
Ciné+ Club : Programme TV de la chaîne Ciné+ Club
En ce moment sur Ciné+ Club :
01h37 Avant l'effondrement
Rediffusion Film : comédie dramatique 1h37 Tout publicParis, en pleine canicule. Tristan est le directeur de campagne de Naïma Bouhoune, une candidate aux élections législatives. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Il se lance dans une enquête pour découvrir l'identité de la femme à l'origine de ce courrier. Atteint d'une maladie incurable, Tristan tente de comprendre les raisons qui ont amené cette inconnue à lui envoyer ce test. Il se demande notamment si ce geste n'a pas un lien avec la campagne politique, ou si c'est une vengeance. Il part alors dans un périple pour démêler le vrai du faux dans cette histoire… - Critique : Sous la canicule parisienne, Tristan, directeur de campagne d’une candidate écologiste aux législatives, reçoit une enveloppe anonyme contenant un test de grossesse positif. Peut-être atteint d’une maladie génétique incurable, non diagnostiquée, il entame une quête obsessionnelle pour retrouver l’expéditrice… L’effondrement évoqué par le titre renvoie autant à une remise en question personnelle qu’au désastre menaçant une société en surchauffe. Dans ce premier long métrage de Benoît Volnais et Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre), l’intime et le politique se mêlent plus ou moins habilement. Le film séduit par sa façon de faire cohabiter désillusions et utopies, par la fraîcheur de certaines séquences proches du marivaudage. Mais, avec sa théâtralité appliquée, ses discours en voix off, ce parcours au bord du gouffre s’éparpille. Et l’on finit par ne plus savoir où il va.
À suivre, dès 03h14 : Les Cinq Diables (Rediffusion)
En ce moment sur Ciné+ Club :
01h37 Avant l'effondrement
Rediffusion Film : comédie dramatique 1h37 Tout publicParis, en pleine canicule. Tristan est le directeur de campagne de Naïma Bouhoune, une candidate aux élections législatives. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Il se lance dans une enquête pour découvrir l'identité de la femme à l'origine de ce courrier. Atteint d'une maladie incurable, Tristan tente de comprendre les raisons qui ont amené cette inconnue à lui envoyer ce test. Il se demande notamment si ce geste n'a pas un lien avec la campagne politique, ou si c'est une vengeance. Il part alors dans un périple pour démêler le vrai du faux dans cette histoire… - Critique : Sous la canicule parisienne, Tristan, directeur de campagne d’une candidate écologiste aux législatives, reçoit une enveloppe anonyme contenant un test de grossesse positif. Peut-être atteint d’une maladie génétique incurable, non diagnostiquée, il entame une quête obsessionnelle pour retrouver l’expéditrice… L’effondrement évoqué par le titre renvoie autant à une remise en question personnelle qu’au désastre menaçant une société en surchauffe. Dans ce premier long métrage de Benoît Volnais et Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre), l’intime et le politique se mêlent plus ou moins habilement. Le film séduit par sa façon de faire cohabiter désillusions et utopies, par la fraîcheur de certaines séquences proches du marivaudage. Mais, avec sa théâtralité appliquée, ses discours en voix off, ce parcours au bord du gouffre s’éparpille. Et l’on finit par ne plus savoir où il va.
À suivre, dès 03h14 : Les Cinq Diables (Rediffusion)
En ce moment sur Ciné+ Club :
01h37 Avant l'effondrement
Rediffusion Film : comédie dramatique 1h37 Tout publicParis, en pleine canicule. Tristan est le directeur de campagne de Naïma Bouhoune, une candidate aux élections législatives. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Il se lance dans une enquête pour découvrir l'identité de la femme à l'origine de ce courrier. Atteint d'une maladie incurable, Tristan tente de comprendre les raisons qui ont amené cette inconnue à lui envoyer ce test. Il se demande notamment si ce geste n'a pas un lien avec la campagne politique, ou si c'est une vengeance. Il part alors dans un périple pour démêler le vrai du faux dans cette histoire… - Critique : Sous la canicule parisienne, Tristan, directeur de campagne d’une candidate écologiste aux législatives, reçoit une enveloppe anonyme contenant un test de grossesse positif. Peut-être atteint d’une maladie génétique incurable, non diagnostiquée, il entame une quête obsessionnelle pour retrouver l’expéditrice… L’effondrement évoqué par le titre renvoie autant à une remise en question personnelle qu’au désastre menaçant une société en surchauffe. Dans ce premier long métrage de Benoît Volnais et Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre), l’intime et le politique se mêlent plus ou moins habilement. Le film séduit par sa façon de faire cohabiter désillusions et utopies, par la fraîcheur de certaines séquences proches du marivaudage. Mais, avec sa théâtralité appliquée, ses discours en voix off, ce parcours au bord du gouffre s’éparpille. Et l’on finit par ne plus savoir où il va.
