mais incertain, le film nous plonge dans une atmosphère rare. La culture et la création y sont des fils conducteurs dans le labyrinthe de la vie, pour se retrouver ou pour se perdre. Une réflexion brillante, tendue par l’émotion.

Sur Ciné+ Club dès 15h20 : Sils Maria

De 17h22 à 19h38 Sur la route

Rediffusion Film : drame 2h16 Tout public

Sal Paradise est un jeune homme solitaire et émotif. Sous le choc du récent décès de son père, il réalise peu à peu qu'il n'a aucun véritable but dans l'existence. Par ailleurs, il peine à se mettre à l'écriture du roman dont il rêve depuis longtemps. Il tourne en rond à New York jusqu'au jour où il fait la connaissance de Dean. Cet ex-détenu se montre d'une grande liberté d'esprit et jette un regard sur la société occidentale qui correspond aux doutes de Sal. Entre eux, l'entente est immédiate. Ensemble, ils décident de tout abandonner et, en compagnie de la belle Marylou, de prendre la route... - Critique : Autant commencer par ce qui chiffonne : les inconditionnels du manifeste (enfin adapté !) de la Beat generation risquent fort d'être déçus. Où est passé ce fameux style « be-bop » de Kerouac, ce chant exalté et syncopé ? Walter Salles (Central do Brasil, Carnets de voyage) a choisi une autre option, plus facile d'accès. Son film n'est pas une trahison, plutôt une version light, avec de très bonnes surprises. Sal Paradise (Sam Riley), jeune New-Yorkais, noircit des carnets en attendant mieux, à savoir écrire le roman de sa vie. Il vit chez sa mère et gamberge depuis la mort de son père. Sa rencontre avec Dean Moriarty (Garrett Hedlund), un marginal charismatique, ancien taulard, va transformer son existence. Marié à une mineure torride, Marylou (Kristen Stewart), Dean est un autodidacte qui a un quelque chose en plus : cette énergie phénoménale et contagieuse qui passe aussi bien par son physique que par son argot scandé. À son contact, Sal se sent pousser des ailes. S'envoler, c'est justement ce qu'ils font, en prenant la route, à toute allure. Que cherchent-ils au bout de leur traversée épique des États-Unis ? Rien de spécial et tout. Ils fuient le confort, le travail et la norme. Et expérimentent à tout va, via le sexe et la drogue. Leur trip est une quête du Graal des temps modernes. Qu'importe la destination, c'est le déplacement qui compte. Le mouvement, la vitesse, « le dérèglement de tous les sens » pour reprendre la formule de Rimbaud, dont le portrait trône au-dessus de la machine à écrire de Sal. Tout cela, ajouté aux grandes figures (Burroughs, Ginsberg...), est dans le roman et se retrouve bien à l'écran, mais de manière moins immédiate et instantanée. Sans doute, et c'est là un parti pris de Salles, parce que le récit, guidé par une voix off rétrospective, cristallise l'éloignement. Celui où les chemins se séparent inévitablement, où les êtres se quittent non sans mélancolie. Belle amitié amoureuse Le réalisateur privilégie de fait moins la sensation que le sentiment, en l'occurrence celui qui lie Dean à Sal. Le premier agit, couche, conduit, est dans la dépense absolue, au risque d'y perdre des plumes ; le second regarde, écoute, emmagasine. D'un côté, la muse, l'acteur, de plain-pied dans la vie ; de l'autre, le témoin, le scribe. Belle amitié amoureuse, où se lisent autant la vénération réciproque que la jalousie (lorsque Dean se prostitue). Un duo complémentaire et surtout moteur dans cette folle virée où tout le monde couche avec toute le monde, en pulvérisant les interdits dans la joie. En cela, et le film en témoigne bien, la Beat generation fut un mouvement extraordinairement transgressif, annonçant tout autant le tumulte du rock que la libération sexuelle. Pour tenir la route, le réalisateur se devait de faire surgir des acteurs, à l'instar des personnages qui surgissent du roman. Les deux perles, ici, Kristen Stewart et Garrett Hedlung, sont loin d'être des inconnus. La première associée à Twilight, compose une Marylou très sexy, effrontée et libre, quoique meurtrie par l'égoïsme de son homme. La scène où elle masturbe simultanément Dean (au volant !) et Sal, en jetant vers nous, l'espace d'un instant, un regard lascif et fier, est une provocation amusée, loin de toute soumission. Et puis il y a Garrett Hedlund, vaguement remarqué dans Tron, et qui crève l'écran. Avec lui, Salles a trouvé son Dean Moriarty. Entre pulsion sexuelle et pulsation musicale, il parvient à créer la fascination attendue, jusque vers la transe mystique. Il touche, alors, au coeur du livre : la vie grandie, la vie comme pure vibration.

