Canal+ Cinéma DROM : Programme TV de la chaîne Canal+ Cinéma DROM

En ce moment sur Canal+ Cinéma DROM :

19h07 Fin des programmes

Fin 1h16 Tout public
Fin des programmes

Nos programmes se terminent pour cette journée, en attendant ceux de demain.

43min

À suivre, dès 20h23 : + de courts (Rediffusion)

En ce moment sur Canal+ Cinéma DROM :

19h07 Fin des programmes

Fin 1h16 Tout public
Fin des programmes

Nos programmes se terminent pour cette journée, en attendant ceux de demain.

43min

À suivre, dès 20h23 : + de courts (Rediffusion)

En ce moment sur Canal+ Cinéma DROM :

19h07 Fin des programmes

Fin 1h16 Tout public
Fin des programmes

Nos programmes se terminent pour cette journée, en attendant ceux de demain.

43min

À suivre, dès 20h23 : + de courts (Rediffusion)

Ce soir sur Canal+ Cinéma DROM :

21h24 Le bonheur est pour demain

Rediffusion Film : drame 1h35 -10

Engagée dans une relation monotone avec un conjoint tyrannique, Sophie subit son morne quotidien. La vie de la mère de famille bascule quand elle croise la route de Claude, un séduisant et mystérieux quadragénaire. Sous le charme, elle ne tarde pas à découvrir que ce dernier est en réalité un braqueur de banque. Peu après le début de leur idylle, Claude est arrêté à la suite d'un hold-up qui a très mal tourné et durant lequel un homme a perdu la vie. Il est incarcéré après avoir été condamné à une lourde peine. Bouleversée, Sophie refuse pourtant de renoncer à cet amour impossible, soutenue par la mère de son amant... - Critique : On se souvient de la mère fantasque et fleur bleue qu’avait imaginée Louis Garrel pour le jeune homme qu’il jouait dans son film, L’Innocent (2022) : une femme qui donnait des cours de théâtre en prison, comme l’avait fait la vraie maman de l’acteur, Brigitte Sy. C’est elle, cette fois, qui vient nous parler d’amour en milieu carcéral. Le ton n’est plus à la comédie, la réalisatrice fait vibrer des émois avec lesquels on ne badine pas : la fatale attraction qui naît, dans un bar, entre Sophie (Laetitia Casta) et Claude (Damien Bonnard). Il n’a pas de métier, il « bricole », et elle n’est que « la femme à José », un autre petit voyou. Mais sur l’écran, Sophie et Claude sont beaux comme Marlene Dietrich et Jean Gabin. Leurs regards les aimantent, leurs sourires débordent de désir. Et que lui se retrouve, un sale matin, derrière les barreaux n’y changera rien. Un peu d’éternité passe dans ce film, qui commence dans les années 1990 et traverse le long temps de la séparation en préservant une vision presque à l’ancienne de la pègre et de la relation romantique, montrée dans sa noblesse d’âme. À travers Sophie, qui parle de Claude comme d’un « mec du XIXᵉ siècle », et à travers la mère de celui-ci, beau personnage d’ex-toxicomane joué par Béatrice Dalle, Brigitte Sy s’intéresse à des sentiments intemporels. Elle raconte l’amour des femmes, en dit la force admirable et parfois dangereuse, tant la générosité du cœur peut aller de pair avec une forme d’aveuglement… Par-delà des péripéties de film de gangsters un peu trop simplifiées, Le bonheur est pour demain interroge avec beaucoup de vérité les paradoxes du manque affectif, moteur et obstacle dans la passion vécue au parloir, puisque la prison, à la fois, attise l’envie d’être ensemble et en prolonge l’impossibilité. Un regard féminin engagé et subtil, porté par des interprètes enthousiasmants.

« Le bonheur est pour demain » sur Canal+ Cinéma DROM

22h59 Winter Break

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h9 Tout public

Nouvelle-Angleterre, en 1970. Professeur d'histoire ancienne au prestigieux lycée Barton, un établissement privé réservé aux garçons, Paul Hunham apprend avec désarroi qu'il a été désigné par la direction pour surveiller les quelques élèves qui resteront dans le lycée pendant les fêtes de fin d'année. Peu sociable et aigri, l'homme accepte difficilement son sort, d'autant plus qu'un seul et unique élève passera finalement Noël sur place : le peu commode Angus, réputé pour son insubordination. Inévitablement, la cohabitation forcée commence par quelques menues frictions. Mais les vacances finissent vite par prendre une tournure inattendue... - Critique : Monsieur Hunham est le type de professeur qu’aucun élève ne rêverait d’avoir. Sadique, pédant, à la fois bourru et d’une ironie cuisante, il sifflote La Chevauchée des Walkyries en rendant les copies estampillées de notes presque nulles. Ce triste sire qui enseigne l’histoire antique dans un internat prestigieux n’est aimé par personne, pas même de ses collègues qui l’ont surnommé « Neunœil », en référence à son strabisme disgracieux lui faisant une tête de poisson. Monsieur Hunham (Paul Giamatti, inénarrable) collectionne les défauts, mais il faut lui reconnaître au moins une qualité : opposé aux privilèges dus à l’argent, il est resté intègre. Trop, sans doute, aux yeux de son directeur, qui lui reproche d’avoir mal noté le fils d’un sénateur, lequel était fort contrarié — sous-entendu du grief : le budget de l’établissement privé risque d’en pâtir. Puni de son zèle, voilà monsieur Hunham contraint d’assurer la permanence du campus de Barton durant les vacances de Noël. Pour encadrer les quatre élèves malchanceux qui n’ont nulle part où aller. Ce campus d’excellence de la Nouvelle-Angleterre, cette époque de l’hiver 1970 et ces personnages font irrésistiblement penser au cinéma du Nouvel Hollywood, de Hal Ashby à Mike Nichols. Au générique, le réalisateur Alexander Payne s’amuse d’ailleurs à faire comme si c’était un vieux film, à travers une bande-son grésillante, une image rayée et un graphisme rétro. Bref hommage, sous forme ludique, rien de plus. Car le film ne capitalise pas sur la nostalgie facile de l’époque et sa ribambelle de fétiches, malgré une BO sophistiquée (Labi Siffre, Cat Stevens, Shocking Blue). Pour une raison simple : le professeur Paul Hunham, engoncé dans ses vieux habits classiques, n’est pas vraiment de son temps. Les élèves de Barton guère plus d’ailleurs : fils de très bonne famille arborant le look bon chic, bon genre intemporel, ils se doivent de tous rentrer dans le même moule conformiste. L’un d’eux, pourtant, sort du lot. Angus est moins « béotien » (le sarcasme favori de monsieur Hunham) que les autres. Mais cet élève intelligent est vulnérable et fort turbulent. Or c’est lui qui est finalement le seul à rester pour Noël, les trois autres bénéficiant entre-temps d’un départ insolent en hélicoptère pour des vacances de luxe. Voici donc le professeur vachard et l’élève récalcitrant condamnés à cohabiter. À ces deux relégués, il faut ajouter la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils dans la guerre du Vietnam, après avoir enterré, des années auparavant, son mari. Plus d’une aurait sombré, elle, elle tient bon — le whisky l’aide sans doute un peu. À chacun ses béquilles. Ces trois-là sont des anti-héros peu gâtés par la vie. De ceux, maudits ou ratés, pathétiques mais rendus drôles, qu’affectionne Alexander Payne. Souvenons-nous du sexagénaire dépressif (Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt), des deux amis quadras oubliant leur déconfiture dans du bon vin (Sideways) ou de l’avocat ridicule en chemise hawaïenne dépassé par les événements (Georges Clooney dans The Descendants). Dans Winter Break, les brebis galeuses forment un trio improbable, elles n’ont rien en commun a priori — pas la même couleur de peau, pas le même âge, pas la même histoire. De là l’intérêt majeur du scénario (signé David Hemingson), qui fait en sorte de les rapprocher en révélant une qualité commune : une forme d’empathie, plus ou moins enfouie, sour leur carapace endurcie. Des dialogues savoureux Il est probable que Paul Hunham lui-même ne pensait plus l’avoir en lui, cette empathie, puisque son rigorisme confine à la misanthropie. L’habileté d’Alexander Payne est de nous rendre peu à peu attachant ce personnage rebutant — jusque dans l’odeur de poisson qu’il dégage, en raison d’une pathologie rare. À la faveur d’un passage cocasse à l’hôpital, des fêtes de Noël et d’un court séjour à Boston, des échanges de plus en plus intimes s’établissent entre lui et Angus, pauvre garçon délaissé. Crève-cœur, le film pourrait l’être, s’il ne tenait pas à distance le pathos et la mièvrerie, gardant son cap sur le tragi-comique de l’existence. L’humour, salvateur, est indémêlable ici d’une forme de tendresse, pudique et douce-amère. Difficile de résister aux dialogues pleins d’esprit, aux allusions à Marc Aurèle ou à Cicéron, aux insultes baroques (« Vous avez toujours été un cancer du pénis sous forme humaine ») et à l’émotion qui nous saisit, par surprise. Cette comédie très humaine a ceci d’étonnant qu’elle conduit finalement à un joli paradoxe : c’est en poussant jusqu’au bout la logique stoïcienne de son sens du devoir que monsieur Hunham rompt, non sans panache, avec son ascétisme. Moralité : il n’y a vraiment pas d’âge pour faire sa révolution. PAUL GIAMATTI, BRILLANT OUTSIDERUn acteur familier et aimé, au nom mal connu. Depuis une trentaine d’années, moustachu joufflu ou barbichu, Paul Giamatti s’est surtout distingué dans des seconds rôles, truculents ou sérieux. Il lui est arrivé d’être au premier plan. Dans American Splendor (2003), il compose un formidable Harvey Pekar, ce pauvre type cradingue devenu scénariste cinglant de BD. Alexander Payne avait déjà fait appel à lui il y a vingt ans, pour Sideways, où il était irrésistible en prof tourmenté par son divorce et ses velléités d’écriture. Diplômé de Yale dans la vraie vie, comédien talentueux capable de tout jouer, Paul Giamatti possède cette qualité rare : l’absence de narcissisme. Son physique n’obéit pas aux canons de la beauté, et il en rajoute volontiers, prenant un malin plaisir à s’enlaidir. Voir ce grand moment, dans Winter Break, où, fou de rage, il désigne à son ennemi celui de ses deux yeux, aux directions divergentes, qu’il faut regarder. Et sinon, gare à lui !

« Winter Break » sur Canal+ Cinéma DROM

Ce soir sur Canal+ Cinéma DROM :

21h24 Le bonheur est pour demain

Rediffusion Film : drame 1h35 -10

Engagée dans une relation monotone avec un conjoint tyrannique, Sophie subit son morne quotidien. La vie de la mère de famille bascule quand elle croise la route de Claude, un séduisant et mystérieux quadragénaire. Sous le charme, elle ne tarde pas à découvrir que ce dernier est en réalité un braqueur de banque. Peu après le début de leur idylle, Claude est arrêté à la suite d'un hold-up qui a très mal tourné et durant lequel un homme a perdu la vie. Il est incarcéré après avoir été condamné à une lourde peine. Bouleversée, Sophie refuse pourtant de renoncer à cet amour impossible, soutenue par la mère de son amant... - Critique : On se souvient de la mère fantasque et fleur bleue qu’avait imaginée Louis Garrel pour le jeune homme qu’il jouait dans son film, L’Innocent (2022) : une femme qui donnait des cours de théâtre en prison, comme l’avait fait la vraie maman de l’acteur, Brigitte Sy. C’est elle, cette fois, qui vient nous parler d’amour en milieu carcéral. Le ton n’est plus à la comédie, la réalisatrice fait vibrer des émois avec lesquels on ne badine pas : la fatale attraction qui naît, dans un bar, entre Sophie (Laetitia Casta) et Claude (Damien Bonnard). Il n’a pas de métier, il « bricole », et elle n’est que « la femme à José », un autre petit voyou. Mais sur l’écran, Sophie et Claude sont beaux comme Marlene Dietrich et Jean Gabin. Leurs regards les aimantent, leurs sourires débordent de désir. Et que lui se retrouve, un sale matin, derrière les barreaux n’y changera rien. Un peu d’éternité passe dans ce film, qui commence dans les années 1990 et traverse le long temps de la séparation en préservant une vision presque à l’ancienne de la pègre et de la relation romantique, montrée dans sa noblesse d’âme. À travers Sophie, qui parle de Claude comme d’un « mec du XIXᵉ siècle », et à travers la mère de celui-ci, beau personnage d’ex-toxicomane joué par Béatrice Dalle, Brigitte Sy s’intéresse à des sentiments intemporels. Elle raconte l’amour des femmes, en dit la force admirable et parfois dangereuse, tant la générosité du cœur peut aller de pair avec une forme d’aveuglement… Par-delà des péripéties de film de gangsters un peu trop simplifiées, Le bonheur est pour demain interroge avec beaucoup de vérité les paradoxes du manque affectif, moteur et obstacle dans la passion vécue au parloir, puisque la prison, à la fois, attise l’envie d’être ensemble et en prolonge l’impossibilité. Un regard féminin engagé et subtil, porté par des interprètes enthousiasmants.

