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20h24 Sur un air de Charleston
Film : court métrage 26mn Tout publicÀ suivre, dès 20h50 : Au-delà des grilles
Ce soir sur Ciné+ Classic :
20h50 Au-delà des grilles
Film : drame 1h24 Tout publicRecherché pour le meurtre de son ex-maîtresse, Pierre s'est embarqué clandestinement sur un cargo, le "Flora". Une rage de dents le contraint néanmoins à descendre à Gênes, bien loin de sa destination initiale. En ville, il croise une petite fille qui le conduit gentiment chez un dentiste. Pierre se fait malheureusement voler son portefeuille. Peu après, sans le sou et passablement démoralisé, il rencontre la belle Marta. Il s'attache à ses pas comme à une bouée... - Critique : Bien qu’ayant remporté l’Oscar du meilleur film étranger, Au-delà des grilles pâtit de la comparaison avec La Marie du port (1950), Le Plaisir (1952) et La Vérité sur Bébé Donge (1952), autres films tournés durant la – relative – « traversée du désert » de Jean Gabin. Sur le papier, toutefois, plusieurs éléments sont réunis pour faire de l’histoire de Pierre, meurtrier de sa maîtresse et qui, lors de sa cavale et d’une escale à Gênes, vit une idylle condamnée, un sombre et beau mélodrame. À commencer par la présence derrière la caméra de René Clément, toujours très à l’aise pour filmer en extérieur et qui, dix ans avant Plein Soleil, semble réaliser un pur film italien, s’inscrivant dans la veine néoréaliste. Suivant le dédale des ruelles génoises, s’insinuant dans des immeubles portant les stigmates des bombardements alliés et porté par une distribution essentiellement transalpine, il laisse espérer le meilleur. D’autant qu’il confie à Gabin, à la crinière désormais argentée, un de ces rôles de paria rattrapé par la fatalité, qui illuminèrent son avant-guerre dans les films de Duvivier et Carné. Reste qu’on a connu l’acteur plus inspiré, notamment dans sa relation à la mère de famille et à sa fille, jouées avec sensibilité par Isa Miranda et Véra Talchi. Quant au scénario trop mince et prévisible, il enserre ce Brève Rencontre franco-italien dans un schéma convenu, relativement terne. Dépourvu de fièvre et de nécessité, le métier, pourtant sûr, de Clément et de Gabin finit quelque peu par tourner à vide.

22h14 Les bas-fonds
Rediffusion Film : drame 1h30 Tout publicJoueur invétéré, un baron a perdu toute sa fortune. Il est ruiné. Un soir, il surprend chez lui Pepel, venu le cambrioler, et l'invite à dîner. Ensemble, ils passent la nuit à boire. Le lendemain, Pepel emménage dans un sordide asile de nuit, tenu par l'usurier Kostileff, dont il courtise la femme... - Critique : Ce n’est pas le plus connu des films de Jean Renoir mais, assurément, l’un des plus curieux. En 1936, le futur « patron » du cinéma français, alors compagnon de route du Parti communiste, accepte de porter à l’écran Les Bas-Fonds, de Maxime Gorki, pour le compte du studio Albatros — une société fondée à Montreuil par… des artistes « russes blancs » ayant fui la révolution soviétique ! Trois options s’offrent à lui : conserver l’action au pays du tsar en 1902 ; la moderniser en la transposant en France à l’époque du tournage ; ou ne pas la situer de façon précise. La dernière solution tient longtemps la corde mais, sous la pression des communistes français qui ne veulent pas trahir la patrie d’origine du grand Gorki, Renoir décide à la dernière minute d’introduire de la « russitude » dans le scénario. Résultat : les personnages se prénomment Pépel, Aliocha ou Natacha, s’échangent des roubles mais évoluent dans des décors qui évoquent davantage Paname et les bords de Seine que Moscou et la Moskova… Les comédiens semblent parfois embarrassés par cet entre-deux bizarre, notamment dans les séquences, souvent maladroites, de l’asile de fous. Maurice Baquet donne l’impression de se croire encore dans Le Crime de M. Lange (1936), Gabriello est étonnamment mauvais en inspecteur et Junie Astor fait peine… Heureusement, il y a Robert Le Vigan, génialement lyrique (comme toujours) dans le rôle du poète alcoolique, et le numéro de haute voltige du duo Louis Jouvet-Jean Gabin. L’opposition de styles mais aussi la complicité entre le grand homme de théâtre volontiers emphatique (mais ici plus fantaisiste et mobile en aristocrate déclassé que dans la plupart de ses rôles à l’écran) et l’acteur le plus populaire du cinéma français font des étincelles. Alors que l’euphorie du Front populaire n’est pas encore retombée, Gabin, par son naturel, sa gouaille et sa vitalité, devient l’incarnation de l’idéal ouvrier. Un espoir pour des lendemains qui chantent, comme le suggère la belle séquence finale en hommage aux Temps modernes de Chaplin. — Samuel Douhaire