Sur Ciné+ Club dès 17h22 : Sur la route

De 19h38 à 20h06 L'image originelle : Olivier Assayas

Rediffusion Documentaire cinéma 28mn Tout public

Saison : 1 - Épisode : 3 - Face caméra, Olivier Assayas analyse la genèse de son premier film, "Désordre", en détaillant les éléments qui l'ont façonné : l'influence de son père, cinéaste lui-même, l'envie d'en découdre avec un cinéma daté, sa collaboration avec André Téchiné, ainsi que sa fascination pour les visages féminins.

Sur Ciné+ Club dès 19h38 : L'image originelle

De 20h06 à 20h19 Bowlhead

Rediffusion Film : court métrage 13mn -12

Un passionnée de Bowling a recours à des moyens extrêmes pour améliorer son jeu.

Sur Ciné+ Club dès 20h06 : Bowlhead

De 20h19 à 20h50 vertueuses

Rediffusion Film : court métrage 31mn Tout public

Etel, 9 ans, juive orthodoxe, a ses règles pour la première fois. Myriam, sa mère, la regarde enfin comme une femme. Etel est ravie, jusqu'à ce qu'elle découvre que dans sa religion les femmes sont impures quand elles ont leurs règles.

Sur Ciné+ Club dès 20h19 : vertueuses

De 20h50 à 22h30 Miséricorde

Film : drame 1h40 -10

Jérémie retourne à Saint-Martial, le village où il est né et où il a passé la majeure partie de son existence, pour assister aux funérailles du patron de la boulangerie où il était jadis employé. Il décide de rester pour passer quelques jours chez Martine, la veuve du défunt. Malheureusement, sa présence a le don d'agacer Vincent, le fils de cette dernière, qui ne cache pas qu'il souhaite le voir partir au plus vite. La situation dégénère et une bagarre oppose bientôt les deux hommes. Jérémie parvient à prendre le dessus. Malheureusement, Vincent décède de ses blessures. Paniqué, Jérémie cherche alors un moyen de cacher son crime... - Critique : Tout est normal et rien ne l’est. C’est une veillée funèbre comme des milliers d’autres, dans un village des Cévennes. La veuve, Martine (Catherine Frot), accueille dans sa maison, parmi quelques proches du défunt, Jérémie (Félix Kysyl), un ancien ami de son fils, encore jeune, qui a fait sa vie ailleurs, en ville. Mais, incidemment, il apparaît que le visiteur et revenant avait, depuis toujours, plus qu’un faible, jamais vraiment avoué, pour le disparu. Cette charmante bizarrerie, ce premier décalage subtil allument d’autant mieux la mèche du film qu’ils évoquent, au-delà du procédé comique, une certaine vérité sociologique. Ils font écho aux petits secrets incongrus que toutes les communautés humaines abritent en les taisant. D’une étrangeté à l’autre, chacune amenée avec la même sobriété pince-sans-rire et, par là, ravageuse, la mécanique s’emballe. Alain Guiraudie, dont cette farce noire est le deuxième sommet artistique après L’Inconnu du lac (2013), fait souffler un puissant vent de folie, de manière parfaitement crédible, dans un périmètre rural restreint – la maison de Martine, l’église et le presbytère voisins, les sous-bois alentour… D’un côté, Jérémie, le citadin désœuvré, s’attarde plus que de raison chez la veuve, qu’il ne semble pas laisser indifférente. Et lui-même est pris d’une bouffée libidinale, sans suite directe, auprès d’un ex-fermier voisin, solitaire, qu’il connaît depuis l’enfance. De l’autre côté, le fils de Martine (Jean-Baptiste Durand), aux allures de boxeur, s’alarme de la présence persistante de son ami de jeunesse chez sa mère. La colère et la jalousie le débordent de plus en plus… Il y a, dans Miséricorde, un meurtre, dont le cinéaste ne cache pas la violence. Il y a aussi une enquête policière, pour tenter d’élucider le mystère de la disparition de la victime et de rendre la justice. Néanmoins, le film appartient, nettement, à la catégorie des œuvres amorales (sinon immorales), qui n’a rien d’admirable en soi. La grande réussite d’Alain Guiraudie, c’est plutôt de transcender, par le brio et la précision du style, par le souffle comique irrésistible, cette absence criante de morale. Les deux tirades les plus dérangeantes, l’une sur l’inutilité supposée de punir les criminels, la seconde sur notre culpabilité collective qui serait équivalente à celles des assassins, sont ainsi placées dans la bouche d’un formidable personnage de curé amoureux, aussi drôle qu’émouvant (Jacques Develay). Et chez lequel la passion embrume le raisonnement. Le désir, ici, est omniprésent, rampant, galopant. Entre vieux et jeune, entre maigre et gros, entre femme et homme, entre religieux et athée… Ce désir finit toujours par se dire, mais il n’a pas forcément besoin de s’assouvir : même asymétrique, même frustré, il est montré comme une chance, voire comme une grâce. Si Miséricorde peut se voir comme une variation autour du Théorème de Pier Paolo Pasolini, où un bel intrus séduit et mène à leur perte les membres d’une famille, c’est un film plus joyeux que son illustre modèle. Inclusif et accueillant, il réunit des âges disparates, met en valeur des physiques atypiques, mélange des acteurs inconnus ou rares, tous sidérants, et une vedette, Catherine Frot, démente avec simplicité. À cette altitude délirante qu’ils atteignent ensemble, même la pire culpabilité peut prétendre au pardon. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Sur Ciné+ Club dès 20h50 : Miséricorde