« Le bonheur est pour demain » sur Canal+ Cinéma DROM

22h59 Winter Break

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h9 Tout public

Nouvelle-Angleterre, en 1970. Professeur d'histoire ancienne au prestigieux lycée Barton, un établissement privé réservé aux garçons, Paul Hunham apprend avec désarroi qu'il a été désigné par la direction pour surveiller les quelques élèves qui resteront dans le lycée pendant les fêtes de fin d'année. Peu sociable et aigri, l'homme accepte difficilement son sort, d'autant plus qu'un seul et unique élève passera finalement Noël sur place : le peu commode Angus, réputé pour son insubordination. Inévitablement, la cohabitation forcée commence par quelques menues frictions. Mais les vacances finissent vite par prendre une tournure inattendue... - Critique : Monsieur Hunham est le type de professeur qu’aucun élève ne rêverait d’avoir. Sadique, pédant, à la fois bourru et d’une ironie cuisante, il sifflote La Chevauchée des Walkyries en rendant les copies estampillées de notes presque nulles. Ce triste sire qui enseigne l’histoire antique dans un internat prestigieux n’est aimé par personne, pas même de ses collègues qui l’ont surnommé « Neunœil », en référence à son strabisme disgracieux lui faisant une tête de poisson. Monsieur Hunham (Paul Giamatti, inénarrable) collectionne les défauts, mais il faut lui reconnaître au moins une qualité : opposé aux privilèges dus à l’argent, il est resté intègre. Trop, sans doute, aux yeux de son directeur, qui lui reproche d’avoir mal noté le fils d’un sénateur, lequel était fort contrarié — sous-entendu du grief : le budget de l’établissement privé risque d’en pâtir. Puni de son zèle, voilà monsieur Hunham contraint d’assurer la permanence du campus de Barton durant les vacances de Noël. Pour encadrer les quatre élèves malchanceux qui n’ont nulle part où aller. Ce campus d’excellence de la Nouvelle-Angleterre, cette époque de l’hiver 1970 et ces personnages font irrésistiblement penser au cinéma du Nouvel Hollywood, de Hal Ashby à Mike Nichols. Au générique, le réalisateur Alexander Payne s’amuse d’ailleurs à faire comme si c’était un vieux film, à travers une bande-son grésillante, une image rayée et un graphisme rétro. Bref hommage, sous forme ludique, rien de plus. Car le film ne capitalise pas sur la nostalgie facile de l’époque et sa ribambelle de fétiches, malgré une BO sophistiquée (Labi Siffre, Cat Stevens, Shocking Blue). Pour une raison simple : le professeur Paul Hunham, engoncé dans ses vieux habits classiques, n’est pas vraiment de son temps. Les élèves de Barton guère plus d’ailleurs : fils de très bonne famille arborant le look bon chic, bon genre intemporel, ils se doivent de tous rentrer dans le même moule conformiste. L’un d’eux, pourtant, sort du lot. Angus est moins « béotien » (le sarcasme favori de monsieur Hunham) que les autres. Mais cet élève intelligent est vulnérable et fort turbulent. Or c’est lui qui est finalement le seul à rester pour Noël, les trois autres bénéficiant entre-temps d’un départ insolent en hélicoptère pour des vacances de luxe. Voici donc le professeur vachard et l’élève récalcitrant condamnés à cohabiter. À ces deux relégués, il faut ajouter la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils dans la guerre du Vietnam, après avoir enterré, des années auparavant, son mari. Plus d’une aurait sombré, elle, elle tient bon — le whisky l’aide sans doute un peu. À chacun ses béquilles. Ces trois-là sont des anti-héros peu gâtés par la vie. De ceux, maudits ou ratés, pathétiques mais rendus drôles, qu’affectionne Alexander Payne. Souvenons-nous du sexagénaire dépressif (Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt), des deux amis quadras oubliant leur déconfiture dans du bon vin (Sideways) ou de l’avocat ridicule en chemise hawaïenne dépassé par les événements (Georges Clooney dans The Descendants). Dans Winter Break, les brebis galeuses forment un trio improbable, elles n’ont rien en commun a priori — pas la même couleur de peau, pas le même âge, pas la même histoire. De là l’intérêt majeur du scénario (signé David Hemingson), qui fait en sorte de les rapprocher en révélant une qualité commune : une forme d’empathie, plus ou moins enfouie, sour leur carapace endurcie. Des dialogues savoureux Il est probable que Paul Hunham lui-même ne pensait plus l’avoir en lui, cette empathie, puisque son rigorisme confine à la misanthropie. L’habileté d’Alexander Payne est de nous rendre peu à peu attachant ce personnage rebutant — jusque dans l’odeur de poisson qu’il dégage, en raison d’une pathologie rare. À la faveur d’un passage cocasse à l’hôpital, des fêtes de Noël et d’un court séjour à Boston, des échanges de plus en plus intimes s’établissent entre lui et Angus, pauvre garçon délaissé. Crève-cœur, le film pourrait l’être, s’il ne tenait pas à distance le pathos et la mièvrerie, gardant son cap sur le tragi-comique de l’existence. L’humour, salvateur, est indémêlable ici d’une forme de tendresse, pudique et douce-amère. Difficile de résister aux dialogues pleins d’esprit, aux allusions à Marc Aurèle ou à Cicéron, aux insultes baroques (« Vous avez toujours été un cancer du pénis sous forme humaine ») et à l’émotion qui nous saisit, par surprise. Cette comédie très humaine a ceci d’étonnant qu’elle conduit finalement à un joli paradoxe : c’est en poussant jusqu’au bout la logique stoïcienne de son sens du devoir que monsieur Hunham rompt, non sans panache, avec son ascétisme. Moralité : il n’y a vraiment pas d’âge pour faire sa révolution. PAUL GIAMATTI, BRILLANT OUTSIDERUn acteur familier et aimé, au nom mal connu. Depuis une trentaine d’années, moustachu joufflu ou barbichu, Paul Giamatti s’est surtout distingué dans des seconds rôles, truculents ou sérieux. Il lui est arrivé d’être au premier plan. Dans American Splendor (2003), il compose un formidable Harvey Pekar, ce pauvre type cradingue devenu scénariste cinglant de BD. Alexander Payne avait déjà fait appel à lui il y a vingt ans, pour Sideways, où il était irrésistible en prof tourmenté par son divorce et ses velléités d’écriture. Diplômé de Yale dans la vraie vie, comédien talentueux capable de tout jouer, Paul Giamatti possède cette qualité rare : l’absence de narcissisme. Son physique n’obéit pas aux canons de la beauté, et il en rajoute volontiers, prenant un malin plaisir à s’enlaidir. Voir ce grand moment, dans Winter Break, où, fou de rage, il désigne à son ennemi celui de ses deux yeux, aux directions divergentes, qu’il faut regarder. Et sinon, gare à lui !

« Winter Break » sur Canal+ Cinéma DROM

Ce soir sur Canal+ Cinéma DROM :

21h24 Le bonheur est pour demain

Rediffusion Film : drame 1h35 -10

Engagée dans une relation monotone avec un conjoint tyrannique, Sophie subit son morne quotidien. La vie de la mère de famille bascule quand elle croise la route de Claude, un séduisant et mystérieux quadragénaire. Sous le charme, elle ne tarde pas à découvrir que ce dernier est en réalité un braqueur de banque. Peu après le début de leur idylle, Claude est arrêté à la suite d'un hold-up qui a très mal tourné et durant lequel un homme a perdu la vie. Il est incarcéré après avoir été condamné à une lourde peine. Bouleversée, Sophie refuse pourtant de renoncer à cet amour impossible, soutenue par la mère de son amant... - Critique : On se souvient de la mère fantasque et fleur bleue qu’avait imaginée Louis Garrel pour le jeune homme qu’il jouait dans son film, L’Innocent (2022) : une femme qui donnait des cours de théâtre en prison, comme l’avait fait la vraie maman de l’acteur, Brigitte Sy. C’est elle, cette fois, qui vient nous parler d’amour en milieu carcéral. Le ton n’est plus à la comédie, la réalisatrice fait vibrer des émois avec lesquels on ne badine pas : la fatale attraction qui naît, dans un bar, entre Sophie (Laetitia Casta) et Claude (Damien Bonnard). Il n’a pas de métier, il « bricole », et elle n’est que « la femme à José », un autre petit voyou. Mais sur l’écran, Sophie et Claude sont beaux comme Marlene Dietrich et Jean Gabin. Leurs regards les aimantent, leurs sourires débordent de désir. Et que lui se retrouve, un sale matin, derrière les barreaux n’y changera rien. Un peu d’éternité passe dans ce film, qui commence dans les années 1990 et traverse le long temps de la séparation en préservant une vision presque à l’ancienne de la pègre et de la relation romantique, montrée dans sa noblesse d’âme. À travers Sophie, qui parle de Claude comme d’un « mec du XIXᵉ siècle », et à travers la mère de celui-ci, beau personnage d’ex-toxicomane joué par Béatrice Dalle, Brigitte Sy s’intéresse à des sentiments intemporels. Elle raconte l’amour des femmes, en dit la force admirable et parfois dangereuse, tant la générosité du cœur peut aller de pair avec une forme d’aveuglement… Par-delà des péripéties de film de gangsters un peu trop simplifiées, Le bonheur est pour demain interroge avec beaucoup de vérité les paradoxes du manque affectif, moteur et obstacle dans la passion vécue au parloir, puisque la prison, à la fois, attise l’envie d’être ensemble et en prolonge l’impossibilité. Un regard féminin engagé et subtil, porté par des interprètes enthousiasmants.

« Le bonheur est pour demain » sur Canal+ Cinéma DROM

22h59 Winter Break

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h9 Tout public

Nouvelle-Angleterre, en 1970. Professeur d'histoire ancienne au prestigieux lycée Barton, un établissement privé réservé aux garçons, Paul Hunham apprend avec désarroi qu'il a été désigné par la direction pour surveiller les quelques élèves qui resteront dans le lycée pendant les fêtes de fin d'année. Peu sociable et aigri, l'homme accepte difficilement son sort, d'autant plus qu'un seul et unique élève passera finalement Noël sur place : le peu commode Angus, réputé pour son insubordination. Inévitablement, la cohabitation forcée commence par quelques menues frictions. Mais les vacances finissent vite par prendre une tournure inattendue... - Critique : Monsieur Hunham est le type de professeur qu’aucun élève ne rêverait d’avoir. Sadique, pédant, à la fois bourru et d’une ironie cuisante, il sifflote La Chevauchée des Walkyries en rendant les copies estampillées de notes presque nulles. Ce triste sire qui enseigne l’histoire antique dans un internat prestigieux n’est aimé par personne, pas même de ses collègues qui l’ont surnommé « Neunœil », en référence à son strabisme disgracieux lui faisant une tête de poisson. Monsieur Hunham (Paul Giamatti, inénarrable) collectionne les défauts, mais il faut lui reconnaître au moins une qualité : opposé aux privilèges dus à l’argent, il est resté intègre. Trop, sans doute, aux yeux de son directeur, qui lui reproche d’avoir mal noté le fils d’un sénateur, lequel était fort contrarié — sous-entendu du grief : le budget de l’établissement privé risque d’en pâtir. Puni de son zèle, voilà monsieur Hunham contraint d’assurer la permanence du campus de Barton durant les vacances de Noël. Pour encadrer les quatre élèves malchanceux qui n’ont nulle part où aller. Ce campus d’excellence de la Nouvelle-Angleterre, cette époque de l’hiver 1970 et ces personnages font irrésistiblement penser au cinéma du Nouvel Hollywood, de Hal Ashby à Mike Nichols. Au générique, le réalisateur Alexander Payne s’amuse d’ailleurs à faire comme si c’était un vieux film, à travers une bande-son grésillante, une image rayée et un graphisme rétro. Bref hommage, sous forme ludique, rien de plus. Car le film ne capitalise pas sur la nostalgie facile de l’époque et sa ribambelle de fétiches, malgré une BO sophistiquée (Labi Siffre, Cat Stevens, Shocking Blue). Pour une raison simple : le professeur Paul Hunham, engoncé dans ses vieux habits classiques, n’est pas vraiment de son temps. Les élèves de Barton guère plus d’ailleurs : fils de très bonne famille arborant le look bon chic, bon genre intemporel, ils se doivent de tous rentrer dans le même moule conformiste. L’un d’eux, pourtant, sort du lot. Angus est moins « béotien » (le sarcasme favori de monsieur Hunham) que les autres. Mais cet élève intelligent est vulnérable et fort turbulent. Or c’est lui qui est finalement le seul à rester pour Noël, les trois autres bénéficiant entre-temps d’un départ insolent en hélicoptère pour des vacances de luxe. Voici donc le professeur vachard et l’élève récalcitrant condamnés à cohabiter. À ces deux relégués, il faut ajouter la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils dans la guerre du Vietnam, après avoir enterré, des années auparavant, son mari. Plus d’une aurait sombré, elle, elle tient bon — le whisky l’aide sans doute un peu. À chacun ses béquilles. Ces trois-là sont des anti-héros peu gâtés par la vie. De ceux, maudits ou ratés, pathétiques mais rendus drôles, qu’affectionne Alexander Payne. Souvenons-nous du sexagénaire dépressif (Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt), des deux amis quadras oubliant leur déconfiture dans du bon vin (Sideways) ou de l’avocat ridicule en chemise hawaïenne dépassé par les événements (Georges Clooney dans The Descendants). Dans Winter Break, les brebis galeuses forment un trio improbable, elles n’ont rien en commun a priori — pas la même couleur de peau, pas le même âge, pas la même histoire. De là l’intérêt majeur du scénario (signé David Hemingson), qui fait en sorte de les rapprocher en révélant une qualité commune : une forme d’empathie, plus ou moins enfouie, sour leur carapace endurcie. Des dialogues savoureux Il est probable que Paul Hunham lui-même ne pensait plus l’avoir en lui, cette empathie, puisque son rigorisme confine à la misanthropie. L’habileté d’Alexander Payne est de nous rendre peu à peu attachant ce personnage rebutant — jusque dans l’odeur de poisson qu’il dégage, en raison d’une pathologie rare. À la faveur d’un passage cocasse à l’hôpital, des fêtes de Noël et d’un court séjour à Boston, des échanges de plus en plus intimes s’établissent entre lui et Angus, pauvre garçon délaissé. Crève-cœur, le film pourrait l’être, s’il ne tenait pas à distance le pathos et la mièvrerie, gardant son cap sur le tragi-comique de l’existence. L’humour, salvateur, est indémêlable ici d’une forme de tendresse, pudique et douce-amère. Difficile de résister aux dialogues pleins d’esprit, aux allusions à Marc Aurèle ou à Cicéron, aux insultes baroques (« Vous avez toujours été un cancer du pénis sous forme humaine ») et à l’émotion qui nous saisit, par surprise. Cette comédie très humaine a ceci d’étonnant qu’elle conduit finalement à un joli paradoxe : c’est en poussant jusqu’au bout la logique stoïcienne de son sens du devoir que monsieur Hunham rompt, non sans panache, avec son ascétisme. Moralité : il n’y a vraiment pas d’âge pour faire sa révolution. PAUL GIAMATTI, BRILLANT OUTSIDERUn acteur familier et aimé, au nom mal connu. Depuis une trentaine d’années, moustachu joufflu ou barbichu, Paul Giamatti s’est surtout distingué dans des seconds rôles, truculents ou sérieux. Il lui est arrivé d’être au premier plan. Dans American Splendor (2003), il compose un formidable Harvey Pekar, ce pauvre type cradingue devenu scénariste cinglant de BD. Alexander Payne avait déjà fait appel à lui il y a vingt ans, pour Sideways, où il était irrésistible en prof tourmenté par son divorce et ses velléités d’écriture. Diplômé de Yale dans la vraie vie, comédien talentueux capable de tout jouer, Paul Giamatti possède cette qualité rare : l’absence de narcissisme. Son physique n’obéit pas aux canons de la beauté, et il en rajoute volontiers, prenant un malin plaisir à s’enlaidir. Voir ce grand moment, dans Winter Break, où, fou de rage, il désigne à son ennemi celui de ses deux yeux, aux directions divergentes, qu’il faut regarder. Et sinon, gare à lui !