À suivre, dès 03h14 : Les Cinq Diables (Rediffusion)
Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 How to Have Sex
Film : drame 1h29 -10Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

22h19 Rien sur Robert
Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout publicDidier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle pas proprement révolutionnaire qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 How to Have Sex
Film : drame 1h29 -10Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

22h19 Rien sur Robert
Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout publicDidier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle pas proprement révolutionnaire qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.

Ce soir sur Ciné+ Club :
20h50 How to Have Sex
Film : drame 1h29 -10Pour célébrer la fin du lycée, Tara, Em et Skye, trois amies britanniques de 16 ans, s'offrent une semaine de vacances à Malia, en Crète. Le lieu est une station balnéaire très courue, connue pour ses fêtes débridées et très arrosées. Partagée entre l'euphorie et l'appréhension, Tara, la seule du trio à n'avoir jamais eu de relation sexuelle, est décidée à perdre sa virginité pour ne plus être moquée en raison de son manque d'expérience. Les trois copines sympathisent avec leurs voisins de chambre, Paddy et Badger. Un soir, bien qu'attirée par ce dernier, Tara accepte de suivre Paddy sur une plage. Celui-ci la contraint à une relation sexuelle... - Critique : Avant même de savoir si elles avaient réussi leur diplôme de sortie du lycée, ces trois petites Anglaises se sont envolées, survoltées, pour une station balnéaire de la Méditerranée. Au menu : frites, fêtes, flirts, cigarettes et alcool ! Branché sur l’énergie d’une jeunesse déchaînée, ce premier long métrage, salué au Festival de Cannes par le prix Un certain regard, retrouve l’élan d’un cinéma de vérité et de spontanéité, comme on l’aimait au temps de la Nouvelle Vague. Mais How to Have Sex s’impose aussi comme une œuvre très actuelle, qui, dans le sillage du mouvement #MeToo, pose sur les mœurs juvéniles un regard critique et fait utilement retentir le signal d’alarme. Fraîche trentenaire, Molly Manning Walker met en scène sa bande de filles avec la maturité qui leur fait encore défaut, tout en retrouvant, à travers elles, l’insouciance de sa propre fin d’adolescence. Elle semble ainsi se fondre dans la frénésie du groupe, mais garde lucidité et rigueur pour raconter une expérience individuelle très différente à travers le personnage de Tara. Boute-en-train du trio, cette dernière subit une sombre métamorphose, se repliant dans le mutisme, perdant sa légèreté et la confiance en soi qu’elle affichait. Au milieu du délire général, Tara s’est retrouvée seule avec un garçon qui n’était pas celui auquel elle faisait les yeux doux, pas celui dont elle avait envie. Et avec le garçon dont elle ne voulait pas, elle a fait ce qu’elle ne voulait pas, perdre sa virginité. How to Have Sex s’organise autour de cette scène du consentement arraché à un corps désemparé, volé à une jeune fille immature, abusée. Pour Tara, il y a l’avant et l’après. Pour les autres, la fête n’a jamais cessé. Glorifiée dans un mélange de ludique et de lubrique qui culmine lors d’un concours d’érections où les filles sont mises au service des garçons, la sexualité ne peut être que joyeuse. « Comment ça, c’était pas super ? » dira une des deux amies de Tara après avoir écouté son récit. Au milieu des musiques en transe, la réalisatrice fait résonner la solitude poignante de son héroïne, son intimité bouleversée, sa souffrance orpheline. Une douceur consolatrice grandit au fil de ce film, magnifique geste de solidarité envers une jeunesse qui, tout à la joie de son émancipation, s’expose à une entrée violente dans l’âge adulte.