De 22h30 à 01h27 Les destinées sentimentales

Rediffusion Film : drame 2h57 Tout public

1900, en Charente. Bien qu'héritier de l'immense fortune des Barnery, industriels à Limoges, Jean a choisi de devenir pasteur dans un petit village du Sud-Ouest. Il vit à quelques pas de son oncle Philippe Pommerel, subtil artisan d'un cognac vieilli en fût. Il se sépare de son épouse, Nathalie, sur des rumeurs d'adultère. La venue d'une cousine désargentée, la ravissante Pauline, le trouble suffisamment pour qu'après une tentative de réconciliation avec la féroce et glaciale Nathalie, il se résolve douloureusement au divorce et à l'abandon de son ministère. Déçue, Pauline s'enfuit à Paris, mais revient auprès de Jean lorsque celui-ci tombe malade. C'est le début d'un amour sincère et puissant... - Critique : Pour son premier film d’époque, Olivier Assayas s’est attelé à un roman de Chardonne quelque peu oublié. Bonne surprise, la précision minutieuse de la reconstitution n’a pas détourné le réalisateur de son sens du présent. On est de plain-pied avec les personnages, grands bourgeois protestants du début du siècle, partagés entre la fabrication du cognac et l’industrie de la porcelaine. La grande affaire de Chardonne, et donc d’Assayas, très fidèle à l’écrivain, c’est la naissance d’un couple (Jean et Pauline), puis sa traversée des époques (Grande Guerre, krach de 1929, émergence de la modernité) et des âges. Malgré les ramifications de l’histoire, le cinéaste maintient sans faillir ce cap très proustien, énoncé par le titre. Ainsi, à ­travers les efforts de Jean pour créer, à la fin de sa vie, une porcelaine ivoire, d’une qualité indépassable, la troisième partie parle apparemment moins d’amour que de travail et d’art. Mais, selon Chardonne, le travail et l’art sont encore des avatars de l’amour… L’idée sied plutôt bien à cette fresque au classicisme dandy.

Sur Ciné+ Club dès 22h30 : Les destinées sentimentales