« Winter Break » sur Canal+ Cinéma DROM

Programme Canal+ Cinéma DROM de la journée d'aujourd'hui

Jeudi 26 Décembre 2024

De 06h54 à 08h40 Black Tea

Rediffusion Film : drame 1h46 Tout public

Alors que son mariage approche, Aya découvre avec stupeur l'infidélité de son futur époux. Bouleversée, la jeune femme décide, à la surprise générale, d'annuler la cérémonie au dernier moment et quitte la Côte d'Ivoire pour partir s'installer à Guangzhou, en Chine. Sur place, elle trouve un emploi dans une boutique d'export de thé dirigée par Cai, un sympathique quadragénaire. Au fil des journées passées côte à côte, tous deux ne tardent pas à se découvrir des atomes crochus et finissent, au grand dam de leur entourage, par tomber amoureux l'un de l'autre. Ils s'engagent dans une relation qui va vite être mise à l'épreuve... - Critique : :t3: Pour Que fait cette jeune femme ivoirienne si loin de chez elle, déambulant parmi les échoppes de la ville de Canton, néons troubles et lampions chauds, décor presque irréel qui fait comme un écrin à sa beauté mordorée ? Elle s’appelle Aya (la comédienne Nina Melo, paisiblement, divinement altière), et tente de se reconstruire, après avoir dit non à son fiancé infidèle, le jour même de son mariage. Embauchée dans une boutique de thé, elle tisse peu à peu avec Cai, le propriétaire, un lien amoureux aussi puissant et délicat que les décoctions dont elle apprend jour après jour à exalter les saveurs. Les mondes et les cultures se frôlent, se caressent, mais peuvent-ils vraiment coexister ? Le contexte de ce nouveau film du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est en apparence bien moins douloureux que celui de Timbuktu, bijou d’humanité sorti il y a déjà dix ans, qui observait les souffrances et la résistance de la population de Tombouctou sous occupation islamiste. Ici, au premier abord, tout n’est que convivialité tranquille, au sein d’une communauté très rarement représentée à l’écran : les immigrés africains installés en Chine, et plus particulièrement à Canton. Il suffit pourtant d’apprendre le nom que les locaux donnent au quartier ou se sont rassemblés ces étrangers en quête d’une vie meilleure pour qu’affleure la violence du racisme et du rejet : « Chocolate city ». Partout, peu à peu, l’impression d’harmonie se lézarde, des propos épouvantables de l’ex-belle-famille de Cai aux difficultés des migrants. La force du cinéma d’Abderrahmane Sissako est, comme toujours, d’opposer la douceur et la subtilité des liens humains, la beauté chaleureuse et picturale des images à la laideur du monde. Si l’histoire d’Aya et Cai, qui s’aiment et conversent sans barrières dans un chinois aisé et soyeux, ressemble à un conte discrètement enchanté, elle ne gomme pas pour autant les obstacles, les préjugés et les tensions. Tout ce qui risque de condamner une relation dont la sensibilité et la tendresse, envers et contre tout, n’en sont que plus précieuses, plus essentielles. – Cécile Mury :t1: Contre Black Tea réserve deux surprises majeures. La première, bien sûr, c’est cette plongée inédite dans le quartier africain de Canton. La seconde, c’est que l’auteur a choisi d’en tirer un roman-photo lénifiant, dont la beauté plastique indéniable ne peut masquer la tiédeur scénaristique. Il procède par touches délicates, au compte-gouttes, levant progressivement le voile sur l’amour qui couve entre Aya et Cai. Des regards qui en disent long, une main qui en effleure une autre dans le secret d’une arrière-boutique, des rendez-vous discrets au restaurant, entre deux dégustations de thé forcément cérémonieuses – où l’héroïne à peine esquissée ne répète essentiellement que « hmm, ça sent bon ». La photo, les vêtements, les reflets dans les vitrines sont jolis, mais il n’est pas interdit de trouver le temps long devant ce cousin lointain d’In the Mood for Love, de Wong Kar-wai. Alors qu’on brûle d’en savoir plus sur cette communauté d’immigrés et ses relations avec la population locale, le cinéaste s’enlise dans les histoires de famille du patron-sexy-mais-taiseux et attend la toute fin de sa luxueuse carte postale pour corser les enjeux. Dommage. – Marie Sauvion

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 06h54 : Black Tea

De 08h40 à 10h01 Comme un prince

Rediffusion Film : comédie 1h21 -10

Grand espoir de la boxe, Souleyman s'entraîne intensivement avec l'équipe de France en vue des prochains Jeux olympiques. Mais ses rêves de gloire sont soudain réduits à néant en raison de son implication dans une bagarre au cours d'une sortie dans un bar. En sus d'une vilaine blessure à une main, le jeune homme est condamné à effectuer 400 heures de travaux d'intérêt général au château de Chambord. Sur place, Souleyman découvre un univers totalement inconnu auquel il a du mal à s'adapter. Chargé de tâches ingrates, il se morfond jusqu'à sa rencontre avec Mélissa, une adolescente qui semble posséder un talent inné pour la boxe... - Critique : Il était une fois… un film maladroit, ou plutôt mal à gauche, et pas que du crochet. Pour Souleyman (Ahmed Sylla, transparent), c’est la bérézina : promis à un grand avenir, le boxeur se blesse lors d’une rixe en boîte de nuit. Fini les jeux Olympiques, et la carrière en équipe de France. Pire, le jeune homme doit s’acquitter de travaux d’intérêt général… à Chambord. La vie de château, mais côté coulisses : jardinier, palefrenier, Souleyman n’est plus très loin de se noyer dans les douves de l’existence quand il fait la rencontre de Melissa, une jeune fille de l’Assistance, remarquablement habile de ses poings… Alléluia, notre héros va reprendre sa vie en main – dans le costume d’entraîneur cette fois. Et déjà, une histoire d’amour avec la maîtresse du domaine (Julia Piaton, lumineuse) pointe le bout de son nez. Comme un prince : le titre ne ment pas, il s’agit bien d’un conte de fées, mais qu’il est triste ! D’abord ni le réalisateur Ali Marhyar ni Souleyman ne semblent jamais révoltés par l’injustice où est plongé ce pauvre poids plume. Passons aussi sur le fantasme très naïf du cinéaste selon lequel la justice condamnerait un boxeur lorsqu’il se défend contre un ivrogne armé d’un tesson de bouteille, au motif que ses poings sont des « armes blanches » (sic). On bascule d’un plan ou d’un lieu à un autre comme on enchaîne les rounds d’un match de préparation – ainsi des deux Jonathan (Cohen et Lambert), qui passent une tête, sans doute pour rendre service : ils redonnent le sourire mais pas tellement plus. Surtout, on s’inquiète du message (qu’on espère inconscient) envoyé aux vieux immigrés, et à leurs descendants. D’abord quand Eddy explique à Souleyman que pour s’intégrer il lui faut connaître l’histoire de France – rappelant à notre bon souvenir les lois de l’ancien gouvernement Fillon. Ensuite quand on comprend qu’une intégration réussie, c’est branler une épée et nettoyer les écuries d’une sorte de Puy du Fou… Sûr que sous les ors du palais de l’Élysée, on préfère ça aux émeutiers.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 08h40 : Comme un prince

De 10h01 à 11h42 Hawaii

Rediffusion Film : comédie 1h41 -10

Réunis chez un ami expatrié sur l'île d'Hawaii, un groupe de copains espère passer des vacances de rêve. Malheureusement, une alerte chamboule leur séjour : un missile balistique se dirigerait sur l'île. Persuadés qu'ils vont mourir, ils décident de se révéler leurs secrets inavouables. Certaines de ces confessions vont mettre à mal leur amitié. Lorsque le tir de missile s'avère être une fausse alerte, les amis vont avoir du mal à oublier ce qui a été dit. Le reste des vacances s'annonce long et tendu... - Critique : Pour son troisième long métrage, toujours coscénarisé par Vincent Juillet, Mélissa Drigeard creuse le sillon néo-beauf d’un Guillaume Canet (Les Petits Mouchoirs, Nous finirons ensemble) ou d’un Nicolas Bedos (Mascarade). La scène d’ouverture, irregardable, donne le ton. Soit un groupe d’amis français, en vacances dans un hôtel privatisé en bord de plage à Hawaï, qui se dit ses quatre vérités sous la menace d’un missile balistique nord-coréen – inspirée d’une vraie-fausse alerte survenue début 2018, durant le mandat de Donald Trump. Ce « pitch » devient prétexte à un énième film de potes détestable(s), sur le modèle de la « team » Canet ou de la troupe de Géraldine Nakache (Nous York, 2012). Passé l’hystérie collective sur fond de hurlements de sirènes, l’équipe n’est en rien libérée des non-dits : la déflagration atomique n’a pas eu lieu, puisque le scénario garde encore deux secrets sous le coude – carburant rance du genre. Ce qui frappe, d’entrée, c’est un refus du monde extérieur qui confine à la misanthropie. La population locale n’est jamais montrée, hormis un maître-nageur abruti, tandis que les décors tiennent de la carte postale – il faut dire que le tournage s’est déroulé à La Réunion. Seul compte le nombril des quadras gaulois, filmés en gros plans. Notons que l’entre-soi, ici, est affaire de nationalité autant que de génération, comme en atteste le traitement réservé aux trois ados encombrants. Phallocratie terminale À l’instar des Petits Mouchoirs, l’homophobie ordinaire – un quiproquo gras consistant à faire passer pour gay le viril de la bande – apparaît comme le symptôme le plus visible d’une espèce de phallocratie terminale. Pauvre personnage interprété par Bérénice Bejo, qui doit subir la drague insistante de ceux joués par Manu Payet et Nicolas Duvauchelle… La misogynie larvée éclate au grand jour avec un raccord involontaire de montage : un artiste contemporain s’exhibe en public à la terrasse d’un bar, pénis à l’air. Plan suivant : de la chantilly est aspergée sur le visage d’une héroïne féminine (racisée, qui plus est). Même raté, le premier film de la cinéaste (Jamais le premier soir, 2014) avait au moins la décence de suivre une bande de filles, en s’affranchissant un peu de la loi des mecs.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 10h01 : Hawaii

De 11h42 à 13h13 Inestimable

Rediffusion Film : comédie 1h31 Tout public

Bien que très différents, François, Ange et Félix sont trois amis inséparables, réunis notamment par leur passion commune pour la plongée sous-marine. Lors d'une sortie de pêche aux oursins près d'Ajaccio, ils découvrent un trésor inestimable datant du IIIe siècle. Ils récupèrent ainsi des pièces de monnaie romaines, des médaillons et des objets en or. Comprenant immédiatement la valeur de leur trouvaille, ils vendent peu à peu chacun de ces précieux artefacts, sans jamais se demander s'ils en sont les propriétaires légitimes... - Critique : Inestimables sont nos quatre-vingt-quatorze minutes de vie perdues devant cette comédie dont le scénario tient sur un billet de ferry Nice-Bastia : « L’histoire vraie de trois amis qui trouvent un trésor… inestimable ! » On observe donc Éric Fraticelli, Didier Bourdon et Philippe Corti vivoter pendant trente laborieuses minutes avant qu’ils ne trouvent la première pièce d’un trésor qui traînait sous l’eau… au bord de la plage. Le film commence enfin. Apparaît alors Michel Vuillermoz, appliqué en numismate guindé. Face aux trésors que lui présentent les trois compères, l’expert répète à plusieurs reprises le titre en jaune sur l’affiche : « Je n’ai qu’un mot : inestimable. » Blague rendue caduque par la phrase suivante, dans laquelle Vuillermoz formule invariablement un montant. Puis sort des tonnes de billets verts et orange d’on ne sait quel tiroir. Cette comédie platissime, jouée sans entrain, ne profite même pas de son décor (pour le voyage en Corse, on repassera) et enchaîne les répliques qui tombent à plat. On se redresse un peu sur notre siège quand elle adapte à sa façon le gag des gags de la comédie française, le « jour, nuit, jour, nuit » de Jacquouille la Fripouille dans Les Visiteurs, avec une pièce sur le sable recouverte par les vagues. Cela donne : « Elle est à l’État, elle est à nous, elle est à l’État… » Car, vous l’aurez au moins appris ici, tout trésor trouvé dans le domaine maritime reste la propriété de la France. Les trois lurons jouissent de leur nouvelle et illégale fortune, se disputent, sont jugés et punis. Mais se rabibochent, alors que cette belle aventure humaine se termine sur la plage avec de grands sourires. Pas le temps pour une vraie morale, mais l’acteur-réalisateur aura quand même profité du tournage pour payer à sa fille – qui joue sa fille dans le film – un tour en Lamborghini en famille. :t0: Inestimable, d’Éric Fraticelli, France, 1h34. Avec Éric Fraticelli, Didier Bourdon, Philippe Corti et Michel Vuillermoz.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 11h42 : Inestimable

De 13h13 à 14h29 L'esprit Coubertin

Rediffusion Film : comédie 1h16 -10

Après une dizaine de jours de compétition, les Jeux olympiques tournent au véritable fiasco pour la délégation française, qui ne parvient pas à remporter de médaille d'or. La tension monte inexorablement, et tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul, champion du monde de tir, un athlète très peu fiable qui brille par son immaturité et par son manque de clairvoyance. Alors que la compétition approche, Paul se voit contraint de partager sa chambre avec un nageur peu recommandable. En effet, ce dernier semble bien plus préoccupé par les tentations extrasportives qui s'offrent à lui dans le village que par sa course... - Critique : Tout commence par un baiser surprise et catastrophique : le jeune Paul, petit génie du tir, aurait pu participer aux JO. précédents si sa coach, un peu trop enthousiaste à la fin des qualifications, ne l’avait embrassé à pleine bouche, lui refilant une mononucléose ! Mais cette fois, ça y est, nous sommes quatre ans plus tard, aux JO de… Paris et Paul va enfin pouvoir devenir champion olympique. Il a intérêt, d’ailleurs, car, après dix jours de compétition, il reste le dernier espoir d’une délégation française qui n’a réussi à monter sur aucun podium. Pour Paul, gagner n’est pas un problème. Perdre sa virginité nettement plus, et il faudra que cet athlète complètement immature et pas très futé compose avec un coloc de chambre un peu trop détendu et un village olympique à l’ambiance de maternelle. Ce n’est rien de dire que cette comédie délicieusement potache tombe à pic, alors même que la flamme olympique arrive dans l’Hexagone. Pour son premier long métrage, Jérémie Sein se situe dans le même esprit que sa réjouissante série Parlement, avec le sport à la place de la politique comme sujet débarrassé de sa gravité, et avec la lose aussi révélatrice que la réussite. Voilà donc les JO, cette entreprise gigantesque, porteuse de tant d’espoirs, envisagée comme un microcosme puéril pour mieux, finalement, faire apercevoir, en douce, les vrais enjeux de la compétition. Ou comment des hommes et des femmes censés rapporter des médailles ont aussi des problèmes de, en vrac, couchage, préservatifs, nourriture, ou encore des revendications sociales quand ils viennent d’un « dom-tom » méprisé par la République… Benjamin Voisin, un impayable personnage de puceau Très stylisée, un peu intemporelle, avec ses couleurs primaires et ses décors en plastique, cette fable anxieuse sur un monde qui ne respecte que les meilleurs semble trouver son inspiration farceuse du côté de Ricky Bobby : roi du circuit, la comédie d’Adam McKay, mais aussi dans les boîtes de Playmobil ! Le casting, particulièrement cohérent, semble également animé par l’esprit d’équipe. À fond dans l’humour premier degré, entre candeur et inquiétude : totalement méconnaissable, Benjamin Voisin, coupe au bol plaquée en arrière, lunettes et barbiche rousse improbable, compose un impayable personnage de puceau effrayé par la sexualité et la vie en général. Un champion du passage difficile à l’âge adulte. À l’inverse, Emmanuelle Bercot, décidément l’une de nos meilleures actrices dans des rôles toujours divers, s’amuse comme une folle en entraîneuse à la coule, atteinte de jeunisme et mastiquant sans relâche son chewing-gum. On pense aux sketchs sportifs des Inconnus – « Cela ne nous regarde pas ! » –, devant certaines situations croquignolettes et autres trouvailles hilarantes – Aure Atika en « ministre des Sports, du Numérique, de l’Égalité des genres, et des Collectivités territoriales ». Et on adhère à cet Esprit dont la morale, finalement très politique, pourrait être : les sportifs ne sont pas intéressants seulement quand ils gagnent…