22h19 Rien sur Robert
Rediffusion Film : comédie 1h44 Tout publicDidier Temple, un journaliste imbu de lui-même et fier de sa plume, rédige un article ravageur sur un film bosniaque - à moins qu'il ne soit serbe, nul ne le sait très bien - qu'il n'a pas vu. L'affaire s'ébruite. Ses échos ne cessent de retentir sur le passage de Didier, décontenancé. Juliette, sa petite amie, choisit ce moment pour le tromper à tour de bras, avec des hommes de passage qu'elle n'aime pas mais dont elle se plaît à détailler les performances sexuelles devant lui. Plutôt déprimé, Didier se rend à l'invitation de son ancien professeur, Ariel Chatwick-West. Il découvre non seulement qu'il n'était pas convié au dîner mais qu'en outre, relégué en bout de table, il va devoir subir les sarcasmes impitoyables de son hôte... - Critique : Personne ne s’appelle Robert dans le deuxième opus de Pascal Bonitzer. Le prénom renvoie à une réplique furtive, hors intrigue, balancée négligemment à propos du poète Robert Desnos dans une librairie parisienne. Il n’est pas interdit, toutefois, de faire parler ce titre qui met un point d’honneur (très chic) à ne rien vouloir dire. D’une part, le film, plutôt comique, évoque de très loin Desnos, par ses embardées surréalistes, ses accès oniriques ou cauchemardesques. D’autre part, s’il n’y a rien sur Robert dans la librairie précitée, on peut présumer qu’il n’y aura jamais rien non plus sur Didier (Fabrice Luchini) : c’est un auteur très mineur, un vulgaire critique. C’est surtout un péremptoire, un malhonnête, capable de publier dans la revue littéraire où il officie une tribune sur un film (bosniaque) qu’il n’a même pas vu. Cette faute déontologique avérée lance efficacement le récit (quelles conséquences va-t-elle entraîner dans la vie de Didier ?), mais en préfigure aussi les limites. À l’aune de cette « bourde » inaugurale, Didier ne pourra jamais inspirer ni compassion ni empathie. Le plaisir du film consistera à suivre, à bonne distance, le spectacle des épreuves humiliantes et expiatoires que le brillant scénariste Bonitzer a concocté pour rabattre le caquet à son petit marquis et, peut-être, le sauver. Bien entendu, une part de ce plaisir vient de ce que Didier est incarné par Luchini le disert, contraint, pour une fois, d’encaisser, de subir, pire, de se taire.Il faut le voir s’enfoncer dans la spirale paranoïaque qu’il creuse au fur et à mesure, suscitant par son attitude même les « gifles » que son entourage ne manque pas de lui administrer. Ce sont les scènes cruelles et crues que lui fait sa fiancée Juliette (Sandrine Kiberlain, ahurissante d’aplomb), dure comme un caillou, prompte à lui raconter de manière hyperréaliste ses expérimentations sexuelles avec un autre. C’est encore un dîner, à la lisière du fantastique, où un Michel Piccoli déchaîné lui inflige une déculottée verbale et publique mémorable. Et ainsi de suite. Que les acteurs sont bons ! Plus proche, alors, par ses bouffées délirantes, de Raul Ruiz (dont il a été le scénariste) que de son premier film, Encore, Bonitzer semble parti pour accomplir, en zigzag mais sans mollir, le programme d’exécution-rédemption de son personnage. Au passage, les patronymes des protagonistes de ce jeu de piste annoncent la couleur. On croise un Jérôme Sauveur, une Violaine Rachat… Mais un autre sujet vient peu à peu se greffer sur le premier et, finalement, prendre le dessus, au risque de gripper la machine comique : une sorte de modélisation anthropologique des rapports amoureux. En gros, une loi du triangle pas proprement révolutionnaire qui fait qu’on n’aime vraiment sa (ou son) partenaire que quand elle (ou il) vous nargue avec un tiers, votre rival(e), donc. Sous ces auspices, Bonitzer organise un marivaudage inégal entre le sixième arrondissement et un chalet des Alpes, entre Didier et Juliette d’un côté et, de l’autre, leurs rivaux respectifs. Didier fricote, à ses risques et périls, avec Aurélie, une suicidaire énamourée, aussi fragile que Juliette est forte. Juliette agite successivement deux « chiffons rouges » : elle couche d’abord avec un réalisateur télé (un effroyable plouc aux yeux du snob Didier), puis menace d’en faire autant avec Jérôme Sauveur, plumitif en vogue dont l’aura et l’élégance mortifient Didier. C’est drôle et vachard mais aussi un peu mécanique, tant la théorie semble précéder l’action. De tout cela, il ressort que le comble de l’héroïsme consiste pour Didier, et semble-t-il pour Pascal Bonitzer, à avouer enfin à une maîtresse faire-valoir qu’on ne l'« aime » pas… Il reste une comédie hétérogène, parisienne en diable, émaillée de saillies pertinentes et jubilatoires. Une demi-réussite, peut-être, mais où les défaillances sont compensées par les prestations exceptionnelles des acteurs et par l’ambition propre à Bonitzer de sonder une parcelle, si exiguë soit-elle, du désordre psychologique contemporain.