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 13h13 : L'esprit Coubertin

De 14h29 à 16h07 Comme un fils

Rediffusion Film : drame 1h38 -10

Professeur d'histoire en région parisienne, Jacques Romand a choisi de quitter temporairement ses fonctions après une altercation avec un lycéen agressif. Témoin d'un vol alors qu'il fait ses courses dans une petite épicerie, l'homme intervient et permet l'arrestation d'un des auteurs du méfait, Victor, un Rom âgé de 14 ans. Etant mineur, ce dernier ne peut être incarcéré. Jacques recroise bientôt l'adolescent et comprend rapidement que Victor, sous la pression des membres de son clan, est contraint de voler pour survivre. Emu par son triste sort, Jacques décide de tout mettre en oeuvre pour lui offrir une vie meilleure... - Critique : Le héros du nouveau film de Nicolas Boukhrief est un personnage tel que les affectionne Vincent Lindon : un homme investi (et très compétent) dans son métier, confronté à la violence d’une société de plus en plus dure avec les faibles. Après avoir interprété un chômeur de longue durée reconverti en agent de sécurité dans La Loi du marché, un leader syndical en grève dans En guerre, puis un haut cadre dirigeant contraint d’appliquer un plan social inique dans Un autre monde – trois longs métrages signés par son complice Stéphane Brizé –, le comédien engagé incarne ici un enseignant solitaire en rupture de l’Éducation nationale. Témoin d’une agression dans la supérette de son quartier, Jacques permet l’arrestation d’un des voleurs. Victor est Rom, a 14 ans, n’est jamais allé à l’école depuis son arrivée en France et multiplie les petits délits sous la pression de son oncle, qui le bat s’il ne ramène pas de l’argent. Ému par son sort, Jacques va devenir le professeur particulier de l’adolescent… Lindon puissant et subtil Comme un fils donne à voir la fascination d’un réalisateur pour son acteur vedette. Boukhrief a même renoncé au style plutôt « carré » de ses polars (Made in France, Trois Jours et une vie) pour une mise en scène à la manière des frères Dardenne, davantage ouverte à l’imprévu et, donc, plus adaptée au jeu instinctif de Lindon. Lequel le lui rend bien avec une composition à la fois puissante et subtile, basée sur la précision des gestes du quotidien, tout en maintenant une certaine opacité psychologique. Le film perd d’ailleurs de son intérêt quand il délaisse la relation ambivalente et touchante entre le maître et son élève rétif (le débutant Stefan Virgil Stoica, aussi convaincant que son illustre partenaire) pour chroniquer, d’une manière documentaire plus convenue, le quotidien d’une association familiale qui vient en aide aux primo-arrivants

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 14h29 : Comme un fils

De 16h07 à 17h46 Dark Market

Rediffusion Film : thriller 1h39 -16

La jeune Soo-hyeon achète une machine à laver d'occasion par le biais d'un site de vente en ligne. Malheureusement, à la réception, elle constate que le lave-linge ne fonctionne pas. Furieuse, elle laisse un commentaire négatif sur le vendeur, qu'elle qualifie d'escroc, et fait un signalement à la police. Ce qu'elle ignore, c'est que l'homme derrière la petite annonce est un tueur en série qui utilise le site pour trouver ses futures proies. Victime d'une série de mauvaises plaisanteries de plus en plus inquiétantes, Soo-hyeon décide de rendre visite au mystérieux vendeur pour qu'il y mette un terme...

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 16h07 : Dark Market

De 17h46 à 19h07 Comme un lundi

Rediffusion Film : comédie 1h21 Tout public

Un jour comme un autre, Takuto et Ken, employés d'une agence de publicité, font face à une étrange impression de déjà-vu au bureau et réalisent que certaines scènes semblent se répéter continuellement. Après avoir analysé la situation, le duo en arrive à la conclusion que l'ensemble de l'entreprise est prise au piège dans une boucle temporelle. Inquiets, ils finissent par révéler leur secret à Akemi, une collègue, qui saisit rapidement que Takuto et Ken disent vrai. Dès lors, un seul mot d'ordre : trouver la cause de ce dérèglement et enfin parvenir à se libérer de ce cauchemar sans fin. Leurs premiers soupçons se portent sur leur patron... - Critique : Une petite agence de publicité, où toute l’équipe et le patron travaillent dans le même open space. Un jour, deux employés sont convaincus, à raison, que l’ensemble du bureau est enfermé dans une boucle temporelle : chaque lundi, tout se répète exactement de la même manière que la semaine précédente… On aura reconnu le principe fondateur d’Un jour sans fin (Harold Ramis), film cité, d’ailleurs, dans un dialogue, mais aussi certaines situations de la série The Office. Las, Comme un lundi est très en deçà de ses modèles. Hors de quelques éléments éclairant la culture de l’entreprise nippone, cette satire convenue de l’aliénation au travail, qui vante une forme d’épanouissement individuel pour mieux servir le collectif, s’avère pauvre en gags et monotone. Comme si le film était piégé par son dispositif même.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 17h46 : Comme un lundi

De 19h07 à 20h23 Fin des programmes

Fin 1h16 Tout public

Nos programmes se terminent pour cette journée, en attendant ceux de demain.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 19h07 : Fin des programmes

De 20h23 à 21h24 + de courts : Sélection Césars

Rediffusion Magazine du cinéma 1h1 -10

Magazine bimensuel consacré au cinéma court, les deuxième et quatrième dimanches de chaque mois. Une émission de 52 minutes qui aime le court métrage et qui en veut toujours plus. "+ de courts" accompagne par la parole la diffusion de 2 à 3 courts-métrages qui font l'actualité. Chaque émission propose des recommandations éclectiques aux spectateurs.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 20h23 : + de courts

De 21h24 à 22h59 Le bonheur est pour demain

Rediffusion Film : drame 1h35 -10

Engagée dans une relation monotone avec un conjoint tyrannique, Sophie subit son morne quotidien. La vie de la mère de famille bascule quand elle croise la route de Claude, un séduisant et mystérieux quadragénaire. Sous le charme, elle ne tarde pas à découvrir que ce dernier est en réalité un braqueur de banque. Peu après le début de leur idylle, Claude est arrêté à la suite d'un hold-up qui a très mal tourné et durant lequel un homme a perdu la vie. Il est incarcéré après avoir été condamné à une lourde peine. Bouleversée, Sophie refuse pourtant de renoncer à cet amour impossible, soutenue par la mère de son amant... - Critique : On se souvient de la mère fantasque et fleur bleue qu’avait imaginée Louis Garrel pour le jeune homme qu’il jouait dans son film, L’Innocent (2022) : une femme qui donnait des cours de théâtre en prison, comme l’avait fait la vraie maman de l’acteur, Brigitte Sy. C’est elle, cette fois, qui vient nous parler d’amour en milieu carcéral. Le ton n’est plus à la comédie, la réalisatrice fait vibrer des émois avec lesquels on ne badine pas : la fatale attraction qui naît, dans un bar, entre Sophie (Laetitia Casta) et Claude (Damien Bonnard). Il n’a pas de métier, il « bricole », et elle n’est que « la femme à José », un autre petit voyou. Mais sur l’écran, Sophie et Claude sont beaux comme Marlene Dietrich et Jean Gabin. Leurs regards les aimantent, leurs sourires débordent de désir. Et que lui se retrouve, un sale matin, derrière les barreaux n’y changera rien. Un peu d’éternité passe dans ce film, qui commence dans les années 1990 et traverse le long temps de la séparation en préservant une vision presque à l’ancienne de la pègre et de la relation romantique, montrée dans sa noblesse d’âme. À travers Sophie, qui parle de Claude comme d’un « mec du XIXᵉ siècle », et à travers la mère de celui-ci, beau personnage d’ex-toxicomane joué par Béatrice Dalle, Brigitte Sy s’intéresse à des sentiments intemporels. Elle raconte l’amour des femmes, en dit la force admirable et parfois dangereuse, tant la générosité du cœur peut aller de pair avec une forme d’aveuglement… Par-delà des péripéties de film de gangsters un peu trop simplifiées, Le bonheur est pour demain interroge avec beaucoup de vérité les paradoxes du manque affectif, moteur et obstacle dans la passion vécue au parloir, puisque la prison, à la fois, attise l’envie d’être ensemble et en prolonge l’impossibilité. Un regard féminin engagé et subtil, porté par des interprètes enthousiasmants.

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 21h24 : Le bonheur est pour demain

De 22h59 à 01h08 Winter Break

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h9 Tout public

Nouvelle-Angleterre, en 1970. Professeur d'histoire ancienne au prestigieux lycée Barton, un établissement privé réservé aux garçons, Paul Hunham apprend avec désarroi qu'il a été désigné par la direction pour surveiller les quelques élèves qui resteront dans le lycée pendant les fêtes de fin d'année. Peu sociable et aigri, l'homme accepte difficilement son sort, d'autant plus qu'un seul et unique élève passera finalement Noël sur place : le peu commode Angus, réputé pour son insubordination. Inévitablement, la cohabitation forcée commence par quelques menues frictions. Mais les vacances finissent vite par prendre une tournure inattendue... - Critique : Monsieur Hunham est le type de professeur qu’aucun élève ne rêverait d’avoir. Sadique, pédant, à la fois bourru et d’une ironie cuisante, il sifflote La Chevauchée des Walkyries en rendant les copies estampillées de notes presque nulles. Ce triste sire qui enseigne l’histoire antique dans un internat prestigieux n’est aimé par personne, pas même de ses collègues qui l’ont surnommé « Neunœil », en référence à son strabisme disgracieux lui faisant une tête de poisson. Monsieur Hunham (Paul Giamatti, inénarrable) collectionne les défauts, mais il faut lui reconnaître au moins une qualité : opposé aux privilèges dus à l’argent, il est resté intègre. Trop, sans doute, aux yeux de son directeur, qui lui reproche d’avoir mal noté le fils d’un sénateur, lequel était fort contrarié — sous-entendu du grief : le budget de l’établissement privé risque d’en pâtir. Puni de son zèle, voilà monsieur Hunham contraint d’assurer la permanence du campus de Barton durant les vacances de Noël. Pour encadrer les quatre élèves malchanceux qui n’ont nulle part où aller. Ce campus d’excellence de la Nouvelle-Angleterre, cette époque de l’hiver 1970 et ces personnages font irrésistiblement penser au cinéma du Nouvel Hollywood, de Hal Ashby à Mike Nichols. Au générique, le réalisateur Alexander Payne s’amuse d’ailleurs à faire comme si c’était un vieux film, à travers une bande-son grésillante, une image rayée et un graphisme rétro. Bref hommage, sous forme ludique, rien de plus. Car le film ne capitalise pas sur la nostalgie facile de l’époque et sa ribambelle de fétiches, malgré une BO sophistiquée (Labi Siffre, Cat Stevens, Shocking Blue). Pour une raison simple : le professeur Paul Hunham, engoncé dans ses vieux habits classiques, n’est pas vraiment de son temps. Les élèves de Barton guère plus d’ailleurs : fils de très bonne famille arborant le look bon chic, bon genre intemporel, ils se doivent de tous rentrer dans le même moule conformiste. L’un d’eux, pourtant, sort du lot. Angus est moins « béotien » (le sarcasme favori de monsieur Hunham) que les autres. Mais cet élève intelligent est vulnérable et fort turbulent. Or c’est lui qui est finalement le seul à rester pour Noël, les trois autres bénéficiant entre-temps d’un départ insolent en hélicoptère pour des vacances de luxe. Voici donc le professeur vachard et l’élève récalcitrant condamnés à cohabiter. À ces deux relégués, il faut ajouter la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils dans la guerre du Vietnam, après avoir enterré, des années auparavant, son mari. Plus d’une aurait sombré, elle, elle tient bon — le whisky l’aide sans doute un peu. À chacun ses béquilles. Ces trois-là sont des anti-héros peu gâtés par la vie. De ceux, maudits ou ratés, pathétiques mais rendus drôles, qu’affectionne Alexander Payne. Souvenons-nous du sexagénaire dépressif (Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt), des deux amis quadras oubliant leur déconfiture dans du bon vin (Sideways) ou de l’avocat ridicule en chemise hawaïenne dépassé par les événements (Georges Clooney dans The Descendants). Dans Winter Break, les brebis galeuses forment un trio improbable, elles n’ont rien en commun a priori — pas la même couleur de peau, pas le même âge, pas la même histoire. De là l’intérêt majeur du scénario (signé David Hemingson), qui fait en sorte de les rapprocher en révélant une qualité commune : une forme d’empathie, plus ou moins enfouie, sour leur carapace endurcie. Des dialogues savoureux Il est probable que Paul Hunham lui-même ne pensait plus l’avoir en lui, cette empathie, puisque son rigorisme confine à la misanthropie. L’habileté d’Alexander Payne est de nous rendre peu à peu attachant ce personnage rebutant — jusque dans l’odeur de poisson qu’il dégage, en raison d’une pathologie rare. À la faveur d’un passage cocasse à l’hôpital, des fêtes de Noël et d’un court séjour à Boston, des échanges de plus en plus intimes s’établissent entre lui et Angus, pauvre garçon délaissé. Crève-cœur, le film pourrait l’être, s’il ne tenait pas à distance le pathos et la mièvrerie, gardant son cap sur le tragi-comique de l’existence. L’humour, salvateur, est indémêlable ici d’une forme de tendresse, pudique et douce-amère. Difficile de résister aux dialogues pleins d’esprit, aux allusions à Marc Aurèle ou à Cicéron, aux insultes baroques (« Vous avez toujours été un cancer du pénis sous forme humaine ») et à l’émotion qui nous saisit, par surprise. Cette comédie très humaine a ceci d’étonnant qu’elle conduit finalement à un joli paradoxe : c’est en poussant jusqu’au bout la logique stoïcienne de son sens du devoir que monsieur Hunham rompt, non sans panache, avec son ascétisme. Moralité : il n’y a vraiment pas d’âge pour faire sa révolution. PAUL GIAMATTI, BRILLANT OUTSIDERUn acteur familier et aimé, au nom mal connu. Depuis une trentaine d’années, moustachu joufflu ou barbichu, Paul Giamatti s’est surtout distingué dans des seconds rôles, truculents ou sérieux. Il lui est arrivé d’être au premier plan. Dans American Splendor (2003), il compose un formidable Harvey Pekar, ce pauvre type cradingue devenu scénariste cinglant de BD. Alexander Payne avait déjà fait appel à lui il y a vingt ans, pour Sideways, où il était irrésistible en prof tourmenté par son divorce et ses velléités d’écriture. Diplômé de Yale dans la vraie vie, comédien talentueux capable de tout jouer, Paul Giamatti possède cette qualité rare : l’absence de narcissisme. Son physique n’obéit pas aux canons de la beauté, et il en rajoute volontiers, prenant un malin plaisir à s’enlaidir. Voir ce grand moment, dans Winter Break, où, fou de rage, il désigne à son ennemi celui de ses deux yeux, aux directions divergentes, qu’il faut regarder. Et sinon, gare à lui !

Sur Canal Plus Cinema DROM dès 22h59 : Winter Break

De 06h54 à 08h40 Black Tea

Rediffusion Film : drame 1h46 Tout public

Alors que son mariage approche, Aya découvre avec stupeur l'infidélité de son futur époux. Bouleversée, la jeune femme décide, à la surprise générale, d'annuler la cérémonie au dernier moment et quitte la Côte d'Ivoire pour partir s'installer à Guangzhou, en Chine. Sur place, elle trouve un emploi dans une boutique d'export de thé dirigée par Cai, un sympathique quadragénaire. Au fil des journées passées côte à côte, tous deux ne tardent pas à se découvrir des atomes crochus et finissent, au grand dam de leur entourage, par tomber amoureux l'un de l'autre. Ils s'engagent dans une relation qui va vite être mise à l'épreuve... - Critique : :t3: Pour Que fait cette jeune femme ivoirienne si loin de chez elle, déambulant parmi les échoppes de la ville de Canton, néons troubles et lampions chauds, décor presque irréel qui fait comme un écrin à sa beauté mordorée ? Elle s’appelle Aya (la comédienne Nina Melo, paisiblement, divinement altière), et tente de se reconstruire, après avoir dit non à son fiancé infidèle, le jour même de son mariage. Embauchée dans une boutique de thé, elle tisse peu à peu avec Cai, le propriétaire, un lien amoureux aussi puissant et délicat que les décoctions dont elle apprend jour après jour à exalter les saveurs. Les mondes et les cultures se frôlent, se caressent, mais peuvent-ils vraiment coexister ? Le contexte de ce nouveau film du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est en apparence bien moins douloureux que celui de Timbuktu, bijou d’humanité sorti il y a déjà dix ans, qui observait les souffrances et la résistance de la population de Tombouctou sous occupation islamiste. Ici, au premier abord, tout n’est que convivialité tranquille, au sein d’une communauté très rarement représentée à l’écran : les immigrés africains installés en Chine, et plus particulièrement à Canton. Il suffit pourtant d’apprendre le nom que les locaux donnent au quartier ou se sont rassemblés ces étrangers en quête d’une vie meilleure pour qu’affleure la violence du racisme et du rejet : « Chocolate city ». Partout, peu à peu, l’impression d’harmonie se lézarde, des propos épouvantables de l’ex-belle-famille de Cai aux difficultés des migrants. La force du cinéma d’Abderrahmane Sissako est, comme toujours, d’opposer la douceur et la subtilité des liens humains, la beauté chaleureuse et picturale des images à la laideur du monde. Si l’histoire d’Aya et Cai, qui s’aiment et conversent sans barrières dans un chinois aisé et soyeux, ressemble à un conte discrètement enchanté, elle ne gomme pas pour autant les obstacles, les préjugés et les tensions. Tout ce qui risque de condamner une relation dont la sensibilité et la tendresse, envers et contre tout, n’en sont que plus précieuses, plus essentielles. – Cécile Mury :t1: Contre Black Tea réserve deux surprises majeures. La première, bien sûr, c’est cette plongée inédite dans le quartier africain de Canton. La seconde, c’est que l’auteur a choisi d’en tirer un roman-photo lénifiant, dont la beauté plastique indéniable ne peut masquer la tiédeur scénaristique. Il procède par touches délicates, au compte-gouttes, levant progressivement le voile sur l’amour qui couve entre Aya et Cai. Des regards qui en disent long, une main qui en effleure une autre dans le secret d’une arrière-boutique, des rendez-vous discrets au restaurant, entre deux dégustations de thé forcément cérémonieuses – où l’héroïne à peine esquissée ne répète essentiellement que « hmm, ça sent bon ». La photo, les vêtements, les reflets dans les vitrines sont jolis, mais il n’est pas interdit de trouver le temps long devant ce cousin lointain d’In the Mood for Love, de Wong Kar-wai. Alors qu’on brûle d’en savoir plus sur cette communauté d’immigrés et ses relations avec la population locale, le cinéaste s’enlise dans les histoires de famille du patron-sexy-mais-taiseux et attend la toute fin de sa luxueuse carte postale pour corser les enjeux. Dommage. – Marie Sauvion

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 06h54 : Black Tea

De 08h40 à 10h01 Comme un prince

Rediffusion Film : comédie 1h21 -10

Grand espoir de la boxe, Souleyman s'entraîne intensivement avec l'équipe de France en vue des prochains Jeux olympiques. Mais ses rêves de gloire sont soudain réduits à néant en raison de son implication dans une bagarre au cours d'une sortie dans un bar. En sus d'une vilaine blessure à une main, le jeune homme est condamné à effectuer 400 heures de travaux d'intérêt général au château de Chambord. Sur place, Souleyman découvre un univers totalement inconnu auquel il a du mal à s'adapter. Chargé de tâches ingrates, il se morfond jusqu'à sa rencontre avec Mélissa, une adolescente qui semble posséder un talent inné pour la boxe... - Critique : Il était une fois… un film maladroit, ou plutôt mal à gauche, et pas que du crochet. Pour Souleyman (Ahmed Sylla, transparent), c’est la bérézina : promis à un grand avenir, le boxeur se blesse lors d’une rixe en boîte de nuit. Fini les jeux Olympiques, et la carrière en équipe de France. Pire, le jeune homme doit s’acquitter de travaux d’intérêt général… à Chambord. La vie de château, mais côté coulisses : jardinier, palefrenier, Souleyman n’est plus très loin de se noyer dans les douves de l’existence quand il fait la rencontre de Melissa, une jeune fille de l’Assistance, remarquablement habile de ses poings… Alléluia, notre héros va reprendre sa vie en main – dans le costume d’entraîneur cette fois. Et déjà, une histoire d’amour avec la maîtresse du domaine (Julia Piaton, lumineuse) pointe le bout de son nez. Comme un prince : le titre ne ment pas, il s’agit bien d’un conte de fées, mais qu’il est triste ! D’abord ni le réalisateur Ali Marhyar ni Souleyman ne semblent jamais révoltés par l’injustice où est plongé ce pauvre poids plume. Passons aussi sur le fantasme très naïf du cinéaste selon lequel la justice condamnerait un boxeur lorsqu’il se défend contre un ivrogne armé d’un tesson de bouteille, au motif que ses poings sont des « armes blanches » (sic). On bascule d’un plan ou d’un lieu à un autre comme on enchaîne les rounds d’un match de préparation – ainsi des deux Jonathan (Cohen et Lambert), qui passent une tête, sans doute pour rendre service : ils redonnent le sourire mais pas tellement plus. Surtout, on s’inquiète du message (qu’on espère inconscient) envoyé aux vieux immigrés, et à leurs descendants. D’abord quand Eddy explique à Souleyman que pour s’intégrer il lui faut connaître l’histoire de France – rappelant à notre bon souvenir les lois de l’ancien gouvernement Fillon. Ensuite quand on comprend qu’une intégration réussie, c’est branler une épée et nettoyer les écuries d’une sorte de Puy du Fou… Sûr que sous les ors du palais de l’Élysée, on préfère ça aux émeutiers.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 08h40 : Comme un prince

De 10h01 à 11h42 Hawaii

Rediffusion Film : comédie 1h41 -10

Réunis chez un ami expatrié sur l'île d'Hawaii, un groupe de copains espère passer des vacances de rêve. Malheureusement, une alerte chamboule leur séjour : un missile balistique se dirigerait sur l'île. Persuadés qu'ils vont mourir, ils décident de se révéler leurs secrets inavouables. Certaines de ces confessions vont mettre à mal leur amitié. Lorsque le tir de missile s'avère être une fausse alerte, les amis vont avoir du mal à oublier ce qui a été dit. Le reste des vacances s'annonce long et tendu... - Critique : Pour son troisième long métrage, toujours coscénarisé par Vincent Juillet, Mélissa Drigeard creuse le sillon néo-beauf d’un Guillaume Canet (Les Petits Mouchoirs, Nous finirons ensemble) ou d’un Nicolas Bedos (Mascarade). La scène d’ouverture, irregardable, donne le ton. Soit un groupe d’amis français, en vacances dans un hôtel privatisé en bord de plage à Hawaï, qui se dit ses quatre vérités sous la menace d’un missile balistique nord-coréen – inspirée d’une vraie-fausse alerte survenue début 2018, durant le mandat de Donald Trump. Ce « pitch » devient prétexte à un énième film de potes détestable(s), sur le modèle de la « team » Canet ou de la troupe de Géraldine Nakache (Nous York, 2012). Passé l’hystérie collective sur fond de hurlements de sirènes, l’équipe n’est en rien libérée des non-dits : la déflagration atomique n’a pas eu lieu, puisque le scénario garde encore deux secrets sous le coude – carburant rance du genre. Ce qui frappe, d’entrée, c’est un refus du monde extérieur qui confine à la misanthropie. La population locale n’est jamais montrée, hormis un maître-nageur abruti, tandis que les décors tiennent de la carte postale – il faut dire que le tournage s’est déroulé à La Réunion. Seul compte le nombril des quadras gaulois, filmés en gros plans. Notons que l’entre-soi, ici, est affaire de nationalité autant que de génération, comme en atteste le traitement réservé aux trois ados encombrants. Phallocratie terminale À l’instar des Petits Mouchoirs, l’homophobie ordinaire – un quiproquo gras consistant à faire passer pour gay le viril de la bande – apparaît comme le symptôme le plus visible d’une espèce de phallocratie terminale. Pauvre personnage interprété par Bérénice Bejo, qui doit subir la drague insistante de ceux joués par Manu Payet et Nicolas Duvauchelle… La misogynie larvée éclate au grand jour avec un raccord involontaire de montage : un artiste contemporain s’exhibe en public à la terrasse d’un bar, pénis à l’air. Plan suivant : de la chantilly est aspergée sur le visage d’une héroïne féminine (racisée, qui plus est). Même raté, le premier film de la cinéaste (Jamais le premier soir, 2014) avait au moins la décence de suivre une bande de filles, en s’affranchissant un peu de la loi des mecs.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 10h01 : Hawaii

De 11h42 à 13h13 Inestimable

Rediffusion Film : comédie 1h31 Tout public

Bien que très différents, François, Ange et Félix sont trois amis inséparables, réunis notamment par leur passion commune pour la plongée sous-marine. Lors d'une sortie de pêche aux oursins près d'Ajaccio, ils découvrent un trésor inestimable datant du IIIe siècle. Ils récupèrent ainsi des pièces de monnaie romaines, des médaillons et des objets en or. Comprenant immédiatement la valeur de leur trouvaille, ils vendent peu à peu chacun de ces précieux artefacts, sans jamais se demander s'ils en sont les propriétaires légitimes... - Critique : Inestimables sont nos quatre-vingt-quatorze minutes de vie perdues devant cette comédie dont le scénario tient sur un billet de ferry Nice-Bastia : « L’histoire vraie de trois amis qui trouvent un trésor… inestimable ! » On observe donc Éric Fraticelli, Didier Bourdon et Philippe Corti vivoter pendant trente laborieuses minutes avant qu’ils ne trouvent la première pièce d’un trésor qui traînait sous l’eau… au bord de la plage. Le film commence enfin. Apparaît alors Michel Vuillermoz, appliqué en numismate guindé. Face aux trésors que lui présentent les trois compères, l’expert répète à plusieurs reprises le titre en jaune sur l’affiche : « Je n’ai qu’un mot : inestimable. » Blague rendue caduque par la phrase suivante, dans laquelle Vuillermoz formule invariablement un montant. Puis sort des tonnes de billets verts et orange d’on ne sait quel tiroir. Cette comédie platissime, jouée sans entrain, ne profite même pas de son décor (pour le voyage en Corse, on repassera) et enchaîne les répliques qui tombent à plat. On se redresse un peu sur notre siège quand elle adapte à sa façon le gag des gags de la comédie française, le « jour, nuit, jour, nuit » de Jacquouille la Fripouille dans Les Visiteurs, avec une pièce sur le sable recouverte par les vagues. Cela donne : « Elle est à l’État, elle est à nous, elle est à l’État… » Car, vous l’aurez au moins appris ici, tout trésor trouvé dans le domaine maritime reste la propriété de la France. Les trois lurons jouissent de leur nouvelle et illégale fortune, se disputent, sont jugés et punis. Mais se rabibochent, alors que cette belle aventure humaine se termine sur la plage avec de grands sourires. Pas le temps pour une vraie morale, mais l’acteur-réalisateur aura quand même profité du tournage pour payer à sa fille – qui joue sa fille dans le film – un tour en Lamborghini en famille. :t0: Inestimable, d’Éric Fraticelli, France, 1h34. Avec Éric Fraticelli, Didier Bourdon, Philippe Corti et Michel Vuillermoz.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 11h42 : Inestimable

De 13h13 à 14h29 L'esprit Coubertin

Rediffusion Film : comédie 1h16 -10

Après une dizaine de jours de compétition, les Jeux olympiques tournent au véritable fiasco pour la délégation française, qui ne parvient pas à remporter de médaille d'or. La tension monte inexorablement, et tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul, champion du monde de tir, un athlète très peu fiable qui brille par son immaturité et par son manque de clairvoyance. Alors que la compétition approche, Paul se voit contraint de partager sa chambre avec un nageur peu recommandable. En effet, ce dernier semble bien plus préoccupé par les tentations extrasportives qui s'offrent à lui dans le village que par sa course... - Critique : Tout commence par un baiser surprise et catastrophique : le jeune Paul, petit génie du tir, aurait pu participer aux JO. précédents si sa coach, un peu trop enthousiaste à la fin des qualifications, ne l’avait embrassé à pleine bouche, lui refilant une mononucléose ! Mais cette fois, ça y est, nous sommes quatre ans plus tard, aux JO de… Paris et Paul va enfin pouvoir devenir champion olympique. Il a intérêt, d’ailleurs, car, après dix jours de compétition, il reste le dernier espoir d’une délégation française qui n’a réussi à monter sur aucun podium. Pour Paul, gagner n’est pas un problème. Perdre sa virginité nettement plus, et il faudra que cet athlète complètement immature et pas très futé compose avec un coloc de chambre un peu trop détendu et un village olympique à l’ambiance de maternelle. Ce n’est rien de dire que cette comédie délicieusement potache tombe à pic, alors même que la flamme olympique arrive dans l’Hexagone. Pour son premier long métrage, Jérémie Sein se situe dans le même esprit que sa réjouissante série Parlement, avec le sport à la place de la politique comme sujet débarrassé de sa gravité, et avec la lose aussi révélatrice que la réussite. Voilà donc les JO, cette entreprise gigantesque, porteuse de tant d’espoirs, envisagée comme un microcosme puéril pour mieux, finalement, faire apercevoir, en douce, les vrais enjeux de la compétition. Ou comment des hommes et des femmes censés rapporter des médailles ont aussi des problèmes de, en vrac, couchage, préservatifs, nourriture, ou encore des revendications sociales quand ils viennent d’un « dom-tom » méprisé par la République… Benjamin Voisin, un impayable personnage de puceau Très stylisée, un peu intemporelle, avec ses couleurs primaires et ses décors en plastique, cette fable anxieuse sur un monde qui ne respecte que les meilleurs semble trouver son inspiration farceuse du côté de Ricky Bobby : roi du circuit, la comédie d’Adam McKay, mais aussi dans les boîtes de Playmobil ! Le casting, particulièrement cohérent, semble également animé par l’esprit d’équipe. À fond dans l’humour premier degré, entre candeur et inquiétude : totalement méconnaissable, Benjamin Voisin, coupe au bol plaquée en arrière, lunettes et barbiche rousse improbable, compose un impayable personnage de puceau effrayé par la sexualité et la vie en général. Un champion du passage difficile à l’âge adulte. À l’inverse, Emmanuelle Bercot, décidément l’une de nos meilleures actrices dans des rôles toujours divers, s’amuse comme une folle en entraîneuse à la coule, atteinte de jeunisme et mastiquant sans relâche son chewing-gum. On pense aux sketchs sportifs des Inconnus – « Cela ne nous regarde pas ! » –, devant certaines situations croquignolettes et autres trouvailles hilarantes – Aure Atika en « ministre des Sports, du Numérique, de l’Égalité des genres, et des Collectivités territoriales ». Et on adhère à cet Esprit dont la morale, finalement très politique, pourrait être : les sportifs ne sont pas intéressants seulement quand ils gagnent…

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 13h13 : L'esprit Coubertin

De 14h29 à 16h07 Comme un fils

Rediffusion Film : drame 1h38 -10

Professeur d'histoire en région parisienne, Jacques Romand a choisi de quitter temporairement ses fonctions après une altercation avec un lycéen agressif. Témoin d'un vol alors qu'il fait ses courses dans une petite épicerie, l'homme intervient et permet l'arrestation d'un des auteurs du méfait, Victor, un Rom âgé de 14 ans. Etant mineur, ce dernier ne peut être incarcéré. Jacques recroise bientôt l'adolescent et comprend rapidement que Victor, sous la pression des membres de son clan, est contraint de voler pour survivre. Emu par son triste sort, Jacques décide de tout mettre en oeuvre pour lui offrir une vie meilleure... - Critique : Le héros du nouveau film de Nicolas Boukhrief est un personnage tel que les affectionne Vincent Lindon : un homme investi (et très compétent) dans son métier, confronté à la violence d’une société de plus en plus dure avec les faibles. Après avoir interprété un chômeur de longue durée reconverti en agent de sécurité dans La Loi du marché, un leader syndical en grève dans En guerre, puis un haut cadre dirigeant contraint d’appliquer un plan social inique dans Un autre monde – trois longs métrages signés par son complice Stéphane Brizé –, le comédien engagé incarne ici un enseignant solitaire en rupture de l’Éducation nationale. Témoin d’une agression dans la supérette de son quartier, Jacques permet l’arrestation d’un des voleurs. Victor est Rom, a 14 ans, n’est jamais allé à l’école depuis son arrivée en France et multiplie les petits délits sous la pression de son oncle, qui le bat s’il ne ramène pas de l’argent. Ému par son sort, Jacques va devenir le professeur particulier de l’adolescent… Lindon puissant et subtil Comme un fils donne à voir la fascination d’un réalisateur pour son acteur vedette. Boukhrief a même renoncé au style plutôt « carré » de ses polars (Made in France, Trois Jours et une vie) pour une mise en scène à la manière des frères Dardenne, davantage ouverte à l’imprévu et, donc, plus adaptée au jeu instinctif de Lindon. Lequel le lui rend bien avec une composition à la fois puissante et subtile, basée sur la précision des gestes du quotidien, tout en maintenant une certaine opacité psychologique. Le film perd d’ailleurs de son intérêt quand il délaisse la relation ambivalente et touchante entre le maître et son élève rétif (le débutant Stefan Virgil Stoica, aussi convaincant que son illustre partenaire) pour chroniquer, d’une manière documentaire plus convenue, le quotidien d’une association familiale qui vient en aide aux primo-arrivants

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 14h29 : Comme un fils

De 16h07 à 17h46 Dark Market

Rediffusion Film : thriller 1h39 -16

La jeune Soo-hyeon achète une machine à laver d'occasion par le biais d'un site de vente en ligne. Malheureusement, à la réception, elle constate que le lave-linge ne fonctionne pas. Furieuse, elle laisse un commentaire négatif sur le vendeur, qu'elle qualifie d'escroc, et fait un signalement à la police. Ce qu'elle ignore, c'est que l'homme derrière la petite annonce est un tueur en série qui utilise le site pour trouver ses futures proies. Victime d'une série de mauvaises plaisanteries de plus en plus inquiétantes, Soo-hyeon décide de rendre visite au mystérieux vendeur pour qu'il y mette un terme...

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 16h07 : Dark Market

De 17h46 à 19h07 Comme un lundi

Rediffusion Film : comédie 1h21 Tout public

Un jour comme un autre, Takuto et Ken, employés d'une agence de publicité, font face à une étrange impression de déjà-vu au bureau et réalisent que certaines scènes semblent se répéter continuellement. Après avoir analysé la situation, le duo en arrive à la conclusion que l'ensemble de l'entreprise est prise au piège dans une boucle temporelle. Inquiets, ils finissent par révéler leur secret à Akemi, une collègue, qui saisit rapidement que Takuto et Ken disent vrai. Dès lors, un seul mot d'ordre : trouver la cause de ce dérèglement et enfin parvenir à se libérer de ce cauchemar sans fin. Leurs premiers soupçons se portent sur leur patron... - Critique : Une petite agence de publicité, où toute l’équipe et le patron travaillent dans le même open space. Un jour, deux employés sont convaincus, à raison, que l’ensemble du bureau est enfermé dans une boucle temporelle : chaque lundi, tout se répète exactement de la même manière que la semaine précédente… On aura reconnu le principe fondateur d’Un jour sans fin (Harold Ramis), film cité, d’ailleurs, dans un dialogue, mais aussi certaines situations de la série The Office. Las, Comme un lundi est très en deçà de ses modèles. Hors de quelques éléments éclairant la culture de l’entreprise nippone, cette satire convenue de l’aliénation au travail, qui vante une forme d’épanouissement individuel pour mieux servir le collectif, s’avère pauvre en gags et monotone. Comme si le film était piégé par son dispositif même.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 17h46 : Comme un lundi

De 19h07 à 20h23 Fin des programmes

Fin 1h16 Tout public

Nos programmes se terminent pour cette journée, en attendant ceux de demain.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 19h07 : Fin des programmes

De 20h23 à 21h24 + de courts : Sélection Césars

Rediffusion Magazine du cinéma 1h1 -10

Magazine bimensuel consacré au cinéma court, les deuxième et quatrième dimanches de chaque mois. Une émission de 52 minutes qui aime le court métrage et qui en veut toujours plus. "+ de courts" accompagne par la parole la diffusion de 2 à 3 courts-métrages qui font l'actualité. Chaque émission propose des recommandations éclectiques aux spectateurs.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 20h23 : + de courts

De 21h24 à 22h59 Le bonheur est pour demain

Rediffusion Film : drame 1h35 -10

Engagée dans une relation monotone avec un conjoint tyrannique, Sophie subit son morne quotidien. La vie de la mère de famille bascule quand elle croise la route de Claude, un séduisant et mystérieux quadragénaire. Sous le charme, elle ne tarde pas à découvrir que ce dernier est en réalité un braqueur de banque. Peu après le début de leur idylle, Claude est arrêté à la suite d'un hold-up qui a très mal tourné et durant lequel un homme a perdu la vie. Il est incarcéré après avoir été condamné à une lourde peine. Bouleversée, Sophie refuse pourtant de renoncer à cet amour impossible, soutenue par la mère de son amant... - Critique : On se souvient de la mère fantasque et fleur bleue qu’avait imaginée Louis Garrel pour le jeune homme qu’il jouait dans son film, L’Innocent (2022) : une femme qui donnait des cours de théâtre en prison, comme l’avait fait la vraie maman de l’acteur, Brigitte Sy. C’est elle, cette fois, qui vient nous parler d’amour en milieu carcéral. Le ton n’est plus à la comédie, la réalisatrice fait vibrer des émois avec lesquels on ne badine pas : la fatale attraction qui naît, dans un bar, entre Sophie (Laetitia Casta) et Claude (Damien Bonnard). Il n’a pas de métier, il « bricole », et elle n’est que « la femme à José », un autre petit voyou. Mais sur l’écran, Sophie et Claude sont beaux comme Marlene Dietrich et Jean Gabin. Leurs regards les aimantent, leurs sourires débordent de désir. Et que lui se retrouve, un sale matin, derrière les barreaux n’y changera rien. Un peu d’éternité passe dans ce film, qui commence dans les années 1990 et traverse le long temps de la séparation en préservant une vision presque à l’ancienne de la pègre et de la relation romantique, montrée dans sa noblesse d’âme. À travers Sophie, qui parle de Claude comme d’un « mec du XIXᵉ siècle », et à travers la mère de celui-ci, beau personnage d’ex-toxicomane joué par Béatrice Dalle, Brigitte Sy s’intéresse à des sentiments intemporels. Elle raconte l’amour des femmes, en dit la force admirable et parfois dangereuse, tant la générosité du cœur peut aller de pair avec une forme d’aveuglement… Par-delà des péripéties de film de gangsters un peu trop simplifiées, Le bonheur est pour demain interroge avec beaucoup de vérité les paradoxes du manque affectif, moteur et obstacle dans la passion vécue au parloir, puisque la prison, à la fois, attise l’envie d’être ensemble et en prolonge l’impossibilité. Un regard féminin engagé et subtil, porté par des interprètes enthousiasmants.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 21h24 : Le bonheur est pour demain

De 22h59 à 01h08 Winter Break

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h9 Tout public

Nouvelle-Angleterre, en 1970. Professeur d'histoire ancienne au prestigieux lycée Barton, un établissement privé réservé aux garçons, Paul Hunham apprend avec désarroi qu'il a été désigné par la direction pour surveiller les quelques élèves qui resteront dans le lycée pendant les fêtes de fin d'année. Peu sociable et aigri, l'homme accepte difficilement son sort, d'autant plus qu'un seul et unique élève passera finalement Noël sur place : le peu commode Angus, réputé pour son insubordination. Inévitablement, la cohabitation forcée commence par quelques menues frictions. Mais les vacances finissent vite par prendre une tournure inattendue... - Critique : Monsieur Hunham est le type de professeur qu’aucun élève ne rêverait d’avoir. Sadique, pédant, à la fois bourru et d’une ironie cuisante, il sifflote La Chevauchée des Walkyries en rendant les copies estampillées de notes presque nulles. Ce triste sire qui enseigne l’histoire antique dans un internat prestigieux n’est aimé par personne, pas même de ses collègues qui l’ont surnommé « Neunœil », en référence à son strabisme disgracieux lui faisant une tête de poisson. Monsieur Hunham (Paul Giamatti, inénarrable) collectionne les défauts, mais il faut lui reconnaître au moins une qualité : opposé aux privilèges dus à l’argent, il est resté intègre. Trop, sans doute, aux yeux de son directeur, qui lui reproche d’avoir mal noté le fils d’un sénateur, lequel était fort contrarié — sous-entendu du grief : le budget de l’établissement privé risque d’en pâtir. Puni de son zèle, voilà monsieur Hunham contraint d’assurer la permanence du campus de Barton durant les vacances de Noël. Pour encadrer les quatre élèves malchanceux qui n’ont nulle part où aller. Ce campus d’excellence de la Nouvelle-Angleterre, cette époque de l’hiver 1970 et ces personnages font irrésistiblement penser au cinéma du Nouvel Hollywood, de Hal Ashby à Mike Nichols. Au générique, le réalisateur Alexander Payne s’amuse d’ailleurs à faire comme si c’était un vieux film, à travers une bande-son grésillante, une image rayée et un graphisme rétro. Bref hommage, sous forme ludique, rien de plus. Car le film ne capitalise pas sur la nostalgie facile de l’époque et sa ribambelle de fétiches, malgré une BO sophistiquée (Labi Siffre, Cat Stevens, Shocking Blue). Pour une raison simple : le professeur Paul Hunham, engoncé dans ses vieux habits classiques, n’est pas vraiment de son temps. Les élèves de Barton guère plus d’ailleurs : fils de très bonne famille arborant le look bon chic, bon genre intemporel, ils se doivent de tous rentrer dans le même moule conformiste. L’un d’eux, pourtant, sort du lot. Angus est moins « béotien » (le sarcasme favori de monsieur Hunham) que les autres. Mais cet élève intelligent est vulnérable et fort turbulent. Or c’est lui qui est finalement le seul à rester pour Noël, les trois autres bénéficiant entre-temps d’un départ insolent en hélicoptère pour des vacances de luxe. Voici donc le professeur vachard et l’élève récalcitrant condamnés à cohabiter. À ces deux relégués, il faut ajouter la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils dans la guerre du Vietnam, après avoir enterré, des années auparavant, son mari. Plus d’une aurait sombré, elle, elle tient bon — le whisky l’aide sans doute un peu. À chacun ses béquilles. Ces trois-là sont des anti-héros peu gâtés par la vie. De ceux, maudits ou ratés, pathétiques mais rendus drôles, qu’affectionne Alexander Payne. Souvenons-nous du sexagénaire dépressif (Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt), des deux amis quadras oubliant leur déconfiture dans du bon vin (Sideways) ou de l’avocat ridicule en chemise hawaïenne dépassé par les événements (Georges Clooney dans The Descendants). Dans Winter Break, les brebis galeuses forment un trio improbable, elles n’ont rien en commun a priori — pas la même couleur de peau, pas le même âge, pas la même histoire. De là l’intérêt majeur du scénario (signé David Hemingson), qui fait en sorte de les rapprocher en révélant une qualité commune : une forme d’empathie, plus ou moins enfouie, sour leur carapace endurcie. Des dialogues savoureux Il est probable que Paul Hunham lui-même ne pensait plus l’avoir en lui, cette empathie, puisque son rigorisme confine à la misanthropie. L’habileté d’Alexander Payne est de nous rendre peu à peu attachant ce personnage rebutant — jusque dans l’odeur de poisson qu’il dégage, en raison d’une pathologie rare. À la faveur d’un passage cocasse à l’hôpital, des fêtes de Noël et d’un court séjour à Boston, des échanges de plus en plus intimes s’établissent entre lui et Angus, pauvre garçon délaissé. Crève-cœur, le film pourrait l’être, s’il ne tenait pas à distance le pathos et la mièvrerie, gardant son cap sur le tragi-comique de l’existence. L’humour, salvateur, est indémêlable ici d’une forme de tendresse, pudique et douce-amère. Difficile de résister aux dialogues pleins d’esprit, aux allusions à Marc Aurèle ou à Cicéron, aux insultes baroques (« Vous avez toujours été un cancer du pénis sous forme humaine ») et à l’émotion qui nous saisit, par surprise. Cette comédie très humaine a ceci d’étonnant qu’elle conduit finalement à un joli paradoxe : c’est en poussant jusqu’au bout la logique stoïcienne de son sens du devoir que monsieur Hunham rompt, non sans panache, avec son ascétisme. Moralité : il n’y a vraiment pas d’âge pour faire sa révolution. PAUL GIAMATTI, BRILLANT OUTSIDERUn acteur familier et aimé, au nom mal connu. Depuis une trentaine d’années, moustachu joufflu ou barbichu, Paul Giamatti s’est surtout distingué dans des seconds rôles, truculents ou sérieux. Il lui est arrivé d’être au premier plan. Dans American Splendor (2003), il compose un formidable Harvey Pekar, ce pauvre type cradingue devenu scénariste cinglant de BD. Alexander Payne avait déjà fait appel à lui il y a vingt ans, pour Sideways, où il était irrésistible en prof tourmenté par son divorce et ses velléités d’écriture. Diplômé de Yale dans la vraie vie, comédien talentueux capable de tout jouer, Paul Giamatti possède cette qualité rare : l’absence de narcissisme. Son physique n’obéit pas aux canons de la beauté, et il en rajoute volontiers, prenant un malin plaisir à s’enlaidir. Voir ce grand moment, dans Winter Break, où, fou de rage, il désigne à son ennemi celui de ses deux yeux, aux directions divergentes, qu’il faut regarder. Et sinon, gare à lui !

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 22h59 : Winter Break

De 06h54 à 08h40 Black Tea

Rediffusion Film : drame 1h46 Tout public

Alors que son mariage approche, Aya découvre avec stupeur l'infidélité de son futur époux. Bouleversée, la jeune femme décide, à la surprise générale, d'annuler la cérémonie au dernier moment et quitte la Côte d'Ivoire pour partir s'installer à Guangzhou, en Chine. Sur place, elle trouve un emploi dans une boutique d'export de thé dirigée par Cai, un sympathique quadragénaire. Au fil des journées passées côte à côte, tous deux ne tardent pas à se découvrir des atomes crochus et finissent, au grand dam de leur entourage, par tomber amoureux l'un de l'autre. Ils s'engagent dans une relation qui va vite être mise à l'épreuve... - Critique : :t3: Pour Que fait cette jeune femme ivoirienne si loin de chez elle, déambulant parmi les échoppes de la ville de Canton, néons troubles et lampions chauds, décor presque irréel qui fait comme un écrin à sa beauté mordorée ? Elle s’appelle Aya (la comédienne Nina Melo, paisiblement, divinement altière), et tente de se reconstruire, après avoir dit non à son fiancé infidèle, le jour même de son mariage. Embauchée dans une boutique de thé, elle tisse peu à peu avec Cai, le propriétaire, un lien amoureux aussi puissant et délicat que les décoctions dont elle apprend jour après jour à exalter les saveurs. Les mondes et les cultures se frôlent, se caressent, mais peuvent-ils vraiment coexister ? Le contexte de ce nouveau film du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est en apparence bien moins douloureux que celui de Timbuktu, bijou d’humanité sorti il y a déjà dix ans, qui observait les souffrances et la résistance de la population de Tombouctou sous occupation islamiste. Ici, au premier abord, tout n’est que convivialité tranquille, au sein d’une communauté très rarement représentée à l’écran : les immigrés africains installés en Chine, et plus particulièrement à Canton. Il suffit pourtant d’apprendre le nom que les locaux donnent au quartier ou se sont rassemblés ces étrangers en quête d’une vie meilleure pour qu’affleure la violence du racisme et du rejet : « Chocolate city ». Partout, peu à peu, l’impression d’harmonie se lézarde, des propos épouvantables de l’ex-belle-famille de Cai aux difficultés des migrants. La force du cinéma d’Abderrahmane Sissako est, comme toujours, d’opposer la douceur et la subtilité des liens humains, la beauté chaleureuse et picturale des images à la laideur du monde. Si l’histoire d’Aya et Cai, qui s’aiment et conversent sans barrières dans un chinois aisé et soyeux, ressemble à un conte discrètement enchanté, elle ne gomme pas pour autant les obstacles, les préjugés et les tensions. Tout ce qui risque de condamner une relation dont la sensibilité et la tendresse, envers et contre tout, n’en sont que plus précieuses, plus essentielles. – Cécile Mury :t1: Contre Black Tea réserve deux surprises majeures. La première, bien sûr, c’est cette plongée inédite dans le quartier africain de Canton. La seconde, c’est que l’auteur a choisi d’en tirer un roman-photo lénifiant, dont la beauté plastique indéniable ne peut masquer la tiédeur scénaristique. Il procède par touches délicates, au compte-gouttes, levant progressivement le voile sur l’amour qui couve entre Aya et Cai. Des regards qui en disent long, une main qui en effleure une autre dans le secret d’une arrière-boutique, des rendez-vous discrets au restaurant, entre deux dégustations de thé forcément cérémonieuses – où l’héroïne à peine esquissée ne répète essentiellement que « hmm, ça sent bon ». La photo, les vêtements, les reflets dans les vitrines sont jolis, mais il n’est pas interdit de trouver le temps long devant ce cousin lointain d’In the Mood for Love, de Wong Kar-wai. Alors qu’on brûle d’en savoir plus sur cette communauté d’immigrés et ses relations avec la population locale, le cinéaste s’enlise dans les histoires de famille du patron-sexy-mais-taiseux et attend la toute fin de sa luxueuse carte postale pour corser les enjeux. Dommage. – Marie Sauvion

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 06h54 : Black Tea

De 08h40 à 10h01 Comme un prince

Rediffusion Film : comédie 1h21 -10

Grand espoir de la boxe, Souleyman s'entraîne intensivement avec l'équipe de France en vue des prochains Jeux olympiques. Mais ses rêves de gloire sont soudain réduits à néant en raison de son implication dans une bagarre au cours d'une sortie dans un bar. En sus d'une vilaine blessure à une main, le jeune homme est condamné à effectuer 400 heures de travaux d'intérêt général au château de Chambord. Sur place, Souleyman découvre un univers totalement inconnu auquel il a du mal à s'adapter. Chargé de tâches ingrates, il se morfond jusqu'à sa rencontre avec Mélissa, une adolescente qui semble posséder un talent inné pour la boxe... - Critique : Il était une fois… un film maladroit, ou plutôt mal à gauche, et pas que du crochet. Pour Souleyman (Ahmed Sylla, transparent), c’est la bérézina : promis à un grand avenir, le boxeur se blesse lors d’une rixe en boîte de nuit. Fini les jeux Olympiques, et la carrière en équipe de France. Pire, le jeune homme doit s’acquitter de travaux d’intérêt général… à Chambord. La vie de château, mais côté coulisses : jardinier, palefrenier, Souleyman n’est plus très loin de se noyer dans les douves de l’existence quand il fait la rencontre de Melissa, une jeune fille de l’Assistance, remarquablement habile de ses poings… Alléluia, notre héros va reprendre sa vie en main – dans le costume d’entraîneur cette fois. Et déjà, une histoire d’amour avec la maîtresse du domaine (Julia Piaton, lumineuse) pointe le bout de son nez. Comme un prince : le titre ne ment pas, il s’agit bien d’un conte de fées, mais qu’il est triste ! D’abord ni le réalisateur Ali Marhyar ni Souleyman ne semblent jamais révoltés par l’injustice où est plongé ce pauvre poids plume. Passons aussi sur le fantasme très naïf du cinéaste selon lequel la justice condamnerait un boxeur lorsqu’il se défend contre un ivrogne armé d’un tesson de bouteille, au motif que ses poings sont des « armes blanches » (sic). On bascule d’un plan ou d’un lieu à un autre comme on enchaîne les rounds d’un match de préparation – ainsi des deux Jonathan (Cohen et Lambert), qui passent une tête, sans doute pour rendre service : ils redonnent le sourire mais pas tellement plus. Surtout, on s’inquiète du message (qu’on espère inconscient) envoyé aux vieux immigrés, et à leurs descendants. D’abord quand Eddy explique à Souleyman que pour s’intégrer il lui faut connaître l’histoire de France – rappelant à notre bon souvenir les lois de l’ancien gouvernement Fillon. Ensuite quand on comprend qu’une intégration réussie, c’est branler une épée et nettoyer les écuries d’une sorte de Puy du Fou… Sûr que sous les ors du palais de l’Élysée, on préfère ça aux émeutiers.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 08h40 : Comme un prince

De 10h01 à 11h42 Hawaii

Rediffusion Film : comédie 1h41 -10

Réunis chez un ami expatrié sur l'île d'Hawaii, un groupe de copains espère passer des vacances de rêve. Malheureusement, une alerte chamboule leur séjour : un missile balistique se dirigerait sur l'île. Persuadés qu'ils vont mourir, ils décident de se révéler leurs secrets inavouables. Certaines de ces confessions vont mettre à mal leur amitié. Lorsque le tir de missile s'avère être une fausse alerte, les amis vont avoir du mal à oublier ce qui a été dit. Le reste des vacances s'annonce long et tendu... - Critique : Pour son troisième long métrage, toujours coscénarisé par Vincent Juillet, Mélissa Drigeard creuse le sillon néo-beauf d’un Guillaume Canet (Les Petits Mouchoirs, Nous finirons ensemble) ou d’un Nicolas Bedos (Mascarade). La scène d’ouverture, irregardable, donne le ton. Soit un groupe d’amis français, en vacances dans un hôtel privatisé en bord de plage à Hawaï, qui se dit ses quatre vérités sous la menace d’un missile balistique nord-coréen – inspirée d’une vraie-fausse alerte survenue début 2018, durant le mandat de Donald Trump. Ce « pitch » devient prétexte à un énième film de potes détestable(s), sur le modèle de la « team » Canet ou de la troupe de Géraldine Nakache (Nous York, 2012). Passé l’hystérie collective sur fond de hurlements de sirènes, l’équipe n’est en rien libérée des non-dits : la déflagration atomique n’a pas eu lieu, puisque le scénario garde encore deux secrets sous le coude – carburant rance du genre. Ce qui frappe, d’entrée, c’est un refus du monde extérieur qui confine à la misanthropie. La population locale n’est jamais montrée, hormis un maître-nageur abruti, tandis que les décors tiennent de la carte postale – il faut dire que le tournage s’est déroulé à La Réunion. Seul compte le nombril des quadras gaulois, filmés en gros plans. Notons que l’entre-soi, ici, est affaire de nationalité autant que de génération, comme en atteste le traitement réservé aux trois ados encombrants. Phallocratie terminale À l’instar des Petits Mouchoirs, l’homophobie ordinaire – un quiproquo gras consistant à faire passer pour gay le viril de la bande – apparaît comme le symptôme le plus visible d’une espèce de phallocratie terminale. Pauvre personnage interprété par Bérénice Bejo, qui doit subir la drague insistante de ceux joués par Manu Payet et Nicolas Duvauchelle… La misogynie larvée éclate au grand jour avec un raccord involontaire de montage : un artiste contemporain s’exhibe en public à la terrasse d’un bar, pénis à l’air. Plan suivant : de la chantilly est aspergée sur le visage d’une héroïne féminine (racisée, qui plus est). Même raté, le premier film de la cinéaste (Jamais le premier soir, 2014) avait au moins la décence de suivre une bande de filles, en s’affranchissant un peu de la loi des mecs.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 10h01 : Hawaii

De 11h42 à 13h13 Inestimable

Rediffusion Film : comédie 1h31 Tout public

Bien que très différents, François, Ange et Félix sont trois amis inséparables, réunis notamment par leur passion commune pour la plongée sous-marine. Lors d'une sortie de pêche aux oursins près d'Ajaccio, ils découvrent un trésor inestimable datant du IIIe siècle. Ils récupèrent ainsi des pièces de monnaie romaines, des médaillons et des objets en or. Comprenant immédiatement la valeur de leur trouvaille, ils vendent peu à peu chacun de ces précieux artefacts, sans jamais se demander s'ils en sont les propriétaires légitimes... - Critique : Inestimables sont nos quatre-vingt-quatorze minutes de vie perdues devant cette comédie dont le scénario tient sur un billet de ferry Nice-Bastia : « L’histoire vraie de trois amis qui trouvent un trésor… inestimable ! » On observe donc Éric Fraticelli, Didier Bourdon et Philippe Corti vivoter pendant trente laborieuses minutes avant qu’ils ne trouvent la première pièce d’un trésor qui traînait sous l’eau… au bord de la plage. Le film commence enfin. Apparaît alors Michel Vuillermoz, appliqué en numismate guindé. Face aux trésors que lui présentent les trois compères, l’expert répète à plusieurs reprises le titre en jaune sur l’affiche : « Je n’ai qu’un mot : inestimable. » Blague rendue caduque par la phrase suivante, dans laquelle Vuillermoz formule invariablement un montant. Puis sort des tonnes de billets verts et orange d’on ne sait quel tiroir. Cette comédie platissime, jouée sans entrain, ne profite même pas de son décor (pour le voyage en Corse, on repassera) et enchaîne les répliques qui tombent à plat. On se redresse un peu sur notre siège quand elle adapte à sa façon le gag des gags de la comédie française, le « jour, nuit, jour, nuit » de Jacquouille la Fripouille dans Les Visiteurs, avec une pièce sur le sable recouverte par les vagues. Cela donne : « Elle est à l’État, elle est à nous, elle est à l’État… » Car, vous l’aurez au moins appris ici, tout trésor trouvé dans le domaine maritime reste la propriété de la France. Les trois lurons jouissent de leur nouvelle et illégale fortune, se disputent, sont jugés et punis. Mais se rabibochent, alors que cette belle aventure humaine se termine sur la plage avec de grands sourires. Pas le temps pour une vraie morale, mais l’acteur-réalisateur aura quand même profité du tournage pour payer à sa fille – qui joue sa fille dans le film – un tour en Lamborghini en famille. :t0: Inestimable, d’Éric Fraticelli, France, 1h34. Avec Éric Fraticelli, Didier Bourdon, Philippe Corti et Michel Vuillermoz.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 11h42 : Inestimable

De 13h13 à 14h29 L'esprit Coubertin

Rediffusion Film : comédie 1h16 -10

Après une dizaine de jours de compétition, les Jeux olympiques tournent au véritable fiasco pour la délégation française, qui ne parvient pas à remporter de médaille d'or. La tension monte inexorablement, et tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul, champion du monde de tir, un athlète très peu fiable qui brille par son immaturité et par son manque de clairvoyance. Alors que la compétition approche, Paul se voit contraint de partager sa chambre avec un nageur peu recommandable. En effet, ce dernier semble bien plus préoccupé par les tentations extrasportives qui s'offrent à lui dans le village que par sa course... - Critique : Tout commence par un baiser surprise et catastrophique : le jeune Paul, petit génie du tir, aurait pu participer aux JO. précédents si sa coach, un peu trop enthousiaste à la fin des qualifications, ne l’avait embrassé à pleine bouche, lui refilant une mononucléose ! Mais cette fois, ça y est, nous sommes quatre ans plus tard, aux JO de… Paris et Paul va enfin pouvoir devenir champion olympique. Il a intérêt, d’ailleurs, car, après dix jours de compétition, il reste le dernier espoir d’une délégation française qui n’a réussi à monter sur aucun podium. Pour Paul, gagner n’est pas un problème. Perdre sa virginité nettement plus, et il faudra que cet athlète complètement immature et pas très futé compose avec un coloc de chambre un peu trop détendu et un village olympique à l’ambiance de maternelle. Ce n’est rien de dire que cette comédie délicieusement potache tombe à pic, alors même que la flamme olympique arrive dans l’Hexagone. Pour son premier long métrage, Jérémie Sein se situe dans le même esprit que sa réjouissante série Parlement, avec le sport à la place de la politique comme sujet débarrassé de sa gravité, et avec la lose aussi révélatrice que la réussite. Voilà donc les JO, cette entreprise gigantesque, porteuse de tant d’espoirs, envisagée comme un microcosme puéril pour mieux, finalement, faire apercevoir, en douce, les vrais enjeux de la compétition. Ou comment des hommes et des femmes censés rapporter des médailles ont aussi des problèmes de, en vrac, couchage, préservatifs, nourriture, ou encore des revendications sociales quand ils viennent d’un « dom-tom » méprisé par la République… Benjamin Voisin, un impayable personnage de puceau Très stylisée, un peu intemporelle, avec ses couleurs primaires et ses décors en plastique, cette fable anxieuse sur un monde qui ne respecte que les meilleurs semble trouver son inspiration farceuse du côté de Ricky Bobby : roi du circuit, la comédie d’Adam McKay, mais aussi dans les boîtes de Playmobil ! Le casting, particulièrement cohérent, semble également animé par l’esprit d’équipe. À fond dans l’humour premier degré, entre candeur et inquiétude : totalement méconnaissable, Benjamin Voisin, coupe au bol plaquée en arrière, lunettes et barbiche rousse improbable, compose un impayable personnage de puceau effrayé par la sexualité et la vie en général. Un champion du passage difficile à l’âge adulte. À l’inverse, Emmanuelle Bercot, décidément l’une de nos meilleures actrices dans des rôles toujours divers, s’amuse comme une folle en entraîneuse à la coule, atteinte de jeunisme et mastiquant sans relâche son chewing-gum. On pense aux sketchs sportifs des Inconnus – « Cela ne nous regarde pas ! » –, devant certaines situations croquignolettes et autres trouvailles hilarantes – Aure Atika en « ministre des Sports, du Numérique, de l’Égalité des genres, et des Collectivités territoriales ». Et on adhère à cet Esprit dont la morale, finalement très politique, pourrait être : les sportifs ne sont pas intéressants seulement quand ils gagnent…

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 13h13 : L'esprit Coubertin

De 14h29 à 16h07 Comme un fils

Rediffusion Film : drame 1h38 -10

Professeur d'histoire en région parisienne, Jacques Romand a choisi de quitter temporairement ses fonctions après une altercation avec un lycéen agressif. Témoin d'un vol alors qu'il fait ses courses dans une petite épicerie, l'homme intervient et permet l'arrestation d'un des auteurs du méfait, Victor, un Rom âgé de 14 ans. Etant mineur, ce dernier ne peut être incarcéré. Jacques recroise bientôt l'adolescent et comprend rapidement que Victor, sous la pression des membres de son clan, est contraint de voler pour survivre. Emu par son triste sort, Jacques décide de tout mettre en oeuvre pour lui offrir une vie meilleure... - Critique : Le héros du nouveau film de Nicolas Boukhrief est un personnage tel que les affectionne Vincent Lindon : un homme investi (et très compétent) dans son métier, confronté à la violence d’une société de plus en plus dure avec les faibles. Après avoir interprété un chômeur de longue durée reconverti en agent de sécurité dans La Loi du marché, un leader syndical en grève dans En guerre, puis un haut cadre dirigeant contraint d’appliquer un plan social inique dans Un autre monde – trois longs métrages signés par son complice Stéphane Brizé –, le comédien engagé incarne ici un enseignant solitaire en rupture de l’Éducation nationale. Témoin d’une agression dans la supérette de son quartier, Jacques permet l’arrestation d’un des voleurs. Victor est Rom, a 14 ans, n’est jamais allé à l’école depuis son arrivée en France et multiplie les petits délits sous la pression de son oncle, qui le bat s’il ne ramène pas de l’argent. Ému par son sort, Jacques va devenir le professeur particulier de l’adolescent… Lindon puissant et subtil Comme un fils donne à voir la fascination d’un réalisateur pour son acteur vedette. Boukhrief a même renoncé au style plutôt « carré » de ses polars (Made in France, Trois Jours et une vie) pour une mise en scène à la manière des frères Dardenne, davantage ouverte à l’imprévu et, donc, plus adaptée au jeu instinctif de Lindon. Lequel le lui rend bien avec une composition à la fois puissante et subtile, basée sur la précision des gestes du quotidien, tout en maintenant une certaine opacité psychologique. Le film perd d’ailleurs de son intérêt quand il délaisse la relation ambivalente et touchante entre le maître et son élève rétif (le débutant Stefan Virgil Stoica, aussi convaincant que son illustre partenaire) pour chroniquer, d’une manière documentaire plus convenue, le quotidien d’une association familiale qui vient en aide aux primo-arrivants

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 14h29 : Comme un fils

De 16h07 à 17h46 Dark Market

Rediffusion Film : thriller 1h39 -16

La jeune Soo-hyeon achète une machine à laver d'occasion par le biais d'un site de vente en ligne. Malheureusement, à la réception, elle constate que le lave-linge ne fonctionne pas. Furieuse, elle laisse un commentaire négatif sur le vendeur, qu'elle qualifie d'escroc, et fait un signalement à la police. Ce qu'elle ignore, c'est que l'homme derrière la petite annonce est un tueur en série qui utilise le site pour trouver ses futures proies. Victime d'une série de mauvaises plaisanteries de plus en plus inquiétantes, Soo-hyeon décide de rendre visite au mystérieux vendeur pour qu'il y mette un terme...

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 16h07 : Dark Market

De 17h46 à 19h07 Comme un lundi

Rediffusion Film : comédie 1h21 Tout public

Un jour comme un autre, Takuto et Ken, employés d'une agence de publicité, font face à une étrange impression de déjà-vu au bureau et réalisent que certaines scènes semblent se répéter continuellement. Après avoir analysé la situation, le duo en arrive à la conclusion que l'ensemble de l'entreprise est prise au piège dans une boucle temporelle. Inquiets, ils finissent par révéler leur secret à Akemi, une collègue, qui saisit rapidement que Takuto et Ken disent vrai. Dès lors, un seul mot d'ordre : trouver la cause de ce dérèglement et enfin parvenir à se libérer de ce cauchemar sans fin. Leurs premiers soupçons se portent sur leur patron... - Critique : Une petite agence de publicité, où toute l’équipe et le patron travaillent dans le même open space. Un jour, deux employés sont convaincus, à raison, que l’ensemble du bureau est enfermé dans une boucle temporelle : chaque lundi, tout se répète exactement de la même manière que la semaine précédente… On aura reconnu le principe fondateur d’Un jour sans fin (Harold Ramis), film cité, d’ailleurs, dans un dialogue, mais aussi certaines situations de la série The Office. Las, Comme un lundi est très en deçà de ses modèles. Hors de quelques éléments éclairant la culture de l’entreprise nippone, cette satire convenue de l’aliénation au travail, qui vante une forme d’épanouissement individuel pour mieux servir le collectif, s’avère pauvre en gags et monotone. Comme si le film était piégé par son dispositif même.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 17h46 : Comme un lundi

De 19h07 à 20h23 Fin des programmes

Fin 1h16 Tout public

Nos programmes se terminent pour cette journée, en attendant ceux de demain.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 19h07 : Fin des programmes

De 20h23 à 21h24 + de courts : Sélection Césars

Rediffusion Magazine du cinéma 1h1 -10

Magazine bimensuel consacré au cinéma court, les deuxième et quatrième dimanches de chaque mois. Une émission de 52 minutes qui aime le court métrage et qui en veut toujours plus. "+ de courts" accompagne par la parole la diffusion de 2 à 3 courts-métrages qui font l'actualité. Chaque émission propose des recommandations éclectiques aux spectateurs.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 20h23 : + de courts

De 21h24 à 22h59 Le bonheur est pour demain

Rediffusion Film : drame 1h35 -10

Engagée dans une relation monotone avec un conjoint tyrannique, Sophie subit son morne quotidien. La vie de la mère de famille bascule quand elle croise la route de Claude, un séduisant et mystérieux quadragénaire. Sous le charme, elle ne tarde pas à découvrir que ce dernier est en réalité un braqueur de banque. Peu après le début de leur idylle, Claude est arrêté à la suite d'un hold-up qui a très mal tourné et durant lequel un homme a perdu la vie. Il est incarcéré après avoir été condamné à une lourde peine. Bouleversée, Sophie refuse pourtant de renoncer à cet amour impossible, soutenue par la mère de son amant... - Critique : On se souvient de la mère fantasque et fleur bleue qu’avait imaginée Louis Garrel pour le jeune homme qu’il jouait dans son film, L’Innocent (2022) : une femme qui donnait des cours de théâtre en prison, comme l’avait fait la vraie maman de l’acteur, Brigitte Sy. C’est elle, cette fois, qui vient nous parler d’amour en milieu carcéral. Le ton n’est plus à la comédie, la réalisatrice fait vibrer des émois avec lesquels on ne badine pas : la fatale attraction qui naît, dans un bar, entre Sophie (Laetitia Casta) et Claude (Damien Bonnard). Il n’a pas de métier, il « bricole », et elle n’est que « la femme à José », un autre petit voyou. Mais sur l’écran, Sophie et Claude sont beaux comme Marlene Dietrich et Jean Gabin. Leurs regards les aimantent, leurs sourires débordent de désir. Et que lui se retrouve, un sale matin, derrière les barreaux n’y changera rien. Un peu d’éternité passe dans ce film, qui commence dans les années 1990 et traverse le long temps de la séparation en préservant une vision presque à l’ancienne de la pègre et de la relation romantique, montrée dans sa noblesse d’âme. À travers Sophie, qui parle de Claude comme d’un « mec du XIXᵉ siècle », et à travers la mère de celui-ci, beau personnage d’ex-toxicomane joué par Béatrice Dalle, Brigitte Sy s’intéresse à des sentiments intemporels. Elle raconte l’amour des femmes, en dit la force admirable et parfois dangereuse, tant la générosité du cœur peut aller de pair avec une forme d’aveuglement… Par-delà des péripéties de film de gangsters un peu trop simplifiées, Le bonheur est pour demain interroge avec beaucoup de vérité les paradoxes du manque affectif, moteur et obstacle dans la passion vécue au parloir, puisque la prison, à la fois, attise l’envie d’être ensemble et en prolonge l’impossibilité. Un regard féminin engagé et subtil, porté par des interprètes enthousiasmants.

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 21h24 : Le bonheur est pour demain

De 22h59 à 01h08 Winter Break

Rediffusion Film : comédie dramatique 2h9 Tout public

Nouvelle-Angleterre, en 1970. Professeur d'histoire ancienne au prestigieux lycée Barton, un établissement privé réservé aux garçons, Paul Hunham apprend avec désarroi qu'il a été désigné par la direction pour surveiller les quelques élèves qui resteront dans le lycée pendant les fêtes de fin d'année. Peu sociable et aigri, l'homme accepte difficilement son sort, d'autant plus qu'un seul et unique élève passera finalement Noël sur place : le peu commode Angus, réputé pour son insubordination. Inévitablement, la cohabitation forcée commence par quelques menues frictions. Mais les vacances finissent vite par prendre une tournure inattendue... - Critique : Monsieur Hunham est le type de professeur qu’aucun élève ne rêverait d’avoir. Sadique, pédant, à la fois bourru et d’une ironie cuisante, il sifflote La Chevauchée des Walkyries en rendant les copies estampillées de notes presque nulles. Ce triste sire qui enseigne l’histoire antique dans un internat prestigieux n’est aimé par personne, pas même de ses collègues qui l’ont surnommé « Neunœil », en référence à son strabisme disgracieux lui faisant une tête de poisson. Monsieur Hunham (Paul Giamatti, inénarrable) collectionne les défauts, mais il faut lui reconnaître au moins une qualité : opposé aux privilèges dus à l’argent, il est resté intègre. Trop, sans doute, aux yeux de son directeur, qui lui reproche d’avoir mal noté le fils d’un sénateur, lequel était fort contrarié — sous-entendu du grief : le budget de l’établissement privé risque d’en pâtir. Puni de son zèle, voilà monsieur Hunham contraint d’assurer la permanence du campus de Barton durant les vacances de Noël. Pour encadrer les quatre élèves malchanceux qui n’ont nulle part où aller. Ce campus d’excellence de la Nouvelle-Angleterre, cette époque de l’hiver 1970 et ces personnages font irrésistiblement penser au cinéma du Nouvel Hollywood, de Hal Ashby à Mike Nichols. Au générique, le réalisateur Alexander Payne s’amuse d’ailleurs à faire comme si c’était un vieux film, à travers une bande-son grésillante, une image rayée et un graphisme rétro. Bref hommage, sous forme ludique, rien de plus. Car le film ne capitalise pas sur la nostalgie facile de l’époque et sa ribambelle de fétiches, malgré une BO sophistiquée (Labi Siffre, Cat Stevens, Shocking Blue). Pour une raison simple : le professeur Paul Hunham, engoncé dans ses vieux habits classiques, n’est pas vraiment de son temps. Les élèves de Barton guère plus d’ailleurs : fils de très bonne famille arborant le look bon chic, bon genre intemporel, ils se doivent de tous rentrer dans le même moule conformiste. L’un d’eux, pourtant, sort du lot. Angus est moins « béotien » (le sarcasme favori de monsieur Hunham) que les autres. Mais cet élève intelligent est vulnérable et fort turbulent. Or c’est lui qui est finalement le seul à rester pour Noël, les trois autres bénéficiant entre-temps d’un départ insolent en hélicoptère pour des vacances de luxe. Voici donc le professeur vachard et l’élève récalcitrant condamnés à cohabiter. À ces deux relégués, il faut ajouter la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils dans la guerre du Vietnam, après avoir enterré, des années auparavant, son mari. Plus d’une aurait sombré, elle, elle tient bon — le whisky l’aide sans doute un peu. À chacun ses béquilles. Ces trois-là sont des anti-héros peu gâtés par la vie. De ceux, maudits ou ratés, pathétiques mais rendus drôles, qu’affectionne Alexander Payne. Souvenons-nous du sexagénaire dépressif (Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt), des deux amis quadras oubliant leur déconfiture dans du bon vin (Sideways) ou de l’avocat ridicule en chemise hawaïenne dépassé par les événements (Georges Clooney dans The Descendants). Dans Winter Break, les brebis galeuses forment un trio improbable, elles n’ont rien en commun a priori — pas la même couleur de peau, pas le même âge, pas la même histoire. De là l’intérêt majeur du scénario (signé David Hemingson), qui fait en sorte de les rapprocher en révélant une qualité commune : une forme d’empathie, plus ou moins enfouie, sour leur carapace endurcie. Des dialogues savoureux Il est probable que Paul Hunham lui-même ne pensait plus l’avoir en lui, cette empathie, puisque son rigorisme confine à la misanthropie. L’habileté d’Alexander Payne est de nous rendre peu à peu attachant ce personnage rebutant — jusque dans l’odeur de poisson qu’il dégage, en raison d’une pathologie rare. À la faveur d’un passage cocasse à l’hôpital, des fêtes de Noël et d’un court séjour à Boston, des échanges de plus en plus intimes s’établissent entre lui et Angus, pauvre garçon délaissé. Crève-cœur, le film pourrait l’être, s’il ne tenait pas à distance le pathos et la mièvrerie, gardant son cap sur le tragi-comique de l’existence. L’humour, salvateur, est indémêlable ici d’une forme de tendresse, pudique et douce-amère. Difficile de résister aux dialogues pleins d’esprit, aux allusions à Marc Aurèle ou à Cicéron, aux insultes baroques (« Vous avez toujours été un cancer du pénis sous forme humaine ») et à l’émotion qui nous saisit, par surprise. Cette comédie très humaine a ceci d’étonnant qu’elle conduit finalement à un joli paradoxe : c’est en poussant jusqu’au bout la logique stoïcienne de son sens du devoir que monsieur Hunham rompt, non sans panache, avec son ascétisme. Moralité : il n’y a vraiment pas d’âge pour faire sa révolution. PAUL GIAMATTI, BRILLANT OUTSIDERUn acteur familier et aimé, au nom mal connu. Depuis une trentaine d’années, moustachu joufflu ou barbichu, Paul Giamatti s’est surtout distingué dans des seconds rôles, truculents ou sérieux. Il lui est arrivé d’être au premier plan. Dans American Splendor (2003), il compose un formidable Harvey Pekar, ce pauvre type cradingue devenu scénariste cinglant de BD. Alexander Payne avait déjà fait appel à lui il y a vingt ans, pour Sideways, où il était irrésistible en prof tourmenté par son divorce et ses velléités d’écriture. Diplômé de Yale dans la vraie vie, comédien talentueux capable de tout jouer, Paul Giamatti possède cette qualité rare : l’absence de narcissisme. Son physique n’obéit pas aux canons de la beauté, et il en rajoute volontiers, prenant un malin plaisir à s’enlaidir. Voir ce grand moment, dans Winter Break, où, fou de rage, il désigne à son ennemi celui de ses deux yeux, aux directions divergentes, qu’il faut regarder. Et sinon, gare à lui !

Sur Canal+ Cinéma DROM dès 22h59 : Winter Break